Édition du 6 décembre 2004 / volume 39, numéro 14
 
  Un CHUM à Outremont répondra à tous les besoins
La proximité géographique a une certaine importance pour les soins généraux et spécialisés, mais elle n'est pas un critère déterminant pour les soins qui requièrent une spécialisation poussée

Raynald Pineault

Un CHUM à Outremont offrirait-il un accès équitable aux services de santé? Oui, répond sans hésiter une équipe de chercheurs en santé de l'Université, en soulignant que le nouvel emplacement présente de nombreux avantages. Ainsi, il permettrait de rapprocher les services pour les résidants de la Rive-Nord, actuellement insuffisamment pourvus en ressources hospitalières, et de répondre aux clientèles défavorisées des quartiers de Parc-Extension, de la Côte-des-Neiges et de Saint-Louis-du-Parc.

Quant aux clientèles de l'est et du centre-ville (Des-Faubourgs, Plateau-Mont-Royal, Hochelaga-Maisonneuve, Olivier-Guimond, Rosemont, Rivière-des-Prairies, Mercier-Anjou et Pointe-aux-Trembles), elles seraient elles aussi efficacement desservies avec un centre hospitalier prévu de 300 lits. Ce centre répondrait à leurs besoins généraux et spécialisés.

Par ailleurs, il va de soi que les soins ultraspécialisés seraient davantage concentrés au site d'Outremont. À ce sujet, les chercheurs rappellent que la proximité géographique ne constitue pas un critère pour le choix du lieu de consultation. Chiffres à l'appui. 

À partir des données les plus récentes du ministère de la Santé et des Services sociaux, l'équipe a en effet minutieusement étudié les admissions à l'hôpital des clientèles présentement desservies par trois des établissements du CHUM. Ainsi, l'an dernier, 38,1 % des patients admis au CHUM pour des soins spécialisés et 51,6 % de ceux admis pour des soins ultraspécialisés provenaient de l'extérieur de l'île.

Nouveau point de vue

L'étude, rendue publique le 2 décembre, a été réalisée par François Champagne et André-Pierre Contandriopoulos, tous deux professeurs titulaires au Département d'administration de la santé et chercheurs au Groupe de recherche interdisciplinaire en santé (GRIS), Raynald Pineault, chercheur au Département de médecine sociale et préventive et au GRIS, Astrid Brousselle, chercheuse postdoctorale au centre de recherche de l'Hôpital Douglas (Université McGill), ainsi que Damien Contandriopoulos, chercheur au Département d'administration de la santé.

Effectuée à la demande de l'Université, l'étude répond à des objections soulevées ces derniers temps, voulant que le site d'Outremont ne soit pas assez accessible. Faux, répondent en choeur les chercheurs, qui détruisent un certain nombre de mythes et font remarquer que «la centralité» de l'emplacement privilégié par l'UdeM «permet un accès équitable aux services».

Les chercheurs concluent que le site d'Outremont, où l'on trouve actuellement la gare de triage du Canadien Pacifique, serait en mesure de répondre efficacement aux besoins de la population.
Les experts en santé plaident en outre que l'arrivée du CHUM se fera dans un contexte de réorganisation de l'ensemble des services hospitaliers sur l'île (construction du CHU de l'Université McGill, création de centres locaux de santé et de services sociaux) et dans un climat de grands changements technologiques. Il leur semble donc téméraire de prédire l'avenir en se contentant d'extrapoler à partir de la situation actuelle. En d'autres termes, les modèles d'utilisation, les besoins, la technologie, tout cela va bouger et changer la donne. Par exemple, on peut penser que les besoins en lits hospitaliers diminueront, alors que les technologies diagnostiques et de traitement permettant d'offrir des services «sur le plan ambulatoire» seront appelées à se développer.

Pour les chercheurs, il ne fait pas de doute que «le rapprochement des disciplines et des technologies, et celui de la clinique, de l'enseignement et de la recherche pourront créer une synergie qui aura un impact notable sur la qualité des soins et des services, et qui permettra de mieux répondre aux besoins de la population».

«L'accessibilité est certainement un facteur, mais quand il existe une accessibilité satisfaisante, comme c'est le cas à Montréal, la décision des individus est beaucoup moins influencée par la proximité géographique et beaucoup plus par d'autres éléments comme l'affiliation du médecin, la langue, la culture, le milieu de travail, etc.»

Paule des Rivières



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement