|
Marc Vachon |
«Levez la main, ceux et celles qui connaissent des “tueurs” de plaisir au travail», a demandé le conférencier Marc Vachon à l’auditoire rassemblé à l’auditorium Ernest-Cormier le 12 avril pour une activité de sensibilisation et d’information présentée à l’occasion de la Semaine de santé et de sécurité au travail.
La salle n’est pas demeurée muette comme une mer étale. La surcharge de travail, les urgences, la routine, l’atmosphère négative, le harcèlement, le manque de valorisation sont quelques exemples lancés par le groupe d’employés syndiqués venus entendre le psychologue parler du plaisir et de la satisfaction au travail.
«La plus grande source de stress est le sentiment d’impuissance, réelle ou imaginaire, a expliqué M. Vachon au début de son intervention. Remarquez comme la plupart des exemples que vous avez donnés renvoient à des “tueurs” de plaisir sur lesquels vous avez peu d’influence.» Pour lui, le stress qui sert normalement à agir peut engendrer des tensions s’il y a une accumulation d’énergie dans la journée. «C’est pourquoi certaines personnes font une crise aussitôt arrivées à la maison», a signalé le cofondateur de la firme Oserchanger.com.
À son avis, il y a six besoins à satisfaire pour éprouver du plaisir au travail: le confort, la variété, la reconnaissance, la communication, la contribution et l’évolution. «Mais il n’en tient souvent qu’à vous d’introduire cet état d’esprit dans votre quotidien», a indiqué le conférencier.
«Le pire est à venir»
Le visage du travail a beaucoup changé ces dernières années, a admis M. Vachon. «La charge de travail augmente, les contraintes sont plus grandes, les règles du jeu se modifient, sans compter qu’il faut parfois naviguer dans un climat morose qui rend plus difficile la mobilisation. Tout cela met à rude épreuve les capacités d’adaptation des travailleurs et les oblige à chercher et à concevoir des moyens nouveaux pour se ressourcer et pour contrer les effets pernicieux du stress.»
Nous sommes tous confrontés à cela, a rappelé le psychologue. «Pourquoi certains semblent s’en sortir mieux que d’autres? Ils ne sont pas tombés dans la potion quand ils étaient petits ni ne sont nécessairement doués génétiquement. En fait, ils réussissent à se mettre dans des états d’esprit dynamisants. Ils ont élaboré des stratégies afin de modifier leur perception des choses et des gens, changer leur perspective, recadrer les situations par des questions qui fixent leur attention sur leurs ressources, leur pouvoir et le côté drôle de la vie.»
Avoir des croyances «aidantes» favorise cet état d’esprit, selon le psychologue qui possède plus de 25 ans d’expérience comme enseignant et formateur de groupe. «Pour réagir activement, il faut être persuadé que nous pouvons faire quelque chose, a-t-il signalé. Nous devons également admettre notre responsabilité dans ce qui nous arrive et notre responsabilité dans la manière de nous en sortir. Adopter l’attitude défaitiste ou pitoyable de la victime, attendre que le temps arrange les choses, blâmer les autres sont des comportements qui attirent les problèmes et ne les règlent surtout pas.»
D’après lui, des phrases comme «On n’a encore rien vu», «L’avenir est bouché», «Il faut être réaliste», «Le pire est à venir» font également trop souvent partie de notre langage. «Partout, on ne fait qu’imaginer le pire et, ma foi, à force de l’imaginer, il risque probablement de se produire.»
Par ailleurs, l’humour, selon M. Vachon, est une excellente arme contre le stress et la déprime. Il est malheureusement sous-utilisé au travail. «En plus de ses vertus thérapeutiques, a affirmé le psychologue, l’humour détend et aide à passer à travers les problèmes.» Lorsqu’on rit, on note d’ailleurs une altération du tonus musculaire et des modifications de l’activation cérébrale.
Après un peu plus d’une heure de ce rappel à rire, l’homme a conclu sur une recommandation: «Chaque jour, essayez de trouver du temps pour une pause humour et recherchez activement les occasions de vous dilater la rate.»
Plus de 100 participants
Une centaine de personnes, principalement des membres du syndicat des employés et du syndicat des employés d’entretien, s’étaient déplacées pour venir entendre M. Vachon. Une dizaine d’entre elles ont assisté à la conférence en direct de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe grâce à une transmission vidéo.
Pour Hélène Lavigne, coprésidente du Comité paritaire de santé et de sécurité au travail du syndicat des employés de l’Université, section 1244, cette rencontre a été un succès tant sur le plan de la participation que sur celui de la pertinence du sujet. «Une de nos priorités, cette année, est de trouver les moyens de contrer la morosité qui vient parfois avec la charge de travail de plus en plus grande, fait-elle remarquer. En choisissant le thème du plaisir et de la satisfaction au travail pour notre conférence annuelle, nous voulions signifier que cela était un besoin sérieux.»
Dominique Nancy