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André Caillé |
Lors de sa réunion du 4 avril dernier, l’Assemblée universitaire m’a invité à l’informer des raisons qui ont motivé le Conseil de l’Université à nommer M. Luc Vinet recteur de l’Université.
Dans un esprit de collaboration entre les deux corps universitaires qui, selon la Charte, concourent à la nomination du recteur, je donne suite à cette invitation en y répondant par écrit.
Vous comprendrez cependant qu’à l’instar du comité de consultation, dont seules les parties publiques du rapport ont été transmises aux membres de l’Assemblée, soit celle décrivant le déroulement de la consultation et celle présentant les défis et enjeux des prochaines années, je devrai, en vertu des obligations qui me sont imparties par la Loi sur l’accès à l’information, garder confidentiels les renseignements de nature nominative. Il faut reconnaitre à cet égard que tant le comité de consultation que le Conseil ont un devoir de réserve qui limite, à bon droit, la capacité de l’un et l’autre à faire preuve d’une complète transparence. C’est là l’essence même de tout processus de nomination.
Je tiens à rappeler que le Conseil de l’Université, avant que débute le processus de nomination, avait jugé opportun de communiquer à la communauté universitaire quelques éléments de réflexion sur les défis majeurs de l’Université au cours des prochaines années. Parmi ceux-ci, le Conseil en retenait quatre qui lui paraissaient d’une importance capitale si l’on veut que l’Université continue d’offrir à ses étudiants un milieu exceptionnel de formation professionnelle et scientifique: le défi des ressources humaines, le défi financier, le défi de l’adaptation des structures académiques et le défi de l’internationalisation. Il concluait comme suit:
L’Université ne peut et ne doit pas se voir comme une université parmi d’autres. Il s’agit du vaisseau amiral des universités québécoises et de la deuxième université en importance au Canada. Ses orientations, ses prises de position, ses actions doivent influer sur l’ensemble du développement universitaire québécois et canadien. L’Université de Montréal ne peut se contenter de bien faire, elle doit aussi bien faire connaitre ce qu’elle est et ce qu’elle veut devenir.
Par ailleurs, dès le début du processus, le Conseil, comme l’avait fait l’Assemblée universitaire, a donné son accord aux critères pour le choix du recteur ou de la rectrice proposés par le comité de consultation, à savoir crédibilité, leadership mobilisateur, expérience de gestion stratégique, capacité de promouvoir l’Université et ouverture au pluralisme.
Les membres de l’Assemblée universitaire ayant en leur possession les parties publiques du rapport du comité de consultation, ils peuvent s’y référer pour connaitre le détail des travaux menés par le comité de consultation jusqu’au moment où il a transmis, puis présenté, son rapport au Conseil, à la réunion du 14 mars.
La rencontre du comité avec le Conseil s’est faite en deux temps. Il y a eu d’abord une présentation d’une demi-heure par la présidente du comité de consultation, Mme Irène Cinq-Mars, suivie d’une période au cours de laquelle les membres du Conseil ont pu obtenir des membres du comité toutes les informations qu’ils souhaitaient avoir au sujet des défis et enjeux, sur la recommandation du comité et celle de deux membres présentée en addendum du rapport, enfin sur les trois personnes dont le comité présentait une analyse des mérites respectifs. Cet échange a duré environ deux heures. Le comité a donc eu l’occasion de faire valoir tous les arguments en faveur de sa recommandation.
Par la suite, le Conseil a décidé d’inviter Mmes Suzanne Fortier et Mireille Mathieu et M. Luc Vinet à le rencontrer le lendemain, soit le 15 mars. À cette occasion, chaque candidat était invité à exposer ses vues des défis de l’heure et à faire valoir les raisons pour lesquelles le Conseil devrait le nommer au poste de recteur ou de rectrice. Chacune des entrevues a duré de une heure et demie à deux heures et a permis au Conseil de bien apprécier les personnes en présence.
Finalement, le Conseil a délibéré le samedi 19 mars en avant-midi, et ce, pendant trois heures. Ses délibérations ont essentiellement permis au Conseil d’apprécier le contexte dans lequel devait s’insérer la plus importante décision pour l’avenir de l’Université que constituait à ses yeux la nomination d’un recteur ou d’une rectrice.
Pour ce faire, il s’est basé sur le document de réflexion mentionné ci-dessus, les critères retenus, le rapport du comité de consultation et les échanges qu’il a eus avec ses membres ainsi que ses rencontres avec les candidats en lice.
Puisque le choix du Conseil s’est porté sur une personne qui n’avait pas été recommandée par le comité, et comme le prévoient les statuts, le Conseil a consulté le comité sur ce choix. Sa présidente a alors fait valoir que le processus de nomination conférait au Conseil le pouvoir de nomination, que les travaux du comité en étaient une des étapes, que le comité se ralliait à cette décision et que la communauté universitaire, lui semblait-il, s’y rallierait. Le comité s’est retiré et le Conseil a alors adopté une résolution unanime de nomination de M. Luc Vinet à titre de recteur.
Une fois le vote secret tenu et la décision prise, c’est en ces termes que le Conseil convenait d’annoncer la nomination de M. Luc Vinet à ce poste.
La décision du Conseil de l’Université reflète son évaluation de la conjoncture québécoise et canadienne dans laquelle l’Université de Montréal aura à évoluer au cours des prochaines années.
Le chancelier Caillé a rappelé que les défis qui attendent l’Université de Montréal au cours des prochaines années sont considérables. Il a mentionné, au titre de ces défis, le sous-financement aigu des universités de recherche québécoises et de l’Université de Montréal en particulier; le recrutement de professeurs de haut calibre qui doit se faire dans un contexte de pénurie internationale; la nécessité d’assurer une présence forte de l’Université de Montréal dans les forums nationaux et internationaux afin de multiplier les partenariats porteurs. M. Caillé s’est dit persuadé que M. Vinet saura permettre à l’Université de Montréal d’affronter tous ces défis en améliorant encore la position de leader qu’elle assume tant au Québec qu’au Canada.
Pour ma part, j’y vois la seule explication possible du vote que j’ai qualifié publiquement de «nettement majoritaire» du Conseil à l’endroit de la candidature de M. Luc Vinet.
Cet appui confirme que le Conseil en est venu à la conclusion que M. Luc Vinet répondait davantage, à ses yeux, aux critères retenus et saurait relever avec compétence les défis de l’heure et ceux à venir compte tenu de l’expérience qu’il a acquise dans ses fonctions antérieures, notamment à titre de provost de l’Université McGill, et de sa connaissance des milieux universitaires ainsi que des forums où se discutent et se décident les priorités en matière d’orientation et de financement des universités, et ce, tant au Québec qu’au Canada.
Dans ces circonstances, j’invite la communauté universitaire, comme l’a fait l’Assemblée universitaire à sa réunion du 4 avril, à accueillir le nouveau recteur, M. Luc Vinet, et, citant les membres professeurs du Conseil à offrir sa pleine collaboration au nouveau recteur et contribuer à bâtir avec lui l’Université de Montréal qui nous convient et dans laquelle chacun aura sa place.
Je vous prie d’agréer, mesdames, messieurs, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Le chancelier,
André Caillé
NDLR. Ce texte suit les règles de la nouvelle orthographe, comme l’ensemble du journal.