Édition du 16 mai 2005 / volume 39, numéro 30
 
  «C’est le temps de partir»
- Robert Lacroix

Robert Lacroix

Aucun regret. Aucune nostalgie. «Lorsqu’on a eu une carrière satisfaisante, dit Robert Lacroix, on n’est pas en manque.» N’empêche. C’est avec «un peu de peine» que, le 27 mai prochain, le recteur fermera une dernière fois la porte de son bureau «pour me réapproprier ma vie».

«Pendant sept ans, nous avons réussi à injecter une bonne dose d’adrénaline à la communauté, commente-t-il au cours d’une entrevue récente à Forum. Nous avons pris des risques. J’ai été à la limite.» Il ajoute: «Quand les gens commencent à deviner comment vous allez réagir dans telle ou telle situation, c’est le temps de partir.»

En 1998, lorsque M. Lacroix a pris le fauteuil de recteur, personne n’aurait su dire à quel point il allait «brasser la cage». Les compressions budgétaires étaient considérables et la communauté, affectée par les mises à pied, était démoralisée. Son premier discours, dans lequel il exhortait les uns et les autres à entreprendre la relance de l’établissement au lieu de se complaire dans la morosité, a eu l’effet d’un choc. Mais le coup a porté puisque bientôt des révisions de programmes ont été mises en branle et, de manière générale, tous ont travaillé à rendre l’Université plus pertinente. N’oublions pas que l’établissement avait perdu 5000 étudiants au cours des années 90. Sept ans plus tard, elle en compte 8000 de plus.

La recherche a également pris son envol – les fonds de recherche ont doublé depuis 1998 – et un terme fut mis au fameux exode des cerveaux. L’Université a profité pleinement de la Fondation canadienne pour l’innovation et, surtout, des chaires de recherche du Canada, annoncées dans le discours du trône de l’automne 2000. Et si ces chaires ont vu le jour, c’est beaucoup grâce à Robert Lacroix, qui, le premier, en a eu l’idée.

Et maintenant?

M. Lacroix compte retourner au CIRANO, où, déclare-t-il, il retrouvera ses amis ainsi qu’un milieu de recherche proche de ses racines. Il se dit également prêt à accepter des mandats publics (municipal, provincial, fédéral) correspondant à ses compétences si des offres sont faites en ce sens. Dans un an, il verra plus clair quant à son avenir. Mais, répète-t-il, «je ne veux pas faire de la politique».

Il faut dire que le poste de recteur requiert une disponibilité aussi grande que celle attachée à la fonction purement politique. Pourtant, pour M. Lacroix, ce ne sont pas les 12 heures quotidiennes de travail qui sont difficiles, ce sont «les soucis». «Vous pensez à de grosses affaires qui vous préoccupent et vous n’avez pas le temps de penser aux petites choses.» Pourtant, poursuit-il, «ce sont les petites choses de la vie qui font le bonheur de tout le monde». Bref, M. Lacroix entend reprendre le temps perdu à ce chapitre.

Mais si Robert Lacroix s’en va à mi-chemin de son second mandat, c’est avant tout parce qu’il est convaincu que «c’est très sain d’avoir un nouveau discours.» Il renchérit: «Ça dépend de ce que vous voulez faire. Je ne suis pas venu ici pour administrer l’Université. Je suis venu pour la faire évoluer et pour réaliser des choses. Dans cet esprit, vous ne pouvez pas penser que vous allez durer 10 ou 15 ans.»

Au cours des sept dernières années, le recteur s’est beaucoup employé à développer et à vanter ce qu’il appelle l’économie du savoir. Il a aussi voulu que l’Université soit mieux ancrée dans son «environnement sociétal», car, fait-il remarquer, «cela nous donne des paramètres de décision, des grilles d’analyse».

Il ne s’en trouvera pas beaucoup pour contester le fait qu’avec M. Lacroix l’Université a étendu son rayonnement et accentué sa présence au sein de la société. Et, s’il n’en tient qu’au recteur, les efforts pour que «les gens sachent que nous sommes partout» devraient se poursuivre.

Paule des Rivières



 
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