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Des cadeaux à ne plus savoir qu'en faire. |
Chaque année à Noël, c'est le même rituel: nous dépensons une fortune pour combler nos chérubins. Plus de 1,3 milliard de dollars selon Santé Canada. «Cette tendance à la surabondance est apparue avec l'avènement de la société de consommation et, dans la foulée, de l'enfant roi», affirme Francine Ferland, ergothérapeute et professeure à l'École de réadaptation.
Auteure de Et si on jouait? Le jeu chez l'enfant de la naissance à six ans, elle estime que nous ne rendons pas service à nos bambins quand nous transformons leurs chambres en magasins de jouets. «L'enfant peut s'imaginer que c'est un signe de l'amour qu'on lui porte, signale Mme Ferland. Il finira alors par penser que tous ces beaux joujoux sont un dû et il risque de ne jamais être satisfait.»
Pourquoi gâtons-nous autant nos enfants? Sollicitations visuelles, plaisir de donner, croyance populaire qui assimile le bonheur à l'abondance... «Tout est là pour nous persuader qu'être de bons parents, c'est devoir combler tous les désirs de nos enfants», note Mme Ferland. Toutefois, comme elle le souligne, certains cadeaux destinés à nos petits trésors sont parfois davantage le reflet de nos propres envies. Elle fournit un exemple typique: la fameuse piste de course dont rêve le papa depuis toujours. «Finalement, c'est le père qui joue avec, tandis que le petit, lui, s'amuse avec le ruban ayant servi à emballer le précieux présent!»
Pour d'autres, l'achat de cadeaux en surnombre peut être une façon de se déculpabiliser d'être si peu présents, trop investis dans le travail, observe Francine Ferland. Enfin, une rivalité malsaine entre les parents divorcés ou entre les grands-parents paternels et maternels risque également d'engendrer une avalanche de jouets qui s'apparente à une demande d'amour adressée à l'enfant. «Cette rivalité se manifeste parfois par une course au cadeau le plus somptueux qui soit; on souhaite offrir à l'enfant un cadeau plus cher, plus sophistiqué, pensant ainsi s'attacher davantage l'enfant», écrit Mme Ferland.
«Son bien-être et son bonheur ne sont pourtant pas dans la surabondance», fait remarquer l'ergothérapeute, qui considère le jeu comme un état d'esprit plutôt qu'un objet. Pour elle, Noël est une bonne occasion d'initier son enfant au plaisir de recevoir... et de donner. Aussi est-il préférable à son avis de ne pas offrir à l'enfant plus d'un cadeau à la fois. «Sinon le plaisir de recevoir sera évacué par la fébrilité de développer rapidement tous les présents, prévient Mme Ferland. Comme il est impossible de se passionner pour dix mille objets simultanément, l'enfant passera d'un cadeau à l'autre sans prendre le temps de le découvrir.»
L'accompagnement des parents est primordial dans l'appropriation du jouet par l'enfant, selon Francine Ferland. «Il ne s'agit pas tant de lui dire comment il fonctionne que de partager avec lui le plaisir de la découverte.» Autre conseil avant de remplir la hotte du père Noël: offrir peu de cadeaux, mais que ceux-ci soient variés et associés à des sphères différentes du développement de l'enfant. Parmi ces présents, en prévoir un avec lequel il pourra s'amuser immédiatement. «Si l'enfant reçoit des patins et des vêtements, il sera frustré, car il ne pourra pas jouer avec dans le salon.»
Et n'oublions pas les piles...
Dominique Nancy