Selon une étude de Mike Benigeri, chercheur au
Groupe de recherche interdisciplinaire en santé de
l’Université de Montréal, les adolescents
québécois de 13 et 14 ans considèrent
qu’avoir des caries n’est pas dramatique dans
la mesure où elles n’altèrent pas la
beauté de leur dentition. «Les adolescents
reconnaissent que le brossage des dents peut leur éviter
des caries, mais ignorent tout des autres méthodes
de prévention, précise M. Benigeri. S’ils
savent que les bonbons sont mauvais pour leurs dents, ils
ne réalisent pas que les boissons gazeuses sont tout
aussi néfastes. Et ils croient qu’aller chez
le dentiste pour un examen annuel ou s’y faire nettoyer
les dents prévient les caries. Ce qui n’est
pas le cas.»
Aucune étude n’avait sondé les adolescents
sur le sujet avant que M. Benigeri approche des jeunes de
13 et 14 ans des polyvalentes du Québec dans une
enquête de Jean-Marc Brodeur, du Département
de médecine sociale et préventive de l’Université
de Montréal. Il leur a soumis 46 questions auxquelles
plus de la moitié des 2000 adolescents abordés
ont répondu.
Même si les adolescents du Québec ont aujourd’hui
69 % moins de caries dentaires qu’il y a 30 ans, il
reste du chemin à faire, car à 14 ans trois
jeunes sur quatre ont au moins une carie. «Aujourd’hui,
les gens qui ont des dents de travers vont se les faire
arranger pour l’apparence», signale le chercheur.
À cet égard, les jeunes ne se distinguent
pas des adultes, qui sont de plus en plus nombreux à
envahir les cabinets de dentistes pour se faire blanchir
ou redresser les dents… et même s’y faire
poser des bijoux !
Autre surprise : de façon générale,
les adolescents — souvent les mieux nantis —
n’ont pas peur du dentiste. «Certains accordent
même une trop grande confiance au dentiste, s’en
remettant à lui pour qu’il s’occupe de
tout. Ils se disent que la visite chez le dentiste va compenser
leur mauvaise hygiène dentaire. En réalité,
mieux vaut aller moins souvent chez le dentiste, mais mieux
se brosser les dents.»
Cependant, selon l’enquête, 3 jeunes sur 10
sont encore anxieux devant le fauteuil du dentiste. Et ce
sont justement ceux qui ont le plus de caries (jusqu’à
deux fois plus). Extractions et obturations n’adoucissent
en rien leur mauvaise opinion du dentiste ! Comme ces adolescents
proviennent souvent de familles pauvres, les dentistes n’ont
pas tendance à leur proposer des méthodes
de prévention — les scellants dentaires, par
exemple —, que les parents refusent de toute façon
puisqu’ils n’ont pas les moyens de se les payer.
Pourtant, les scellants dentaires sont très efficaces.
Comparables à un vernis de plastique et appliqués
généralement sur les molaires permanentes
fraîchement apparues, les scellants recouvrent les
sillons dentaires où se forment 90 % des caries.
Ils peuvent tenir de trois à cinq ans, parfois plus,
ce qui laisse le temps à l’émail de
se solidifier et de mieux résister à la carie.
Chercheur : Mike Benigeri
Téléphone : (514) 286-6500, poste 5525
Groupe de recherche interdisciplinaire en santé :
(514) 343-6185
Courriel : mike.benigeri@umontreal.ca
Financement : Programme national de recherche et de développement
en matière de santé, Fonds de la recherche
en santé du Québec