Édition du 2 mai 2005 / volume 39, numéro 29
 
  Oui, le nouveau pape est traditionnel
Les critiques trop sévères sur le pape ne sont pas appréciées à la télévision, note le professeur Jean-Claude Breton

Jean-Claude Breton

Quelle que soit la lorgnette par laquelle on observe le nouveau pape, Benoît XVI, force est de constater qu’il est en rupture avec ce qui se passe sur trois continents. Tel est l’avis de Jean-Claude Breton, professeur à la Faculté de théologie et de sciences des religions. «Il s’agit d’un pape pour l’Europe.» Et même là, «la population en général ne se sentira pas interpellée par ce pape qui est en porte-à-faux avec la société moderne».

Le professeur Breton ne partage pas les espoirs de ceux qui suggèrent que le pape pourrait être très différent du cardinal Joseph Ratzinger, connu pour son conservatisme et son intransigeance sur les grands débats que sont l’ordination des femmes, les mariages homosexuels et la distribution de préservatifs en Afrique, où sévit le sida.

Le nouveau pape n’a manifestement pas le charisme de son prédécesseur. Mais cela réjouit plutôt le professeur de théologie, qui croit que l’équilibre entre l’Église et le pape pourra plus facilement être rétabli. «Nous avions un pape plus populaire que son institution. Or, l’Église, c’est une communauté», rappelle-t-il.

Mais avant même de voir quelle marge de manœuvre le nouveau souverain pontife donnera à l’Église, un premier indice sera fourni quant à son style de pontificat avec la nomination des dirigeants des différentes congrégations romaines, à commencer par la Congrégation pour la doctrine de la foi, que présidait le cardinal Ratzinger avant son élection. Les yeux sont également tournés vers la congrégation sur l’œcuménisme, où se discutent les questions de dialogue interreligieux et qui a jusqu’à maintenant été dirigée par un cardinal allemand qui s’est à maintes reprises distancé de Mgr Ratzinger.

Une intelligence supérieure

Par ailleurs, tous s’accordent sur le fait que Benoît XVI est un grand intellectuel, plus fort sur ce plan que son prédécesseur. Mais de là à dire que cette intelligence se traduira par une conversion dans le sens de l’ouverture, Jean-Claude Breton est loin d’en être certain. «C’est beaucoup demander au Saint-Esprit», déclare-t-il. Cela dit, le premier discours du nouveau pape, sur la volonté de faire des gestes concrets en faveur du dialogue entre les religions, était beaucoup plus ouvert que son discours ayant précédé son élection, sur les dangers du relativisme.

Mais essentiellement, le professeur Breton juge que la vraie conversion du pape a eu lieu au début des années 70. Estimant avoir fait preuve d’une trop grande naïveté dans ses prises de position plus libérales, le religieux, expert du concile Vatican II, avait alors jugé nécessaire de revenir à des valeurs plus sures, plus traditionnelles, pour protéger l’Église. 

Impact sur les facultés

L’arrivée d’un nouveau pape peut-elle avoir un impact sur les facultés de théologie? Après tout, le cardinal n’a-t-il pas un droit de regard sur la formation des futurs prêtres et agents de pastorale? «Peut-être à certains endroits où le cardinal est une courroie de transmission des directives romaines, mais là où l’évêque est davantage responsable de cette formation, comme c’est le cas chez nous, je ne vois aucun problème», souligne M. Breton.

Le professeur précise qu’il est déjà arrivé par le passé que le cardinal Jean-Claude Turcotte prenne bonne note des suggestions de Rome mais sans les appliquer.

M. Breton, qui est directeur du magazine Présences et qui s’exprime régulièrement sur les ondes de Radio Ville-Marie, a été très sollicité par les médias nationaux au cours des dernières semaines. Et il n’est pas loin de conclure que les médias, malgré tout le sens critique qui les anime, n’aiment pas que les observateurs et experts critiquent la papauté.

«Possiblement parce que les lieux qui soutiennent l’espoir ne sont pas très nombreux», propose-t-il.

Paule des Rivières



 
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