Les préposés des guérites donnent quotidiennement une foule de renseignements aux visiteurs. «On finit par connaitre à peu près tous les clients réguliers depuis le temps qu’on les voit passer. Le visage, la voiture, le sourire suffisent, nous ne cherchons plus le permis de stationnement sur le pare-brise.»

«Le pavillon Roger-Gaudry, c’est où?», «Comment je fais pour me rendre à l’hôpital Sainte-Justine?», «Est-ce que c’est l’entrée du cimetière?»

Toujours souriante et d’une patience à toute épreuve, la préposée de la guérite à l’intersection du chemin Queen-Mary et de l’avenue Decelles donne quotidiennement des renseignements sur l’Université de Montréal, les écoles et les hôpitaux affiliés et même le quartier Côte-des-Neiges. «Je n’ai pas le temps de m’ennuyer», remarque Lucie Richard-Bergeron.

Depuis cinq ans à l’Université, dans son minuscule abri, Mme Richard-Bergeron est l’un des cinq agents de perception et d’information qui travaillent sur le campus pour l’agence Gesti-Parc. Tout comme ses collègues Jocelyne Couture, Marie-Pierre, François Bernarve et Anton Verga, elle n’est donc pas employée par l’UdeM, mais elle accueille, chaque jour, beau temps mauvais temps, les milliers d’automobilistes qui se rendent sur le flanc du mont Royal.  

Premiers sourires du matin ou premiers contacts des visiteurs avec l’établissement, ils sont sans doute les personnes du campus qui voient et saluent le plus de gens en une seule journée. Ils en connaissent du monde et des trucs pour éviter de payer les frais de stationnement… «Si vous saviez le nombre d’excuses que les conducteurs inventent pour stationner sans payer, raconte Anton Verga: ils passent chercher quelqu’un, se rendent à la bibliothèque, vont déposer quelques effets à leur bureau ou encore ils veulent juste remettre un travail.» Lorsque M. Verga leur rappelle le risque de se faire remorquer et tous les ennuis que cela entraine, certains se fâchent. «Leur langage devient très amer et... coloré», dit l’homme de 44 ans d’origine roumaine.   

Forum a été invité à s’asseoir dans un petit coin de la guérite d’Anton Verga. En moins d’une quinzaine de minutes, M. Verga a répondu à quatre demandes de renseignements, vu une voiture passer à toute vitesse sans vignette sur le pare-brise et rappelé à l’ordre trois automobilistes qui croyaient avoir des raisons valables de passer sans payer. «C’est tous les jours comme ça», a lancé le préposé en riant.

Lucie Richard-Bergeron et Anton Verga

Il ne se plaint pas et affirme apprécier son travail. Même son de cloche de la part de sa collègue, Mme Richard-Bergeron. «J’aime le contact avec le public et la diversité des cas et des rencontres, signale cette maman de deux grands enfants. Ce type d’emploi me permet aussi de concilier travail et vie familiale.»

Marie-Pierre (elle préfère taire son nom de famille), qui est en poste depuis moins d’un an à la guérite située à l’angle de la rue Jean-Brillant et du chemin de la Rampe, est elle aussi témoin de divers incidents presque tous les jours. «Quand les gens ne veulent pas payer, je prends leur numéro de plaque et le transmet à mon supérieur. Que voulez-vous que je fasse d’autre?» demande la jeune femme de 22 ans.

Selon les trois agents de perception et d’information que Forum a rencontrés, la majorité des clients se plient volontiers aux exigences du stationnement et la plupart des visiteurs se montrent aimables et courtois. Pour les «clients réguliers», employés ou étudiants, ce n’est pas la même chose, reconnaissent-ils. «On finit par les connaitre à peu près tous depuis le temps qu’on les voit passer, indique Mme Robert-Bergeron. Le visage, la voiture, le sourire suffisent, nous ne cherchons plus le permis de stationnement sur le pare-brise.»
«C’est tellement plus agréable ainsi!» souligne Mme Robert-Bergeron. 

Dominique Nancy