Dans des conditions particulières, certains plastiques
peuvent devenir de formidables conducteurs électriques,
voire des supraconducteurs. Des physiciens commencent à
s'intéresser de près aux facteurs capables
de conférer aux polymères des propriétés
fondamentales si extraordinaires. Michel Côté
est un de ces chercheurs. Le plus jeune professeur du Département
de physique de l'Université de Montréal est
spécialisé dans le calcul et la simulation
numériques des propriétés des matériaux
organiques (constitués d'éléments de
carbone). Grâce aux ordinateurs de calcul à
haute performance, il peut créer à l'infini
des matériaux organiques inédits... mais virtuels.
«Imaginez : je conçois des objets qui n'existent
pas encore dans la réalité, ou, s'ils existent,
c'est en si petite quantité qu'on l'ignore.»
Une molécule, le C 60, a été créée
de cette façon en 1985 au Texas par Robert Curl,
Harold Kroto et Richard Smalley, qui ont obtenu le prix
Nobel de chimie en 1996 pour leur découverte.
Ce fullerène est une forme tellement rare de composé
carbonique qu'on le croyait inexistant dans l'Univers jusqu'à
ce qu'on le retrouve, en traces infinitésimales,
sur des fragments de météorites.
Selon Michel Côté, la plasticité des
molécules de carbone rend désormais possible
la création de nouveaux matériaux qui pourraient
intéresser grandement l'industrie électronique.
Il croit qu'une révolution dans le domaine des écrans
d'ordinateurs et des écrans géants utilisés
par les entreprises publicitaires pourrait survenir à
moyen terme. «Ces matériaux émettant
naturellement dans le bleu, poursuit-il, on complète
ainsi, avec le jaune et le rouge, le trio des couleurs fondamentales,
ce qui ouvre la porte à la reproduction sur écran
de l'infinité des couleurs, et ce, à des coûts
minimes par rapport aux matériaux traditionnels.»
Mais il reste du chemin à faire avant d'en arriver
là. On ne connaît pas encore avec précision
les facteurs qui déterminent les propriétés
électroniques de ces nouveaux matériaux. On
ne sait toujours pas, par exemple, comment voyage exactement
l'électron dans les matériaux organiques.
«L'interaction entre les trous et les électrons
est plus forte, mais cela ne permet pas encore de définir
le processus de déplacement des électrons
lorsque ceux-ci sont excités et qu'ils se déplacent
un peu partout entre les atomes, comme si l'espace interatomique
était un milieu en soi, une espèce de "Jello"
dans lequel baignent les noyaux», ajoute le chercheur.
Lié au Groupe de physique numérique de l'UdM,
le physicien de 31 ans, fraîchement diplômé
de l'Université de la Californie à Berkeley
et de l'Université de Cambridge (en Angleterre),
poursuit ses travaux en collaboration avec le groupe de
Mario Leclerc, de l'Université Laval.
Chercheur : Michel
Côté
Téléphone : (514) 343-5628
Financement : Conseil de recherches en sciences naturelles
et en génie, Fonds québécois de la
recherche sur la nature et les technologies, Fondation canadienne
de l'innovation