Caroline Traube

Pour la première fois de son histoire, la Faculté de musique accueillera, du 10 au 12 mars, un colloque interdisciplinaire de musicologie d’envergure internationale. Le CIM05, pour Conferences on Interdisciplinary Musicology 2005, organisé conjointement avec l’Observatoire international de la création musicale (OICM), aura pour thème «Le timbre dans la composition, l’interprétation, la perception et la réception de la musique».

Le timbre relève d’emblée d’une approche interdisciplinaire, souligne Caroline Traube, professeure d’acoustique, psychoacoustique, synthèse sonore et traitement du son à la Faculté de musique et l’une des organisatrices de l’activité. «Même si on le décrit comme la couleur d’un son, le timbre est une notion très difficile à définir, explique la chercheuse qui terminait un doctorat sur le sujet en 2004. On peut dire que tous les autres paramètres de la musique sont unidimensionnels tandis que le timbre, lui, est considéré comme une sensation multidimensionnelle. Je dis “sensation” parce que, dans le monde physique, il n’y a pas de son comme tel, seulement des variations de pression atmosphérique interprétées comme des sons par notre cerveau. C’est pourquoi il est si important d’aborder le timbre sous plusieurs angles à la fois, pour que les chercheurs de différentes disciplines se rencontrent et prennent conscience de la complexité du sujet.»

Trois axes thématiques et de nombreux sous-thèmes seront abordés au cours du colloque. On a regroupé ces approches émanant des sciences pures, des sciences humaines et de la musique de la façon suivante: de l’ethnomusicologie à la technologie, de la phonétique à la psychologie, de la sémantique à la composition, des instruments de musique à l’analyse spectrale, de l’histoire à la musique populaire et de la philosophie à l’interprétation. Près de 60 communications sélectionnées par un comité international d’experts seront présentées. Les participants proviennent d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, du Canada, d’Espagne, d’Estonie, des États-Unis, de France, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, de la République tchèque, du Royaume-Uni, de Suède et de Turquie.

Le CIM05 est en même temps la deuxième des Conferences on Interdisciplinary Musicology, manifestation internationale qui se tenait pour la première fois en Autriche en avril 2004, et le deuxième colloque de l’OICM, un groupe de recherche interuniversitaire et international qui se concentre sur l’étude du phénomène de la création musicale depuis l’apparition du concept d’art d’avant-garde au début du 20e siècle jusqu’à nos jours. En fondant l’OICM, Michel Duchesneau, professeur à la Faculté de musique, a constitué des équipes de travail sur différents thèmes avec l’idée d’organiser chaque année un colloque sur un des thèmes représentés.

Les organisateurs Serge Lacasse, Julie Lebel (coordonnatrice), Ariane Couture (assistante académique) et Caroline Traube ont travaillé d’arrachepied pour mettre en place cette rencontre, qui promet d’être d’une richesse exceptionnelle. «Je ne crois pas que la Faculté de musique ait déjà accueilli quelque chose d’aussi gros», se hasarde la chercheuse et professeure. Quelles sont les retombées attendues? «J’espère changer la perception de ce qu’est la musicologie. Souvent, on la réduit à l’histoire de la musique, mais si l’on retourne à sa définition plus générale, c’est l’étude de la musique. Ce n’est pas une discipline, c’est un médium, et si l’on parvient à illustrer qu’on peut l’étudier du point de vue de l’ethnologie, de l’acoustique, de la linguistique, de la psychologie, de l’interprétation, etc., eh bien la mission sera accomplie.»

L’inscription au colloque se fait le 9 mars de 14 h à 17 h dans le foyer de la salle Claude-Champagne. Deux activités sont gratuites et ouvertes au public: un concert par l’ensemble new-yorkais The Second Instrumental Unit le jeudi 10 mars à 17 h et un atelier avec le Nouvel Ensemble moderne et le compositeur Roger Reynolds le vendredi 11 mars à 18 h.

Pour plus d’information: <www.oicm.umontreal.ca/cim05> ou (514) 343-6388.

Domique Olivier
Collaboration spéciale