LUniversité de Montréal prend part
à la plus vaste recherche épidémiologique
à avoir jamais été menée sur
les effets cancérigènes présumés
des radiofréquences émanant des téléphones
cellulaires. Cette recherche sétend dans 13 pays
et regroupe plus de 10 000 utilisateurs de téléphones
mobiles qui présentent des symptômes de cancer.
«Notre étude permettra détablir,
sil y a lieu, un lien statistique entre lutilisation
de ces téléphones et quatre types de cancers,
dont celui du cerveau», explique Jack Siemiatycki,
directeur de la Chaire de recherche en épidémiologie
environnementale et santé des populations et responsable
du volet montréalais de cette étude effectuée
parallèlement à Ottawa et Vancouver. Spécialiste
de la méthodologie épidémiologique,
Jack Siemiatycki est lun des grands experts canadiens
des causes exogènes de cancers, spécialement
en milieu professionnel.
Coordonnée par lAssociation internationale
de recherche sur le cancer (un organisme issu de lOrganisation
mondiale de la santé), la recherche sest amorcée
en janvier 2000 et se poursuivra durant quatre ans.
«Le moment est bien choisi pour entamer une telle
étude, affirme Jack Siemiatycki. Plus tôt,
la latence, cest-à-dire le temps écoulé
entre lexposition aux radiofréquences et le
développement supposé dun cancer, aurait
été insuffisante; et plus tard, la technologie
aurait été trop répandue dans la société
pour quil soit possible de constituer des groupes
témoins de qualité, soit des groupes dindividus
complètement non utilisateurs du téléphone
cellulaire.»
À léchelle planétaire, on estime
que, au cours de la dernière décennie, le
nombre des usagers du téléphone mobile est
passé de moins de 1 million à près
de 200 millions de personnes. Pourtant, à ce
jour, peu détudes significatives ont analysé
les conséquences sur la santé de ce nouveau
mode de communication. Lune comptait 800 sujets
et a été menée aux États-Unis
par le National Institute of Health; une autre, suédoise
celle-là, avait étudié 219 personnes.
Dans les deux cas, on na pas relevé dassociations
statistiquement significatives entre cancer et téléphonie
sans fil. «On a toutefois observé dans une
autre étude une augmentation de lincidence
de lymphomes, associée à lexposition
aux radiofréquences, chez une souche de souris génétiquement
prédisposée à développer ce
type de cancer. Mais lextrapolation de ces observations
à des cancers humains nest pas claire pour
linstant», dit lépidémiologiste.
Que sait-on des radiofréquences propre aux téléphones
cellulaires? «La source des radiofréquences
de très faible intensité est lantenne
interne des appareils, qui reçoit et émet
les signaux vocaux, explique Jack Siemiatycki. Le fonctionnement
de cette antenne atteint une zone très restreinte
de la tête, qui correspond à un volume de 5
cm3. Mais encore là, de nombreuses variantes
peuvent influer sur le taux dexposition : le type
de technologie cellulaire employée (analogique ou
numérique), le design de lappareil, lutilisation
à lextérieur ou à lintérieur
des habitations, etc. Chacune a des conséquences
sur le niveau dexposition, mais leur cumul est encore
incalculable pour le moment.»
Chercheur : Jack
Siemiatycki
Téléphone : (514) 890-8166