Édition du 14 mars 2005 / volume 39, numéro 24
 
  Une étudiante conçoit une chaise ergonomique
L’innovation fait partie des projets soutenus par le Centre d’entrepreneurship HEC-Poly-UdeM

Caroline Saulnier

Selon un sondage mené par la Commission de la santé et de la sécurité du travail, 40 % des indemnisations des lésions professionnelles sont liées à des douleurs musculosquelettiques. Les couts engendrés par des blessures aux membres supérieurs, aux genoux et à la colonne vertébrale s’élevaient en 2003 à plus de 500 M$ au Québec.

«Les entreprises font face à une situation préoccupante et très couteuse. Elles n’ont pas d’autre choix que d’amorcer le virage santé et sécurité. Les cotisations que les employeurs paient aux différents régimes de santé et sécurité sont d’ailleurs fixées en fonction de leurs efforts en matière de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles», explique Caroline Saulnier, diplômée de l’École de design industriel et étudiante à la maitrise à l’École Polytechnique. La jeune femme âgée de 25 ans a conçu une chaise ergonomique qui permet la prévention des lésions physiques induites par le travail à genoux.

Le produit ressemble à une chaise de style futuriste, sauf qu’elle n’a ni dossier ni accoudoirs. Il s’agit d’un support de travail conçu pour les ouvriers des secteurs industriel et manufacturier qui favorise la productivité en évitant aux utilisateurs les douleurs causées par les mouvements répétitifs. Il sert également aux mécaniciens, qui ont souvent à effectuer des tâches à genoux sur de longues périodes de temps. «Son utilisation élimine toute sensation de pression dans les genoux, les chevilles et la région lombaire et permet de diminuer la fatigue en limitant l’effort musculaire», soutient Mme Saulnier. Une étude effectuée par l’École de technologie supérieure confirme la validité du produit: le support ergonomique permet une réduction de 60 % des problèmes musculosquelettiques des travailleurs effectuant des tâches à genoux.

L’innovation, qui fait partie des projets soutenus par le Centre d’entrepreneurship HEC-Poly-UdeM, a vivement intéressé des employés et dirigeants d’entreprises telles que Paccar du Canada, Alcan, Pratt & Whitney et IBM, qui ont déjà placé des commandes. La chaise ergonomique a remporté le grand prix 2004 du concours De l’idée au projet.

Grâce à une bourse de 20 000 $ prévue pour le démarrage d’une entreprise, la designer s’est lancée en affaires pour commercialiser plusieurs inventions à caractère ergonomique. Sa société, Synetik Design, a été nommée l’an dernier entreprise de la relève au Gala des lauriers d’or de Montcalm et projette dès sa première année de réaliser des ventes de l’ordre de 865 000 $ au Québec et de 129 000 $ aux États-Unis.

La chaise de la designer permet de ménager ses genoux et sa colonne vertébrale.

Un brevet international

Dès 2003, Dominique Thériault, directeur de Conception Impact, une entreprise de Montcalm pour laquelle Caroline Saulnier travaillait à l’époque, suscite l’intérêt de son employée pour l’entrepreneurship. Il l’encourage à créer sa compagnie et la soutient, de façon concrète, dans sa démarche en lui offrant conseils et accès à des équipements technologiques. Après plusieurs mois de recherche et de développement, la jeune diplômée en design met au point la chaise STAG 4, le produit novateur qui lui permettra de se lancer en affaires.

Synetik Design est en activité depuis mars 2004 et se consacre à la fabrication de produits spécialisés en ergonomie dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail. «L’entreprise se spécialise dans la conception de matériel et d’outillages ergonomiques qui ont comme fonction première de réduire les risques d’accidents du travail liés aux troubles musculosquelettiques», précise Mme Saulnier.

Sa société s’est rapidement démarquée grâce au produit STAG 4, qui a été vendu dans plusieurs entreprises du Québec et des États-Unis. «Très rapidement, j’ai réalisé que le produit offrait un excellent potentiel commercial», souligne la designer. Elle a eu l’idée ambitieuse de faire breveter l’innovation pour le marché... international! «Le Canada, les États-Unis et l’Europe représentent un potentiel de vente important, ajoute-t-elle le sourire dans la voix. On compte très peu d’entreprises spécialisées dans ce domaine et pourtant le marché est immense.»

Au Québec, cinq distributeurs bien établis dans le secteur se sont déjà engagés à assurer la distribution de la chaise. Des négociations sont en cours avec des distributeurs américains.

L’importance d’un réseau

Dès le début, Caroline Saulnier a consulté le Centre d’entrepreneurship HEC-Poly-UdeM pour obtenir de l’aide dans l’élaboration de son plan d’affaires. La professeure Sylvie Nadeau, de l’École de technologie supérieure, l’a aussi soutenue dans sa démarche de chef d’entreprise. «Bien que le mot “entrepreneur” soit synonyme d’autonomie et de débrouillardise, le besoin d’avoir quelqu’un sur qui on peut compter est important, surtout lorsqu’on met sur pied une entreprise», conclut Caroline Saulnier.

Dominique Nancy



 
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