Un jeune chercheur en sciences neurologiques de l'Université
de Montréal, Alex Desautels, vient de réaliser
une percée majeure dans la compréhension du
syndrome d'impatiences musculaires de l'éveil (Restless
Leg Syndrome ou RLS) : la découverte, sur le chromosome 12,
d'une région contenant le gène de susceptibilité
de cette maladie. «J'estime qu'il s'agit de la découverte
la plus importante du syndrome depuis que nous l'étudions»,
dit le Dr Jacques Montplaisir, directeur du Centre
du sommeil et des rythmes biologiques de l'Hôpital
du Sacré-Cur de Montréal et l'un des
pionniers des recherches sur les maladies du sommeil.
«Nous avons observé une région spécifique
chez tous les sujets atteints», affirme Alex Desautels,
qui a publié ses résultats dans la revue American
Journal of Human Genetics. Le chercheur précise
que la découverte de cette région candidate
permet d'envisager la découverte prochaine du gène
responsable. Pour prendre un exemple concret, disons que,
si le génome est la planète terre, on a trouvé
non seulement le continent et le pays, mais aussi la ville
où est situé le gène. «Nous nous
rapprochons du but», dit le chercheur.
Actuellement, les personnes qui souffrent de ce mal très
répandu n'ont accès à aucun test biochimique
permettant de diagnostiquer leur pathologie. Les médecins
doivent se fier aux signes cliniques pour l'authentifier.
Avec la découverte du gène de susceptibilité,
il est possible d'envisager l'élaboration d'un test
sanguin qui permettrait le diagnostic. En plus d'éprouver
de la difficulté à s'endormir, les personnes
atteintes du RLS ont en général un sommeil
agité et peu réparateur. Elles ont littéralement
des fourmis dans les membres inférieurs. Des fourmis
qui s'activent le plus souvent au moment de se mettre au
lit. C'est pourquoi on les voit marcher le long des allées
dans les avions ou arpenter les corridors des cinémas
durant la projection. Plus de 350 000 Québécois,
soit beaucoup plus de gens que dans le reste du Canada,
seraient atteints de façon majeure. C'est d'ailleurs
cette prévalence supérieure qui a permis à
l'équipe de traquer le gène, à partir
de l'étude d'une famille de Canadiens français
dont plusieurs membres souffraient de cette affection.
Peu connu du grand public, le syndrome des impatiences musculaires
de l'éveil serait la quatrième cause de consultation
dans les cliniques spécialisées dans les maladies
du sommeil. La plupart des gens en souffrent de façon
relativement bénigne, mais on a compté jusqu'à
13 000 sursauts en une seule nuit chez les cas
lourds.
Le chercheur Alex Desautels a une feuille de route déjà
imposante. Lorsqu'il effectuait sa maîtrise à
l'École d'optométrie de l'Université
de Montréal, il signait avec Christian Casanova et
d'autres collaborateurs un article dans la revue Nature.
Depuis, il a publié des articles dans plusieurs revues
internationales et participé à des rencontres
scientifiques. Il a obtenu depuis deux ans cinq bourses
d'excellence pour ses études de doctorat.
Chercheur : Alex
Desautels
Téléphone : (514) 761-6131, poste 2356
Financement : Instituts canadiens de recherches sur la santé