Lassistant de recherche du laboratoire dimagerie
médicale de lInstitut de génie biomédical
de lUniversité de Montréal se présente
devant le journaliste avec 17 électrodes collées
autour du thorax. On branche quelques fils et soudainement,
sur lécran, on peut voir les poumons du sujet
se gonfler et se dégonfler au rythme de sa respiration.
Même le flux sanguin au cur est perceptible
entre les lobes. Limage est dune netteté
saisissante.
«Lair est un très mauvais conducteur
électrique, et le sang a une conductivité
de beaucoup supérieure à celle dun organe
comme le poumon, explique Robert Guardo, professeur au Département
de génie électrique de lÉcole
Polytechnique. En appliquant des courants de très
faible amplitude de part et dautre du corps, on peut
reproduire sur écran ces variations électriques
sous la forme dimages.»
Cela sappelle «imagerie par tomographie dimpédance
électrique». Le professeur Guardo travaille
à la mise au point de ce système depuis 15 ans.
Aujourdhui, il est prêt à passer à
la commercialisation de cet appareil, quil a conçu
de A à Z. «Une des applications cliniques
dun tel système est dassurer le monitorage
des patients aux soins intensifs», explique-t-il.
Si un dème atteignait les poumons, la conductivité
serait différente et lon verrait à lécran
son effet sur la respiration.
La tomographie par impédance électrique est
une technologie initialement conçue pour la caractérisation
des sols en géophysique, par exemple pour repérer
les gisements miniers. Elle est aussi utilisée dans
le secteur industriel, notamment pour linspection
non destructive des matériaux. Sur un autre terrain,
elle a démontré son efficacité pour
détecter les mines antipersonnel. Dans le domaine
biomédical, on commence tout juste à exploiter
son potentiel et lInstitut de génie biomédical
est le seul endroit au Canada à se pencher sur tous
les aspects : instrumentation, essais in vivo,
logiciels. «La technique est promise à un bel
avenir, estime le professeur Guardo. Elle est non effractive
et ne présente aucun inconfort pour le patient. De
plus, linstrumentation nécessaire est relativement
peu coûteuse et peu encombrante. Enfin, elle produit
des images en temps réel jusquà
24 images par seconde avec une résolution
comparable à léchographie.»
Éventuellement, lappareil mis au point à
lÉcole Polytechnique par le professeur Guardo
sera commercialisé pour soutenir les systèmes
de ventilation assistée et de monitorage.
Chercheur : Robert
Guardo
Téléphone : (514) 340-4711, poste 4365
Financement : Conseil de recherches en sciences naturelles
et en génie, Fondation canadienne pour linnovation