Pour la deuxième année de suite se tiendra sur le campus de l’UdeM le Festival de films ethnographiques de Montréal (FFEM). L’initiative de cet évènement culturel revient à une équipe interuniversitaire d’étudiants en anthropologie des universités de Montréal, McGill et Concordia. Cette rencontre cinématographique internationale se déroulera du 28 au 30 janvier dans les trois établissements.
«Le Festival vise à faire connaitre le cinéma ethnographique, peu diffusé, et à engager la discussion autour de l’anthropologie visuelle», explique Gaël Morin, étudiant à la maitrise au Département d’anthropologie et coordonnateur de l’activité.
L’anthropologie visuelle utilise la photographie, la vidéo ou le cinéma comme outils d’observation et de travail sur le terrain, une approche qui a déjà connu ses heures de gloire et qui revient à la mode. Ce sont surtout les professeurs qui recourent à ce champ d’expression pour leurs propres travaux, mais on trouve de plus en plus de producteurs et de documentalistes qui ont combiné une formation en cinéma et une autre en anthropologie. Philippe Messier, étudiant au Département et responsable des relations avec les cinéastes pour le Festival, est de ceux-là. Titulaire d’un DEC en cinéma, il se destine à l’anthropologie du tourisme.
Films ethnographiques
Mais qu’est-ce qu’un film ethnographique? L’ethnographie désigne la description des caractères sociaux et culturels de groupes humains étudiés en ethnologie, mais il n’y a pas unanimité quant aux réalisations cinématographiques susceptibles être considérées comme telles. Les responsables du FFEM ont évité l’écueil en délimitant leur créneau par une série de critères de sélection.
«Le film doit porter sur une problématique humaine, sociale ou culturelle et permettre une réflexion sur le média filmique, précise Gaël Morin. Si un cinéaste utilise la fiction, elle doit demeurer complémentaire à une partie documentaire.»
Uniquement par l’information diffusée sur les réseaux Internet de l’anthropologie, le FFEM a éveillé l’intérêt d’une trentaine de ces cinéastes à l’échelle internationale et le comité de sélection a retenu 15 réalisations pour sa programmation. Les productions proviennent du Québec et du reste du Canada, des États-Unis, de Suisse, de Grande-Bretagne, du Danemark et d’Australie.
Deux des films à l’affiche ont été tournés par des étudiants de l’UdeM. Psalm 33, de Nelson Arruda, étudiant à la maitrise en anthropologie, présente un regard ethnologique sur un festival chrétien de musique rock et alternative Cornerstone. Celui de Giovanni Princigalli, étudiant au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, intitulé Roma Stories, montre les difficultés vécues par un groupe de gitans installés près de Bari, en Italie. Ces deux réalisateurs seront sur place pour discuter de leurs films.
La plupart des productions sont en anglais, mais on remarque deux films francophones: En attendant la pluie, de la Québécoise Catherine Veaux-Logeat, brosse le portrait d’une dame de 81 ans qui continue de travailler dans sa ferme pendant la canicule de l’été 2003 en France; le second, Regard sur le voile, de la Suissesse Vanessa Langer, explore les attitudes sur le port du voile à partir d’entrevues avec des hommes et des femmes du Yémen.
Les organisateurs soulignent par ailleurs la présentation d’œuvres de deux cinéastes qui jouissent d’une certaine notoriété dans le milieu: dans A Kalahari Family. Part One: A Far Country, l’Américain John Marshall aborde les changements politiques et sociaux survenus au sein de peuples du désert du Kalahari, en Afrique; avec Age of Reason, l’Australien David McDougall nous fait rencontrer un jeune écolier népalais dans une école de l’Inde.
Des conférences sont également au programme, comme celle de Jean-Pierre Masse, professeur de cinéma à l’UQAM, qui présentera une fiction tournée avec des Attikameks de Manawan, en haute Mauricie, et qui illustre leurs difficultés d’adaptation à la vie moderne. André Costopoulos, professeur d’archéologie à l’Université McGill, discutera des représentations de l’anthropologie dans le cinéma d’Hollywood. Trois diplômés du Département d’anthropologie, Charles Prémont, Nelson Arruda et Raphaëlle Proulx, animeront pour leur part un atelier sur l’utilisation de la vidéo dans une étude de terrain en ethnologie.
La partie du FFEM qui se déroule à l’UdeM se tiendra le dimanche 30 janvier et les présentations auront lieu à la maison de la culture Côte-des-Neiges. L’entrée à toutes les activités du Festival est gratuite. On peut consulter sa programmation complète à partir de la page d’accueil du Département d’anthropologie.
Daniel Baril