Édition du 22 novembre 2004 / volume 39, numéro 12
 
  capsule science
Le quotient intellectuel est-il sous influence génétique?

Le quotient intellectuel ou QI est-il sous influence génétique? Oui, dans une proportion variant de 50 à 80 %, estime Serge Larivée, professeur à l'École de psychoéducation. «Des données permettent de penser que l'intelligence est principalement d'origine génétique, car les jumeaux monozygotes ont des QI plus semblables que les jumeaux dizygotes même s'ils sont élevés séparément.»

Pour le professeur Larivée, les individus disposent à la naissance d'un capital intellectuel. Sans cet héritage, les possibilités d'apprentissage sont limitées. Par la suite, l'éducation ainsi que les influences environnementales, incluant les influences sociales et culturelles, contribuent à forger l'intelligence. «La part de l'acquis est donc aussi très importante.»

C'est la famille qui transmet le goût et la volonté d'apprendre et de savoir. «Le milieu dans lequel nous vivons revêt une grande importance, soutient Serge Larivée. La prime enfance est une période d'apprentissage clé où l'environnement joue un rôle essentiel dans le développement de l'intelligence.»

Mais tout ne se joue pas avant six ans contrairement à ce que certains pensent. «Malgré la relative stabilité du QI à partir de sept ans, les habiletés intellectuelles peuvent évoluer positivement dans un milieu socioéconomique favorable jusqu'à l'adolescence. De plus, les enfants dont les parents biologiques ont un statut socioéconomique élevé conservent, quel que soit le milieu d'adoption, un net avantage sur ceux dont les parents biologiques ont un statut socioéconomique bas.»

On ne peut donc pas dire que les gènes sont totalement absents dans le développement de notre matière grise. «Au contraire. Plus on vieillit et plus la génétique prend le dessus», affirme le professeur Larivée, recension des écrits à l'appui.

Et les riches, sont-ils plus intelligents? En moyenne oui, répond le chercheur sans aucune hésitation. «Sans verser dans l'eugénisme, je dirais qu'un QI moins élevé que la moyenne explique généralement un statut économique et social moins élevé.» En effet, les études menées sur le quotient intellectuel convergent vers un point: il existe un lien entre le QI et le statut socioéconomique. Les enfants d'ouvriers ont en moyenne un QI de 92 à 95 tandis que les enfants de cadres supérieurs ont en moyenne un QI de 112 à 115. Le QI moyen de la population est de 100.

Pour mesurer l'influence génétique, explique Serge Larivée, les scientifiques font appel à deux concepts, l'«héritabilité» et l'«environnementalité». Précisons que l'«héritabilité» est un indicateur de l'impact de l'influence génétique sur la variable d'un trait au sein d'une population et non pas chez un individu. Les mesures peuvent par ailleurs changer au fil des ans et selon l'environnement. «Dans certains milieux, l'héritabilité peut avoir plus d'importance et vice versa», signale M. Larivée, qui conclut en citant le généticien français Albert Jacquard: «Il est très facile de ne pas devenir intelligent en s'assoupissant dans la passivité des réponses apprises, en renonçant à l'effort de formuler ses propres questions.»

Dominique Nancy



 
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