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Louise Béliveau |
Après 12 semaines d'un traitement inédit auprès de personnes atteintes de diabète de type 2 ou susceptibles de souffrir de cette maladie, 29 sujets de recherche ont connu une amélioration marquée de leur état de santé: diminution du taux de tissus adipeux, baisse de la pression artérielle, amélioration de la santé mentale, accroissement de la vitalité.
Quel est donc ce traitement révolutionnaire? Un programme d'activités physiques variées et structurées mis au point par des chercheurs de l'Université et baptisé Diabetaction.
«Nous avons effectué une évaluation individuelle de ces 29 personnes et constaté que toutes avaient connu une amélioration de leur état de santé, relate Marie-Ève Mathieu, qui consacre sa thèse de doctorat à cette approche prometteuse au Département de kinésiologie. Et la plupart avaient poursuivi leur programme d'exercices trois mois après la fin du volet en groupe.» Ces résultats, présentés au congrès de l'American College of Sports Medicine en mai dernier, ont suscité beaucoup d'intérêt dans la communauté scientifique.
Il n'y a rien de miraculeux dans Diabetaction, sauf peut-être la somme de 10 années d'expérience auprès de gens affligés de problèmes de santé liés à la sédentarité. C'est le domaine de Louise Béliveau, qui se consacre à l'activité physique chez les populations aux «besoins particuliers». Elle a travaillé par exemple avec les cardiaques et les femmes enceintes. «On dit toujours aux personnes diabétiques qu'elles doivent faire plus d'exercice. Mais on ne savait pas comment les y inciter», explique Mme Béliveau, qui a dirigé le projet.
Le programme Diabetaction, financé par Santé Canada, se présente sous la forme d'une «trousse» que les intervenants en activité physique et en santé peuvent se procurer au coût de 85 $. Muni de feuilles plastifiées, d'un cédérom et d'une brochure destinée à l'intervenant, le porte-documents réutilisable offre un plan d'entraînement en 10 étapes, à raison d'une séance par semaine, et prévoit deux évaluations de la condition physique. L'intérêt de cette trousse portative est qu'elle peut être utilisée autant par une équipe multidisciplinaire d'un hôpital de réadaptation à Montréal que par une infirmière dans un CLSC de Gaspésie. Elle est abondamment illustrée et rédigée dans une langue facile d'accès.
Le secret est dans la variété
L'une des forces de ce programme est sa variété: les participants ne font pas que marcher en rond dans un gymnase. Badminton, vélo, ringuette, jeux de ballon, entraînement aquatique et exercices de musculation au son d'une musique rythmée font partie du programme. «Nous accompagnons même les participants dans la salle de musculation, un endroit où plusieurs n'oseraient jamais entrer seuls», révèle Marie-Ève Mathieu.
Nombre d'entre eux ont admis que, après cette introduction, ils avaient vaincu leur gène et n'attendraient pas d'avoir un corps d'Apollon pour remettre les pieds dans cette salle. C'est très intimidant pour ces hommes et ces femmes d'y pénétrer pour la première fois.
Les clientèles immigrantes ont particulièrement bien répondu au programme d'exercices mis au point par les spécialistes. Certaines femmes originaires du sous-continent indien, par exemple, qui considéraient leurs loisirs comme du temps volé à la famille, ont changé en quelques semaines leur perception à l'égard de l'activité physique. Celle-ci est devenue pour elles un moyen d'être en meilleure forme pour exécuter leurs tâches.
Un problème insidieux
Septième cause de décès au Canada, le diabète de type 2 (différent de la première forme, une maladie auto-immunitaire qui affecte les enfants) touche environ cinq pour cent de la population canadienne. Cette maladie est reliée à la sédentarité et au surplus de poids. Souvent asymptomatique, elle peut donner des signes de sa présence: infections de la peau, engourdissements des membres, vision trouble, soif accrue, fréquente envie d'uriner, etc.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, elle pourrait affecter 300 millions de personnes en 2025. Les coûts directs engendrés par le diabète drainent jusqu'à 15 % des budgets des systèmes de santé. Mais ce chiffre n'inclut pas les pertes liées à la diminution de productivité au travail: absentéisme, fatigue et morbidité.
Mathieu-Robert Sauvé