Criminologie: délinquance et réussite
Certains délinquants, qu’ils soient juvéniles ou adultes, sont plus performants que d’autres dans leurs activités illégales. Dans ce numéro, les réussites délinquantes sont évaluées au regard de l’aptitude des délinquants interrogés à gagner de l’argent de manière durable par la ruse, le vol ou l’offre de biens et de services prohibés ou rationnés. On trouvera dans ce numéro plusieurs études qui permettent d’apprécier les visages de la réussite délinquante. On apprendra notamment que les réussites délinquantes ne sont guère plus rares que les réussites traditionnelles et qu’elles peuvent être une source d’inspiration et d’émulation; que plus les délinquants «travaillent» et soignent leurs délits, plus ils en tirent des bénéfices tangibles, de sorte que leurs réussites individuelles sont en effect «méritées»; que c’est la qualité et non pas seulement l’étendue de leurs réseaux de codélinquance qui contribue de manière directe à leurs réussites individuelles; que ce sont les jeunes qui ont le moins de revenus personnels qui sont les plus motivés à être performants dans leurs activités illégales et qu’ils le sont effectivement; que les délinquants adultes les plus enclins à la récidive sont dans certains cas les plus doués d’entre eux; et, enfin, que ceux qui s’abstiennent de recourir à la violence réussissent moins bien que ceux qui en font un usage stratégique.
Ont participé à la rédaction de ce numéro: Mathieu Charest, Denis Lafortune, Carlo Morselli, Julie Paquin et Pierre Tremblay, de l’École de criminologie.
Sous la direction de Pierre Tremblay et Carlo Morselli, Criminologie, vol. 37, no 2, Délinquance et réussite, Presses de l’Université de Montréal, 2004.
Le livre avalé: de la littérature entre mémoire et culture
La littérature telle que nous l’entendons aujourd’hui date du Siècle des Lumières. Auparavant, les constellations sociales où brillent les œuvres étaient tout autres; on était loin, en particulier, d’une évidente autonomie, comme elle apparait constitutive de la sphère littéraire à partir de 1850. Comment alors concevoir la littérature quand elle n’est pas autonome? Qu’est-ce que «la littérature d’avant la littérature»? Selon quelles cristallisations historiques l’art des œuvres d’écriture s’est-il transformé?
Ce livre s’attache à montrer comment la littérature existe en fonction du passage, inégal et incertain, de société de mémoire à société de culture. Si l’émergence de la littérature est bien contemporaine de l’invention de la culture comme mode d’organisation ou de représentation de la société, c’est la tradition ou la mémoire qui ont d’abord permis aux hommes de se représenter à eux-mêmes la légitimité de leur communauté et de leurs façons de vivre ensemble.
Historiens, critiques littéraires, sociologues et tous ceux qui souhaitent lire l’histoire de la littérature sous un angle différent découvriront quelques fragments du grand labyrinthe de l’histoire dans cet essai d’une profonde érudition.
Éric Méchoulan, Le livre avalé: de la littérature entre mémoire et culture, Les Presses de l’Université de Montréal, 2004, 540 p, 44,95 $.
Les témoins de l’essentiel
En cette période de bouleversements sociaux, chacun a besoin de réconfort et d’encouragements pour bien vivre les changements. Ce livre aborde des thèmes délicats tels que la mort, la maladie, la souffrance, le sentiment de l’absence de Dieu, le langage de la foi et de la prière.
Dans une série d’entrevues, 25 personnalités québécoises se sont exprimées sur ces sujets: Joseph Ayoub, Raymond Beaugrand-Champagne, Christian Beaulieu, Dorothée Berryman, Guy Boucher, Paul-André Comeau, Jean-Guy Dubuc, André Dumont, Robert Dutton, Léon-Pierre Éthier, Nicole Fournier, François Lapierre, Denis-Antoine Lévesque, Gaston L’Heureux, Éric Nicolai, Bertrand Ouellet, Claude Paradis, François Paradis, Rolande Parrot, Gilles Poirier, Louis Rousseau, Claude Ryan, sœur Angèle, Tran Lam et Jean-Claude Turcotte.
Les témoins de l’essentiel se distinguent des autres ouvrages du genre par le nombre de témoignages présentés, par le côté intimiste de plusieurs entrevues et par les thèmes traités.
Benoît Voyer, Les témoins de l’essentiel, Montréal, Les Éditions Logiques, 2005, 200 p., 19,95 $.
Possibles: autogestions, espaces de liberté
Le rêve d’une société autogestionnaire qui animait les fondateurs de Possibles est-il tombé en désuétude? Si le discours semble en avoir perdu la lettre, bien des pratiques concrètes en ont toutefois conservé l’esprit, et nous croyons qu’il est grand temps de ramener le thème de l’autogestion sous les feux de la rampe. Le tour d’horizon que nous offrent les collaborateurs de ce numéro nous montre que les pratiques autogestionnaires sont non seulement bien présentes dans des domaines aussi variés que l’art, l’économie et les mouvements sociaux, mais aussi et surtout qu’elles sont riches, diversifiées et à l’avant-garde de la lutte pour l’émancipation individuelle et collective. Réactualiser le thème de l’autogestion, c’est reprendre gout à l’utopie et c’est croire qu’elle a encore toute sa pertinence.
Ont collaboré à cette édition: Francis Dupuis-Déri, Mona-Josée Gagnon et Marie-Claire Malo.
Possibles, vol. 29, no 2, Autogestions: espaces de liberté, printemps 2005, 8 $.