Le commerce électronique permet au consommateur
dacheter des produits en provenance des quatre coins
du monde sans quitter son foyer. Mais quadvient-il
si le lecteur de disques compacts commandé à
un cybermarchand californien savère défectueux
à la livraison et si le commerçant refuse
de rembourser son client? Celui-ci doit-il engager un avocat
à 200 $ lheure? Le lecteur en vaut 150... US.
Karim Benyekhlef et Pierre Trudel, professeurs à
la Faculté de droit et chercheurs au Centre de recherche
en droit public de lUniversité de Montréal,
ont lancé en 1998 le Cybertribunal, un projet
qui visait à régler ce type de conflits directement
sur Internet. Le pari était audacieux : réunir
en ligne les parties opposées ainsi quun tiers
impartial, soit un médiateur virtuel. «Les
gens étaient sceptiques à lidée
quon puisse résoudre des conflits en ligne»,
se souvient le professeur Benyekhlef. Non seulement les
chercheurs ont confondu les sceptiques, mais ils viennent
de recevoir une subvention de la Commission européenne
pour concevoir la deuxième génération
de leur tribunal virtuel. En plus de susciter lintérêt
de certaines organisations internationales, le Cybertribunal
a réglé une centaine de différends.
Pour se prévaloir des services d<Ecodir.org>,
le site de résolution des conflits, le consommateur
remplit dabord un formulaire où il décrit
les détails de la transaction et les raisons de sa
plainte. Un courriel est ensuite envoyé au cybermarchand
afin de linformer de la démarche du consommateur.
Le cybermarchand est invité à présenter
sa version des faits. Les parties peuvent sentendre
dès cette étape, affirme le professeur Benyekhlef.
Mais si le conflit senlise, un médiateur est
invité à participer aux échanges et
à proposer des solutions. Si les discussions séternisent,
le médiateur fait alors une recommandation plus pressante.
Le médiateur provient toujours dun pays tiers.
Les chercheurs de lUniversité de Montréal
collaborent avec des collègues français, belges,
irlandais, espagnols et allemands.
Aucune des deux parties nest tenue de se plier à
la recommandation du médiateur, mais le cybermarchand
à tout intérêt à collaborer,
sans quoi le consommateur floué peut le dénoncer
sur le Web, ce qui risque de nuire à sa réputation.
Actuellement, les services offerts par le tribunal virtuel
sont gratuits. Le financement de la CE et le travail
bénévole des médiateurs assurent laccessibilité
au service. «Le paiement de frais modérateurs
est envisagé pour éviter les plaintes frivoles,
mais nous voulons que le service demeure abordable pour
les petits consommateurs.»
Chercheur : Karim
Benyekhlef
Téléphone : (514) 343-7451
Financement : Commission européenne