Des ambulanciers qui répondent à des appels
d'urgence dans un délai de 3,5 minutes en moyenne
alors que la norme fixée par Urgences-Santé
est de 7 minutes pour la région de Montréal,
voilà ce que suggèrent des spécialistes
du Centre de recherche sur les transports (CRT) de l'Université
de Montréal. Quand on pense que le temps d'intervention
fait souvent la différence entre la vie et la mort,
ces calculs valent leur pesant d'or.
Dans toutes les simulations effectuées par les logiciels
du CRT, les véhicules virtuels ont atteint leur cible
plus rapidement que le font les véritables ambulances.
La raison de ce succès tient principalement au redéploiement
plus efficace du parc de véhicules. Actuellement,
les véhicules sont réorientés «à
la mitaine» après avoir quitté le garage.
Les répartiteurs proposent les meilleurs sites pour
repositionner les véhicules libres selon l'endroit
où ils se trouvent et la provenance des appels. C'est
une opération qui doit se faire rapidement, mais
rien ne vaut l'efficacité des systèmes informatiques.
Les logiciels mis au point au CRT tiennent compte de contraintes
complexes.
«C'est une étude théorique, tient à
dire Michel Gendreau, directeur du CRT et l'un des auteurs
de l'article publié dans la revue Parallel Computing,
mais les premiers résultats de simulation sont très
encourageants.»
La répartition des véhicules d'urgence a fait
l'objet de plusieurs études dans le passé,
mais peu d'entre elles ont porté sur le redéploiement
de véhicules en activité. Cette variable devra
pourtant être de plus en plus considérée,
à mesure que les véhicules disposeront de
système de localisation par satellite (GPS). De plus,
rien n'empêche de créer une version de ce logiciel
pour d'autres véhicules d'urgence comme ceux des
patrouilles de police, d'entretien du réseau électrique,
voire des pompiers.
C'est en 1994 que des chercheurs du CRT, toujours à
l'affût de problèmes engendrés par le
transport, ont l'idée d'étudier le cas des
ambulances. Par la suite, Urgences-Santé, chargée
d'assurer le service dans la région de Montréal,
s'est intéressée aux travaux des chercheurs.
L'entreprise a fourni ses données et collaboré
à des simulations.
L'an dernier, une étudiante de l'Université
de Valenciennes, en France, Émilie Frot, est venue
étudier le problème particulier posé
par les véhicules de médecin d'urgence. Pour
toute la région de Montréal, Urgences-Santé
ne dispose que de trois médecins par quart de travail
le jour, deux le soir et un seul la nuit. Ces médecins
se déplacent dans une voiture avec gyrophare aux
couleurs de l'organisme mais qui ne peut transporter de
patients. Selon les appels, le médecin se dirige
vers les endroits où les interventions nécessitent
sa présence. Dans un travail de recherche postdoctoral,
Mme Frot a proposé une méthode de calcul qui
améliorerait la répartition de ces véhicules.
Chercheur : Michel
Gendreau
Téléphone : (514) 343-7435
Financement : Fonds de la recherche en santé du Québec
et Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie