Après des études classiques au collège Sainte-Marie, Louis-Philippe Brizard fit partie des premières cohortes d’étudiants en relations industrielles, obtenant une maîtrise en 1948. À la suite d’un bref séjour à l’Université Columbia et d’une expérience de travail comme directeur du personnel à l’hôtel Mont-Royal, il devint en 1952 le premier professeur laïque de carrière au Département, dont il assuma aussi la direction jusqu’en 1957.

Il n’y avait encore qu’une vingtaine de professeurs de carrière à la Faculté des sciences sociales lorsque j’y fus nommé professeur adjoint en 1959. Ces valeureux artisans s’efforçaient, sous la direction du doyen Philippe Garigue, de donner des titres de noblesse à cette jeune faculté. M. Brizard était responsable de la propédeutique, un programme mis sur pied dans le but de faciliter l’intégration des étudiants qui n’avaient pas terminé leurs études classiques. Il enseignait de plus l’administration du personnel.

En 1960, le Département fut transformé en centre de relations industrielles. Confiné aux études de deuxième cycle, le Centre devait offrir une formation complémentaire à des étudiants titulaires d’un diplôme de premier cycle dans une des disciplines de base des sciences sociales. Cette formule s’avéra un désastre. C’est pourquoi, après ma nomination comme directeur en 1965, le conseil de la Faculté accepta à ma demande de recréer l’ancienne structure départementale. Nous fûmes quelques années plus tard autorisés, après de longs et laborieux débats, à élaborer un programme de baccalauréat spécialisé. Ce programme prévoyait un stage de formation pratique. Pour nous, le candidat idéal pour le mettre sur pied puis en assumer la direction était Louis-Philippe Brizard. Il a accepté de quitter les fonctions administratives qu’il occupait à la direction de la Faculté pour venir s’occuper des stages en plus de prendre en main l’enseignement de l’administration du personnel aux divers échelons, ce qu’il a fait jusqu’à sa retraite.

L’Université l’a titularisé en 1968, reconnaissant ainsi sa contribution exceptionnelle au développement et à la vie d’un jeune département et d’une faculté en devenir.

Louis-Philippe s’est toujours acquitté avec compétence et dévouement de toutes les tâches qui lui ont été confiées. C’était un collaborateur fiable et dévoué, un universitaire ouvert aux idées nouvelles et à la recherche de l’excellence, un exemple pour ses collègues et un maître pour ses étudiants, dont il s’occupait avec rigueur et professionnalisme. Il a mérité qu’on s’en souvienne. Avec son décès, le 12 avril dernier, disparaît l’un des derniers pionniers de la Faculté des sciences sociales.

Louis-Marie Tremblay

Professeur émérite