|
Les étudiants en provenance du Canada anglais seraient environ 1200 actuellement aux trois cycles. Isabelle Daoust est responsable d’un programme visant à faciliter leur intégration. |
Mieux accueillir, mieux encadrer et mieux soutenir les étudiants anglophones en provenance du Canada anglais, c’est l’objectif que s’est fixé le nouveau programme de soutien destiné aux étudiants anglophones. «La création de ce programme s’appuie sur un constat: les étudiants canadiens non résidants du Québec sont dans un vide administratif. Il fallait donc faire quelque chose pour leur simplifier la vie», affirme la responsable, Isabelle Daoust, en poste depuis le début du mois de juin.
En dépit de leurs besoins particuliers, les quelque 1200 étudiants venus du Canada anglais ne sont pas pris en charge par le Bureau des étudiants internationaux, qui existe depuis plusieurs années. D’ailleurs, ils ne se considèrent pas comme des étudiants étrangers. Leur formation préuniversitaire et leur culture d’origine sont pourtant relativement différentes de la clientèle majoritaire du premier cycle, issue des cégeps de la province.
«Nous avons travaillé en concertation avec le Bureau des étudiants internationaux et la Direction des relations internationales afin de ne pas empiéter sur leurs compétences respectives, affirme Maryse Rinfret-Raynor, vice-rectrice à l’enseignement de premier cycle et à la formation continue. Nous en sommes venus à la conclusion que les services aux étudiants anglophones en provenance du Canada anglais pouvaient être plus adéquats.»
Il ne s’agit pas d’une bilinguisation de l’Université, précise-t-elle, car ces étudiants s’engagent à étudier en français. Si certains aménagements sont possibles pour leur simplifier la vie durant leur scolarité de baccalauréat par exemple, ils doivent cependant réussir un test de français s’ils veulent obtenir leur diplôme. Des exercices sur mesure pour les étudiants dont la langue maternelle n’est pas le français ont d’ailleurs été élaborés en collaboration avec le Centre de communication écrite.
"Focus groups"
La vice-rectrice Rinfret-Raynor, qui a coordonné le projet, affirme ne pas avoir reçu de plaintes d’étudiants mal servis ou mal accueillis à l’UdeM. Ce sont plutôt des consultations en groupe («focus groups»), à l’hiver 2002, qui ont mis en lumière certaines carences: les nouveaux sont laissés à eux-mêmes alors qu’ils ont besoin d’aide pour des questions d’ordre pratique (localisation des salles de classe par exemple) et linguistique.
Plusieurs établissements canadiens (Alberta, Trent, Ryerson, Western Ontario) organisent des semaines d’orientation pour les nouveaux étudiants. Et l’Université McGill a son «First Year Office», qui a pour mandat de soutenir les étudiants de première année. Rien de tel ici n’existait avant l’initiative du vice-rectorat.
Le nouveau programme ne se réduira pas qu’à une centrale téléphonique. Il sera le point de départ de diverses initiatives visant à favoriser les ententes administratives avec les universités canadiennes-anglaises, le parrainage, les activités culturelles, etc.
Totalement biculturelle, Isabelle Daoust a fait une maîtrise en études françaises sur André Gide à l’UdeM et obtenu un doctorat sur Honoré de Balzac à l’Université McGill. Avant d’accepter la responsabilité de ce programme, elle a passé quatre ans à l’Université Lethbridge, en Alberta, où elle a enseigné la littérature française. Ses étudiants ont survécu à La vie mode d’emploi, de Georges Perec, et à La jalousie, d’Alain Robbe-Grillet.
Les Canadiens anglais qu’elle a côtoyés dans l’ouest du pays sont des gens «très ouverts» pour qui le fait français est très important, dit-elle. Elle a pu le constater dans des dissertations où plusieurs affirmaient avec lyrisme leur attachement au Québec dans la fédération canadienne.
Mathieu-Robert Sauvé