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Denise Beaulieu s'occupe des gens du quartier depuis 25 ans. Elle dirige aujourd'hui le Centre communautaire de loisir de la Côte-des-Neiges. |
Les 3000 personnes qui fréquentent annuellement le Centre communautaire de loisir de la Côte-des-Neiges viennent de loin: France, Maroc, Chine, Roumanie, Algérie. En fait, 118 pays sont représentés parmi la clientèle de ce centre qui offre de multiples activités sportives et culturelles à la population. «La diversité culturelle, c'est une caractéristique majeure de notre quartier et de notre centre», fait observer sa directrice générale, Denise Beaulieu.
Mais à cette diversité culturelle se rattachent des problèmes liés à l'intégration. «Le chômage et la pauvreté font des ravages ici», mentionne Mme Beaulieu, qui y travaille depuis 25 ans.
Toutefois, au Centre communautaire, il semble y avoir davantage de solutions que de problèmes. Quand on a constaté que les usagers éprouvaient des difficultés avec la langue française (langue maternelle d'à peine 35 % de la population), on a mis sur pied des ateliers de conversation française, qui obtiennent un franc succès. L'an dernier, 82 bénévoles ont animé 30 ateliers auxquels ont participé 274 personnes. Les conversations ont porté sur des thèmes comme les systèmes politiques et sociaux, les expressions québécoises, l'Halloween, la culture et les arts, les voyages...
Du hip-hop au yoga
Juxtaposé à l'école Notre-Dame-des-Neiges, en face de la station de métro Côte-des-Neiges, le Centre a été rénové il y a quelques années. Lorsqu'on y pénètre, on est frappé par la propreté des installations et par l'aménagement de l'espace: gymnase, salles de travail, salle de danse, atelier de peinture.
En faisant visiter l'immeuble à Forum, Mme Beaulieu explique que les usagers le fréquentent plusieurs fois par année; ce sont plus de 50 000 entrées que l'équipe enregistre. Des gens de tous les âges s'y présentent. Ce qu'ils viennent chercher au Centre communautaire? Des activités sportives et culturelles mais aussi de l'aide.
Les jeunes, par exemple, organisent des fêtes de break dance, hip-hop et rap. Une centaine de jeunes bénévoles s'y consacrent. Un comité favorise les échanges culturels avec la France et un autre travaille à la prévention de la criminalité.
En collaboration avec l'école voisine, plus de 140 bénévoles assurent une aide aux devoirs auprès des écoliers qui en sentent le besoin. «Plusieurs étudiants de l'Université de Montréal nous donnent un coup de main», signale Mme Beaulieu.
Le Centre organise également des activités pour les mères de famille, des sorties familiales en plus d'offrir toute une gamme de cours: autodéfense, conditionnement physique, badminton, volleyball, danse, yoga, etc. L'an dernier, plus de 1200 personnes ont pris part à ses activités socioculturelles et sportives.
Un financement précieux
Le Centre communautaire de loisir de la Côte-des-Neiges reçoit 185 000 $ chaque année de Centraide. Cette somme représente à peine le cinquième du budget total de l'organisme, mais «c'est un financement crucial», estime la directrice.
Le programme Répit, qui permet aux parents de laisser leurs enfants sous bonne garde pendant une période de 24 heures, ne pourrait exister sans la contribution de Centraide. «Nous avons mis ce programme sur pied après avoir constaté que des parents étaient parfois au bout du rouleau. Leur donner un répit d'une seule journée peut faire une différence importante dans leur vie.»
Pour Céline Pilon, directrice de la campagne Centraide sur le campus, le travail de Mme Beaulieu et de son équipe, qui compte 11 permanents et une centaine de contractuels, est essentiel dans un monde comme le nôtre. «Nous ne réalisons pas toujours à quel point nous sommes privilégiés comme membres du personnel d'une université. Centraide nous donne l'occasion de rendre un peu de ce qu'on a reçu.»
Par ses fonctions, Mme Pilon a eu l'occasion de constater la vitalité des organismes communautaires. «Je me souviens d'avoir été particulièrement touchée par une femme qui avait appris à lire grâce à un organisme financé par Centraide. Elle était venue nous expliquer comment cela avait changé sa vie», relate Mme Pilon.
Il est certes noble de mettre quelques pièces dans le chapeau d'un mendiant, mais donner à Centraide, c'est s'assurer que le don aidera à aider les gens, insiste-t-elle.
Cette année, l'objectif de la campagne sur le campus est de 305 000 $. Un montant supérieur de 25 000 $ à celui de l'an dernier. «C'est un objectif ambitieux, mais que nous comptons atteindre grâce notamment à des dons majeurs de 1000 $ par année», précise Mme Pilon.
Mathieu-Robert Sauvé