Seulement 7,8 % des mères qui ont accouché
à Montréal en 1999 ont reçu la
visite d'une infirmière dans les 72 heures suivant
leur retour à la maison. Pourtant, la Régie
régionale de la santé et des services sociaux
de Montréal-Centre recommande que 100 % des
mères soient visitées dans les trois jours
qui suivent leur congé de l'hôpital. La Régie
recommande aussi que toutes les mères reçoivent
un coup de téléphone d'une infirmière
du CLSC dans les 24 heures suivant leur congé.
Au moment de l'enquête, seules 17 % des mères
ont été jointes à l'intérieur
de ce délai.
C'est ce qui ressort d'une enquête menée auprès
de 1158 femmes qui ont accouché dans l'un des
neuf centres hospitaliers de l'île de Montréal
au printemps 1999. Dirigée par la Dre Lise Goulet
et Danielle D'Amour, respectivement professeure agrégée
au Département de médecine sociale et préventive
et professeure adjointe à la Faculté des sciences
infirmières, et chercheuses au Groupe de recherche
interdisciplinaire en santé (GRIS) de l'Université
de Montréal, cette étude démontre que
les services de périnatalité n'ont pu s'adapter
à la diminution du séjour à l'hôpital
après un accouchement, une pratique découlant
du virage ambulatoire. Ce séjour est de 2,4 jours,
en moyenne, comparativement à 3,1 jours cinq
ans plus tôt.
L'étude menée par l'équipe du GRIS
met aussi l'accent sur la disparité des services.
Si 44 % des mères sont visitées par une
infirmière durant les deux premières semaines
suivant leur congé de l'hôpital, pour l'ensemble
de l'île, moins de 9 % des mères reçoivent
une visite dans certains quartiers de Montréal, contre
90 % dans d'autres quartiers. De plus, des dédoublements
de services ont été observés dans plus
de 50 % des cas, c'est-à-dire que les mères
ont reçu des services de l'hôpital et du CLSC
sans coordination apparente.
Selon les chercheuses, il y a d'abord un problème
de communication entre les CLSC et les centres hospitaliers.
«Les problèmes liés à la transmission
de l'information résultent de l'absence d'entente
entre les CH et les CLSC précisant les mécanismes
de coordination interétablissements, peut-on lire.
Les données recueillies auprès des gestionnaires
montrent que les ententes interétablissements sont
très rares et que les mécanismes de collaboration
(formation commune, socialisation) sont presque inexistants.»
Depuis la parution de l'étude, au printemps 2001,
plusieurs stratégies ont été proposées
de façon à améliorer l'efficacité
des services de suivi postnatal. Ce suivi est essentiel,
estiment les chercheuses, car il permet de dépister
les problèmes de santé et les problèmes
psychosociaux chez la mère et le nouveau-né,
de soutenir les mères qui allaitent et de favoriser
l'adaptation des parents à leur nouveau rôle.
Chercheur : Lise
Goulet
Téléphone : (514) 343-2442
tFinancement : Régie régionale de la santé
et des services sociaux de Montréal-Centre, Fondation
canadienne de la recherche sur les systèmes de santé,
Fonds de la recherche en santé du Québec,
hôpital Sainte-Justine, CHUM