Le Soleil est bien plus quune boule de feu suspendue
à 150 millions de kilomètres de la Terre.
Son activité magnétique en fait lélève
turbulent de notre environnement astral. Expert en modélisation
numérique, Paul Charbonneau tente de comprendre ce
qui se trame là-haut pour mieux expliquer ce qui
se passe sur le plancher des vaches. «Les taches solaires
sont une des manifestations les plus spectaculaires de lactivité
magnétique du Soleil, signale le titulaire de la
nouvelle chaire de recherche du Canada en astrophysique
stellaire. Quand elles entrent en éruption, plusieurs
milliards de tonnes de plasma sont éjectées
dans lespace à une vitesse vertigineuse. Si
léruption est dirigée vers la Terre,
les courants électriques de la haute atmosphère
peuvent être perturbés.» Résultat
: une multiplication des aurores boréales et un risque
accru de surcharge des lignes à haute tension. Il
arrive même que des satellites de télécommunication
«grillent» à la suite de ces incidents.
Le Soleil ne brille donc pas toujours avec la même
force. «La luminosité du Soleil varie en phase
avec son activité magnétique : quand celle-ci
est plus élevée, le Soleil est plus brillant
de 0,1 à 0,2%. Inversement, une plus faible
activité entraîne un assombrissement. Par ailleurs,
plus de 400 ans dobservation ont permis de démontrer
que lactivité magnétique du Soleil suit
un cycle régulier : tous les 11 ans, le nombre
de taches solaires augmente. Le dernier pic a eu lieu entre
la fin de lannée 2000 et le début
de lannée 2001.» Comme nous vivons
actuellement une période où lactivité
magnétique du Soleil est moyenne ni trop forte
ni trop faible , nous ne ressentons pas les effets
du cycle solaire sur notre climat. Mais il nen a pas
toujours été ainsi : «Vers les années
1645-1715, on a observé une baisse marquée
de la température. Or, les témoignages de
cette époque nous indiquent quon observait
très peu de taches solaires, signe dune faible
activité magnétique du Soleil.»
Au cours des dernières années, la recherche
sur lactivité magnétique du Soleil a
connu un essor sans précédent. «Nos
connaissances ont progressé à pas de géant
grâce aux nombreux satellites qui scrutent le Soleil
et transmettent quotidiennement des milliers de clichés
aux scientifiques», explique Paul Charbonneau. Mais
pour se dépêtrer dans cette quantité
«astronomique» dinformations, il faut
trouver des modèles mathématiques appropriés.
M. Charbonneau a développé une méthode
révolutionnaire : les algorithmes génétiques.
Inspirée des lois de lévolution, cette
méthode consiste en la comparaison dune centaine
de modèles complètement arbitraires avec les
résultats obtenus par observation. «On sélectionne
ensuite un sous-ensemble des meilleures solutions et on
les croise entre elles pour obtenir une nouvelle population
de solutions. Puis on recommence lopération
en sélectionnant chaque fois les meilleurs résultats,
jusquau modèle qui correspond le mieux à
la réalité.» Son logiciel, lancé
en 1995, a déjà été utilisé
dans des centaines de projets de recherche et peut être
appliqué à dautres disciplines, comme
lingénierie.
Après avoir travaillé 12 ans au prestigieux
National Center for Atmospheric Research du Colorado, cet
ancien étudiant du Département de physique
de lUniversité de Montréal effectue
un retour par la grande porte. On peut dire quil est
né sous une bonne étoile.
Chercheur : Paul Charbonneau
Téléphone : (514) 343-2300
Financement : Conseil de recherches en sciences naturelles
et en génie. Fondation canadienne pour linnovation.