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Christian Bernier |
Au mois d’avril, Christian Bernier obtiendra son baccalauréat en génie mécanique à l’École Polytechnique. Contrairement à la majorité de ses collègues, il n’est pas en train de magasiner un complet-veston pour courtiser les firmes d’ingénierie et dénicher un emploi. Il a plutôt choisi les chaussures de volleyball et les gymnases européens.
Joueur vedette des Carabins depuis cinq ans, il est sans aucun doute l’un des cinq meilleurs du circuit universitaire canadien, le réseau de compétition le plus relevé du pays. Il est d’ailleurs le seul athlète à s’entrainer en sol québécois à avoir obtenu une place au sein de l’équipe nationale l’été dernier.
Au cours de la saison 2003-2004 seulement, il a collectionné les honneurs: joueur de volleyball de l’année au Québec, coéquipier de l’année aux récents Lauréats montréalais, membre de la première équipe d’étoiles canadiennes, athlète universitaire québécois de l’année en sport collectif, etc.
La piqure à 12 ans
À quelques mois de la fin de sa carrière universitaire (qui ne peut durer plus de cinq ans selon les règlements de Sport interuniversitaire canadien), il cogne à la porte d’une carrière professionnelle et n’entend pas laisser passer cette occasion.
Le volleyball ne faisant pas vraiment partie de notre culture – on n’a qu’à jeter un coup d’œil sur les nouvelles sportives de la province pour le constater –, Christian Bernier a joué au hockey et au soccer dans son enfance. Ses succès en disent d’ailleurs beaucoup sur sa détermination, lui qui a constamment évolué dans l’ombre.
C’est à son arrivée à l’école secondaire Durocher, à Saint-Lambert, qu’il a véritablement fait connaissance avec ce sport, qui le passionne toujours autant. «Depuis que j’ai eu la piqure du volleyball à l’âge de 12 ans, ce sport occupe une grande partie de ma vie et voilà que devient réalité l’idée de pouvoir en faire mon gagne-pain», mentionne l’athlète, qui a aussi pratiqué son sport au Collège de Maisonneuve.
La poursuite de ses études
Ne sachant pas encore exactement ce que l’avenir lui réserve sur le terrain, il compte effectuer parallèlement une maitrise à temps partiel afin d’approfondir ses connaissances en génie mécanique.
«Les études ne représentent pas un fardeau pour moi. J’ai toujours aimé apprendre et je souhaiterais même poursuivre jusqu’au doctorat. J’aimerais bien enseigner à l’université une fois ma carrière d’athlète terminée», affirme celui qui a remporté le titre d’étudiant-athlète de l’année à l’UdeM en 2003 et en 2004 pour ses excellents résultats dans ses études et dans son sport.
«Le volleyball m’a inculqué le désir de vaincre et de me dépasser. Que ce soit sur le terrain ou sur les bancs d’école, j’ai toujours voulu être le meilleur», poursuit-il sans prétention.
Direction: la France
Tout juste avant le temps des fêtes, il a traversé l’Atlantique pour un séjour d’une semaine dans l’Hexagone afin de s’entrainer avec deux équipes professionnelles de France: Paris Volley en Pro A et Saint-Nazaire Atlantique Volleyball en Pro B.
«L’objectif de ce voyage était d’abord et avant tout de me situer sur le plan du jeu, qui est entre autres très différent du style nord-américain, et de me donner une motivation supplémentaire pour le reste de la saison», explique Christian Bernier.
Mission accomplie, son séjour lui a permis de clarifier plusieurs choses: il sait maintenant qu’il a le potentiel pour jouer en Pro A, la ligue la plus forte en France, et il entreprendra toutes les démarches pour trouver un poste dans une équipe. Il envisage d’ailleurs de retourner là-bas au printemps et de jouer cette fois avec les équipes de Cannes, Nice ou Poitiers afin de se faire mieux connaitre des entraineurs.
«En habitant chez deux Québécois qui jouent pour Saint-Nazaire, j’ai pu en apprendre beaucoup sur le quotidien des athlètes professionnels. Je sais donc davantage à quoi m’attendre.» Comme les équipes françaises ne peuvent avoir dans leurs rangs plus de deux joueurs étrangers, la compétition est féroce, mais Christian Bernier a quelques appuis de taille dans sa poche.
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L’athlète en pleine action! |
Un athlète toujours en développement
«J’ai la chance de pouvoir compter sur la collaboration des personnes influentes du milieu du volleyball québécois qui ont joué en Europe au cours de leur carrière et cela fait toute une différence. Je me sens vraiment privilégié», soutient l’athlète âgé de 23 ans.
L’une de ces personnes est bien entendu Georges Laplante, l’entraineur-chef des Carabins, qui l’a accompagné en France avant Noël et qui tient pour sa part à souligner le mérite de son athlète: «Oui, je peux le conseiller, car je connais les conditions et le calibre de jeu en France, mais Christian a fait un bon bout du chemin par lui-même. C’est un travailleur acharné qui a gagné beaucoup en maturité comme athlète et comme individu au cours des cinq dernières années avec nous.»
«Très exigeant envers lui-même, il en est encore à l’étape du développement, les joueurs de volleyball atteignant d’habitude leur apogée entre 26 et 30 ans. On essaie donc de lui donner un coup de main pour qu’il se retrouve avec une équipe qui pourra bien l’encadrer.»
En route vers le championnat canadien
Entre autres grâce aux performances de Christian Bernier, les Carabins connaissent une excellente saison, leur meilleure depuis une dizaine d’années. Invaincus au Québec, ils occupaient, avant de mettre sous presse, le premier rang provincial avec une fiche de 10 victoires et 2 défaites, toutes deux subies au cours de matchs interligues face à des équipes des Maritimes.
Avis aux intéressés, vous pourrez le voir à l’œuvre en compagnie de ses coéquipiers ce week-end au CEPSUM : le vendredi 28 janvier à 20 h contre l’Université McGill (match féminin à 18 h) et le dimanche 30 janvier à 15 h face à l’Université Laval (le match féminin débutera à 13 h).
«Même si j’ai hâte à cet été pour voir si je peux devenir joueur de volleyball à temps plein, ce que je n’ai jamais pu faire jusqu’ici, mon attention est dirigée sur notre fin de saison, qui s’annonce très intéressante», indique Christian Bernier.
Il tentera de mener les Bleus à un premier championnat provincial depuis 1993 et à une participation au championnat canadien. «Oui j’ai remporté des honneurs individuels ces dernières années, mais il est maintenant temps de démontrer que je peux contribuer réellement au succès de mon équipe.» Déterminé, vous dites? Oui, tout à fait.
Benoit Mongeon
Collaboration spéciale