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Nuran Kandiroglu |
«Le plus difficile, raconte-t-il avec un sourire, ce n'est pas de lire les manuels ni de répondre aux questions d'examens : c'est de comprendre les accents des professeurs.» Pas que les professeurs s'expriment mal. Mais du français de France de l'un au français régional de l'autre, il lui arrive d'en perdre des bouts, même si, tranquillement, il se fait l'oreille. Pour Nuran Kandiroglu, étudiant en pharmacie à l'UdeM, le français est une troisième langue, après l'anglais et l'arménien, sa langue maternelle.
Né à Toronto, élevé dans la Ville Reine, en Nouvelle-Écosse puis à Westmount, Nuran a fait toutes ses études primaires et secondaires en anglais. Il est allé dans un cégep anglophone et a fait une année de microbiologie à l'Université McGill. Mais depuis septembre, c'est en français qu'il étudie. Les études en pharmacie sont fortement contingentées et, dans la mesure où l'UdeM lui offrait la chance d'étudier dans ce domaine où il veut faire carrière, il était prêt à relever le défi.
«Ma mère et ma soeur me trouvent très courageux», annonce le jeune homme en riant. Malgré son accent prononcé (mais tellement charmant) et le vocabulaire qui lui manque parfois, il faut dire que Nuran se débrouille plutôt bien en français. En plus, les termes scientifiques ne diffèrent pas tellement d'une langue à l'autre et les molécules ont la même composition. «Ce serait différent si j'étudiais en littérature», fait-il observer.
Nuran apprécie beaucoup le travail d'Isabelle Daoust, la responsable du programme de soutien aux étudiants anglophones que l'UdeM a mis sur pied en juin dernier. «Elle est très sympathique, dit-il. C'est elle qui m'a expliqué tout ce que j'avais besoin de savoir pour me débrouiller sur le campus.» Après notre entrevue, il se rendait au café La brunante à une rencontre qu'elle avait organisée avec d'autres étudiants anglophones, question de prendre une bière et de discuter des réalités auxquelles ils font face en tant que non-francophones.
«Je n'ai jamais senti de rejet parce que je suis anglophone, affirme Nuran. Mais il est évident qu'on a plus de difficulté à s'intégrer à la vie universitaire quand on parle une autre langue.»
Pour améliorer son français, Nuran a l'intention de participer aux ateliers que le programme a conçus conjointement avec le Centre de communication écrite. «Ce n'est pas facile de s'entraîner à parler français au Québec, explique-t-il, car dès que les gens entendent qu'on a un accent anglophone, ils passent à l'anglais.» Le futur pharmacien pense-t-il faire carrière en français après ses études? «Ah, je ne sais pas! Peut-être que j'aurai eu assez de français... Mais je vais rester à Montréal, c'est sûr.
Marie-Claude Bourdon