|
|
Dessin de la chambre Les ours - De gauche à droite, Carl-Antonyn Dufault, Nancy Brière, Alain Zarka, Joël Larouche et Maxime Moreau |
|
Les architectes cherchent habituellement à créer des œuvres qui vont durer au-delà des générations. Mais des étudiants de l’École d’architecture ont mis de côté ce principe en recourant, pour leurs constructions, à un matériau pour le moins éphémère: la glace!
Ces étudiants, qui n’avaient pas froid aux yeux, ont en effet participé à l’aménagement de 3 des 32 chambres de l’Hôtel de glace de la Station touristique Duchesnay, à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, près du lac Saint-Joseph. Les étudiants répondaient ainsi à un concours lancé par les promoteurs de cet établissement hors de l’ordinaire.
|
Croquis de la chambre Anamorphose avec ses rayons lumineux |
En plus des limites du matériau, les étudiants ont dû travailler selon les contraintes d’une charrette, c’est-à-dire qu’ils n’ont eu que deux jours, en fin de trimestre, pour concevoir et réaliser leurs projets, précise le professeur Carlo Carbone, qui a dirigé et conseillé les participants. Cinq équipes ont accepté de relever le défi et trois projets ont été retenus.
Les chambres à aménager, faites de glace et de neige compactée, ont une dimension d’un peu plus de quatre mètres de côté et les murs sont en continuité avec un plafond vouté. Les étudiants ayant la responsabilité de l’intérieur des pièces, ils devaient donc concevoir le lit, la table, l’éclairage et le décor selon la thématique de leur choix.
L’équipe d’Alain Zarka, Nancy Brière et Carl-Antonyn Dufault s’est inspirée des ours polaires et a voulu rendre accessible ce lieu lointain qu’est l’Arctique. Au fond de la chambre, un immense glacier éclairé de l’intérieur sert de lampe. L’éclairage orangé apporte un peu de chaleur à la pièce. Le lit circulaire est recouvert d’une peau d’ours et deux ours de glace, couchés sur le côté, servent de tables de chevet ou de bancs. Des empreintes de pattes d’ours ornent les murs et font office de tablettes.
|
Un aperçu de l'extérieur des chambres de l'Hôtel de glace |
La thématique était toute trouvée pour un tel projet qui, compte tenu du réchauffement climatique, risque de ne pas renaitre tous les ans, a fait valoir Alain Zarka.
La deuxième équipe, composée de Maxime Moreau et Maurice Martel, a élaboré un concept tout en lumière et tout à fait moderniste. Sur le thème de l’anamorphose, ils ont cherché à donner à la chambre des formes changeantes selon la perspective où l’on se place. «Comme l’Hôtel est éphémère, nous avons exploité le notion du temps et pensé la chambre comme un organisme vivant qui change avec le temps», indique Maxime Moreau. Les formes mouvantes sont données par des tubulures lumineuses, insérées dans les murs et le mobilier, qui révèlent ou modifient les contours de la pièce à la manière d’une projection de rayons lumineux.
|
L'intérieur de la chambre Mont Bazar qui attend les visiteurs. |
Pour Maxime Moreau, il importait de frapper l’imaginaire du client et de lui donner l’occasion de réfléchir sur ce genre de lieu, qu’il n’habitera sans doute qu’une seule fois.
Joël Larouche a pour sa part présenté un projet en solo dans lequel il a voulu mettre à profit la hauteur de la pièce, qui fait 4,20 m au centre de la voute. Son concept, intitulé Mont Bazar, symbolise une accumulation d’objets d’où ressort le lit, juché à 1,20 m du sol et auquel on accède par quatre marches. L’idée est de faire réfléchir sur la permanence et l’éphémère. «La glace disparait, mais les objets qu’on acquiert s’accumulent au fil du temps et ne s’évanouissent pas», souligne l’étudiant.
|
Le professeur Carlo Carbone |
Lui non plus n’a pas voulu laisser passer cette rare occasion qui donne la chance de suivre la mise en forme d’une idée jusqu’à sa réalisation complète et qui nécessite un degré supérieur de conception.
L’Hôtel de glace est ouvert jusqu’au 3 avril et les clients sont invités à voter pour la pièce ou la chambre qu’ils préfèrent. Le concepteur de la pièce la plus appréciée remportera un prix de 1000 $.
Daniel Baril