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Le Dr Paul Harasymowycz |
Au Canada, le glaucome affecte entre 2 et 3 % de la population. Mais chez les personnes âgées de 80 ans et plus, le taux atteint 8 %. Toutes les communautés ne sont pas également touchées; chez les hommes et les femmes d'origine antillaise ou africaine, l'incidence est de 15 %.
Le glaucome est une maladie sournoise puisque aucun signe avant-coureur visible ne permet de la dépister. Lorsque les symptômes apparaissent soit une diminution du champ visuel , près de la moitié du nerf optique est déjà abîmée et il est souvent trop tard pour en stopper la nécrose; la personne risque alors la cécité.
Un examen ophtalmologique permet toutefois de repérer les personnes à risque de glaucome; la maladie peut alors être traitée par des gouttes dans les yeux, des médicaments ou la chirurgie au laser. Le problème, c'est que le dépistage précoce à large échelle nécessiterait une armée d'ophtalmologistes pour examiner toute la population.
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Une technicienne procède à l'examen d'une personne à risque de glaucome à l'aide du HRTII. L'ordinateur lui renvoie une image en trois dimensions du fond de l'oeil. |
Appareil de dépistage
Une technologie d'avant-garde permet maintenant de faciliter ce travail. Paul Harasymowycz, chargé d'enseignement de clinique au Département d'ophtalmologie et chercheur au Centre d'excellence en ophtalmologie Michel-Mathieu de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, a démontré la fiabilité d'un tomographe confocal à balayage laser (le Heidelberg Retina Tomograph II ou HRTII) pour ce travail de dépistage à grande échelle.
Le HRTII, unique appareil du genre au pays, est un équipement léger qui peut s'installer facilement dans un endroit public et qui ne demande qu'à être branché à un simple ordinateur. Il prend des images en trois dimensions du segment postérieur de l'oeil, où se trouve la tête du nerf optique. L'ordinateur est en mesure d'évaluer si la quantité de terminaisons nerveuses dans chaque zone de cette tête est normale compte tenu de l'âge de la personne. L'examen demande moins de cinq minutes et peut être fait par un technicien.
Muni de cet appareil, le Dr Harasymowycz a rendu visite à des groupes à risque, soit une communauté originaire des Caraïbes, des gens âgés et des personnes dont un membre de la famille est atteint de glaucome. Pour rencontrer ces sujets, il a même été sur les lieux d'un festival d'été. En tout, 303 personnes ont été examinées. Pour comparer les résultats obtenus par le HRTII, trois types d'examens ont été réalisés, dont l'examen ophtalmologique standard.
18 cas décelés
L'appareil a permis de repérer 18 cas de glaucome, qui ont été confirmés par les autres examens. De ces 18 personnes atteintes, 11 ignoraient que leur nerf optique commençait à être attaqué.
«Ce projet pilote a prouvé que l'appareil peut détecter les cas précoces de glaucome dans les populations à haut risque et que ce dépistage est la meilleure façon de prévenir la maladie, affirme le Dr Harasymowycz. Les personnes ainsi diagnostiquées pourront être soignées et les troubles de la vision leur seront évités.»
Comme l'appareil peut être manipulé par un technicien en santé, seuls les sujets considérés comme à risque devront être examinés ultérieurement par un ophtalmologiste. Ces appareils pourraient être installés dans des cliniques ou dans des CLSC qui desservent les populations prédisposées.
La technologie permet également le dépistage à distance. Un technicien en poste au Lac-Saint-Jean, par exemple, pourrait expédier ses photographies numériques à un ophtalmologiste de Montréal. Le Dr Paul Harasymowycz poursuivra ses travaux en testant un tel réseau, qui sera établi entre la clinique de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont et un établissement d'une région éloignée.
Le chercheur lance par ailleurs un message à la communauté universitaire en invitant chacun à subir un examen de dépistage, surtout si l'on fait partie des groupes à risque.
Daniel Baril