Les enfants uniques manifestent plus de comportements hyperactifs
que ceux qui ont un ou plusieurs frères et surs.
À des degrés divers, ils remuent sans cesse,
sont incapables de se concentrer, sont impulsifs, ont de
la difficulté à attendre leur tour dans un
groupe et sont inattentifs. «Cest particulièrement
vrai des garçons de quatre à neuf ans»,
signale Jacques Marleau, dont la thèse de doctorat
déposée récemment à la Faculté
de médecine de lUniversité de Montréal
portait sur les caractéristiques comportementales
des enfants selon la taille et le rang de la naissance dans
la fratrie.
Toutefois, lorsquun enfant a un frère ou une
sur, il présente plus de symptômes dagressivité
que sil vit seul avec ses parents. Il se bagarre alors
plus souvent, menace les autres et cherche à les
frapper, les mordre ou leur donner des coups de pied. Ainsi,
les enfants uniques seraient moins agressifs que les enfants
non uniques. Dans les familles de deux enfants, les symptômes
dhyperactivité se déplacent vers le
cadet, tandis quon observe plus souvent chez laîné
des symptômes de troubles intériorisés
(angoisse, inquiétude, tristesse).
Pour parvenir à ces résultats, Jacques Marleau
a analysé, avec laide de Jean-François
Saucier, professeur au Département de psychiatrie,
les données de lEnquête longitudinale
nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ), qui a permis
de recueillir en 1994 et 1995 des renseignements sur
23 000 enfants canadiens de 0 à 11 ans.
Léchantillon utilisé par M. Marleau
pour ses différents travaux comptait 9400 enfants
dont environ 8% étaient uniques. Léchantillon
a été limité aux enfants nés
des mêmes parents vivant toujours ensemble. LELNEJ,
véritable mine dor pour des chercheurs comme
Jacques Marleau qui possède une triple formation
en anthropologie, démographie et sciences biomédicales,
contient de linformation très précise
sur les comportements des enfants et sur leurs rapports
avec leurs parents. Grâce à des questions sur
lattitude de la mère à légard
de lenfant, le chercheur a découvert que les
mères ont en moyenne un plus grand nombre dinteractions
positives et moins dinteractions hostiles ou punitives
avec les enfants uniques. Elles ont ainsi davantage tendance
à féliciter ces enfants, jouer, rire et partager
des loisirs avec eux quà élever la voix,
infliger des punitions corporelles ou se mettre en colère.
Pour M. Marleau, les enfants uniques occupent une place
particulière au sein des familles modernes. «Mon
étude ne proposait pas dexplication des phénomènes
observés. Jai tout de même une idée
là-dessus. À mon avis, lorsque les parents
nont quun seul enfant, ils sont moins enclins
à être autoritaires que sils en ont plusieurs.
Les garçons et les filles adoptent donc des comportements
moins encadrés, doù lhyperactivité.
Peut-être pourrait-on même attribuer la hausse
des prescriptions de Ritalin à une plus grande proportion
denfants uniques dans notre société
»
M. Marleau, aujourdhui chercheur à linstitut
Philippe-Pinel de Montréal, est lui-même un
enfant unique.
Chercheur : Jacques
Marleau
Téléphone : (514) 648-8461, poste 627