Selon la Société de lassurance automobile
du Québec, les conducteurs âgés de 75 ans
et plus sont responsables de seulement 4% des accidents
avec blessures. Cest peu comparativement aux conducteurs
de 16 à 24 ans, qui causent 25% des accidents
de ce type. Mais à y regarder de plus près,
le nombre daccidents est proportionnellement beaucoup
plus élevé chez les aînés si
lon tient compte du nombre de kilomètres parcourus
par année : ils occasionnent de 1,6 à 2,4 fois
plus daccidents que les conducteurs de 25 à
64 ans. Et ce sont des accidents qui impliquent généralement
plus dune voiture. Par comparaison, les jeunes ont
davantage daccidents dans les zones de grande vitesse,
mais leurs collisions impliquent habituellement une seule
voiture.
«Les erreurs les plus fréquentes des conducteurs
âgés sont domettre de céder le
passage et des difficultés à tourner à
gauche à un carrefour, affirme Geneviève Daigneault,
dont la thèse de doctorat en psychologie déposée
récemment à lUniversité de Montréal
portait sur les aînés et la conduite automobile.
Pour pallier leurs déficits, les personnes âgées
montrent souvent une prudence excessive qui les amène
à réduire leur vitesse. Mais cette attitude
ne permet pas de contrebalancer leurs réflexes plus
lents ni leurs difficultés dadaptation aux
situations imprévues.»
La neuropsychologue présente les conclusions de ses
travaux dans deux articles parus en 2002 dans la revue
Accident analysis and prevention et le Journal
of Clinical and Experimental Neuropsychology. Dans le
premier, elle analyse la relation entre les infractions
ou les accidents antérieurs et les risques potentiels
de provoquer dautres accidents. Dans le second, elle
livre les résultats dune étude sur 60 sujets
qui compare les fonctions cognitives, mesurées à
laide de tests neuropsychologiques, avec le nombre
daccidents et les habitudes routières. Ses
travaux menés sous la direction de Jean-Yves Frigon,
professeur au Département de psychologie, avec la
collaboration de Pierre Joly, chercheur au Centre de recherche
sur les transports, suggèrent quun sous-groupe
de conducteurs âgés (ceux ayant commis trois
accidents et plus au cours des 12 mois précédents)
éprouvent des problèmes de jugement qui ne
peuvent être compensés par des attitudes plus
sécuritaires sur la route.
Au Québec, le renouvellement dun permis de
conduire à lâge de 75 ans est conditionnel
à la réussite dun examen de la vision
et dun examen médical. Mais le médecin
nest pas toujours apte à diagnostiquer les
troubles sur le plan des fonctions exécutives, soit
les prédispositions mentales qui permettent de superviser
les mouvements et de prendre rapidement des décisions.
Or, des déficits marqués de ces habiletés
seraient à lorigine de nombreux accidents chez
les personnes âgées.
Pour Geneviève Daigneault, la question est préoccupante.
«On se fie essentiellement aux aptitudes visuelles
alors que la conduite automobile est une tâche complexe
qui suppose des capacités motrices et cognitives»,
affirme-t-elle.
Chercheuse : Geneviève
Daigneault
Téléphone : (450) 771-3333, poste 4363
Financement : Société de lassurance
automobile du Québec