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En couverture du catalogue: détail de Triptyque (1960), de Jacques de Tonancour |
Après le succès remporté l'an dernier par l'exposition qui a réuni les plus prestigieuses oeuvres d'art de l'Université, le Centre d'exposition récidive cette année en nous permettant d'admirer une autre partie de la collection permanente de l'UdeM.
Rassemblées sous le titre Du nouveau du côté de la collection d'oeuvres d'art, la cinquantaine d'oeuvres exposées provient des quelque 60 nouvelles acquisitions faites par l'Université au cours de la dernière année. On doit la plus grande partie de ces acquisitions récentes à une initiative sans précédent prise par Marie-Agnès Parent, diplômée en études françaises.
Se définissant comme une passionnée d'art qui connait très bien le milieu, Mme Parent avait trouvé plutôt déplorable, en visitant l'exposition de l'an passé tenue à l'occasion du 125e anniversaire, que l'UdeM ne possède pas de catalogue de sa collection. «Je me suis alors engagée auprès du Centre d'exposition à fournir le financement nécessaire à la production de ce catalogue, déclare-t-elle. J'ai aussi promis de solliciter de nouveaux dons auprès des artistes pour que la collection soit plus représentative de l'ensemble de la production québécoise.»
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Élégie pour les victimes (1991), de Michèle Drouin, à la mémoire des victimes de l'École Polytechnique |
Les artistes ou leurs légataires ont répondu «avec beaucoup de générosité» à l'invitation de Mme Parent. Au total, pas moins de 33 oeuvres signées par 26 artistes peintres, photographes et sculpteurs ont ainsi été léguées à l'Université. Parmi eux, on remarque les Pellan, Riopelle, Guido Molinari et Claude Tousignant, mais également des artistes en voie de faire leur marque comme Anne Bertoin.
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Marie-Agnès Parent |
Il n'y avait par ailleurs aucun plasticien dans la collection de l'établissement. La lacune est maintenant corrigée avec l'ajout d'au moins six oeuvres de ces adeptes des formes pures.
L'exposition présente également diverses oeuvres acquises d'autres sources, notamment celles provenant du don d'une vingtaine de gravures québécoises rassemblées et léguées par André Bachand. Ex-directeur du Fonds de développement et initiateur, dans les années 60, du premier comité d'acquisition d'oeuvres d'art à l'Université, M. Bachand était devenu propriétaire de ces oeuvres par l'intermédiaire de l'association Les amis de la gravure, qu'il avait fondée en 1971.
Soulignons aussi, parmi les autres dons, une oeuvre de Peter Krausz, professeur au Département d'histoire de l'art et d'études cinématographiques, qui a peint des paysages chargés de signification historique sur le fonds d'une étagère.
Un catalogue unique
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Andrée Lemieux |
Toutes ces oeuvres, et plusieurs autres, figurent dans le catalogue consacré à la collection permanente et qui a pu être réalisé grâce à la contribution de Mme Parent. Intitulé Regards sur l'art québécois: la collection d'oeuvres d'art de l'Université de Montréal, l'ouvrage de 128 pages rassemble 101 oeuvres reproduites en couleurs. En couverture, un détail de la peinture de Jacques de Tonancour, Triptyque, qui est installée à demeure à l'entrée du pavillon Lionel-Groulx.
Le volume produit par les PUM trace en avant-propos toute l'histoire des acquisitions à l'Université, depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui. Une perspective historique signée Andrée Lemieux, directrice du Centre d'exposition, à partir d'une recherche documentaire d'Irène Cloutier.
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Landscape and Memory : Seasons, nos 3-4 (1996), du professeur Peter Krausz |
Deux spécialistes de l'histoire de l'art québécois présentent par ailleurs leur vision des collections d'art en tant qu'outils pédagogiques universitaires. En compagnie de Laurier Lacroix, actuellement professeur à l'UQAM et qui a été membre du comité d'acquisition de l'UdeM de 1992 à 2001, on découvre les principaux artistes figurant dans la collection et le contexte social dans lequel ils ont créé leurs oeuvres. François-Marc Gagnon, qui a fait carrière au Département d'histoire de l'art et d'études cinématographiques, explique l'importance de pouvoir offrir aux étudiants et aux chercheurs la chance de travailler sur des pièces authentiques plutôt que sur des reproductions. La reproductibilité technique, souligne-t-il, ne parvient pas à rendre l'«aura» de l'oeuvre ni l'émotion que suscite la pièce originale.
L'exposition se tient jusqu'au 3 octobre et l'ouvrage consacré à la collection est en vente au prix de 40 $.
Daniel Baril