Volume 40 - numÉro 8 - 17 octobre 2005 |
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Les PUM rééditent un livre à succès de la neuropsychologieL’ouvrage poursuit l’œuvre de l’illustre chercheur Mihai Botez
Au cours des quatre années de travail nécessaires à la rédaction de Neuropsychologie clinique et neurologie du comportement, signé par 94 auteurs et comptant 850 pages, Thérèse Botez-Marquard n’a jamais cessé de penser à feu son mari, Mihai Botez. «Il aurait surement réédité ce livre s’il était encore en vie. Cette publication lui rend hommage aujourd’hui», signale Mme Botez-Marquard, neuropsychologue clinicienne à l’Hôtel-Dieu de Montréal. Principale publication du médecin neurologue, Neuropsychologie clinique et neurologie du comportement a d’abord été publié en 1987. Destiné aux étudiants en médecine de l’UdeM, cet ouvrage spécialisé a connu un succès inespéré, au point où l’on a dû le rééditer en 1995 – et même la seconde édition est épuisée. C’est aux Presses de l’Université de Montréal qu’on doit la troisième version, revue et considérablement augmentée, notamment grâce aux soins du psychiatre Nicolas Bergeron. «La différence entre cette dernière version et les précédentes tient principalement dans l’insistance que nous avons mise sur la neuropsychiatrie. Les grands syndromes comme la schizophrénie, la dépression, la maladie bipolaire tiennent une place dominante dans cette nouvelle édition.» Celle-ci compte 51 chapitres sur la toxicomanie, le vieillissement, le délirium, les aphasies, etc. Environ le tiers des auteurs proviennent de l’Université. Certains, comme Franco Lepore et Jean Léveillé, étaient là dès la première version, mais plusieurs autres (Roger Godbout, Isabelle Peretz) y contribuent pour la première fois. Un personnageNicolas Bergeron a suivi les cours de Mihai Botez. «C’était tout un personnage, se souvient le jeune médecin. Il était coloré, passionné et très communicatif. Mais son bureau était dans un désordre indescriptible!» Originaire de Roumanie, Mihai Botez a fui son pays en 1970 dans des conditions dignes d’un film de James Bond. Sentant la tension politique monter, des informateurs lui ont fourni un passeport en lui conseillant de prendre au plus vite le train pour Vienne. Il s’est sauvé en compagnie de quatre autres neurologues, qui ont tous connu une carrière internationale par la suite. Le lendemain de leur fuite, l’armée roumaine frappait à leur porte pour les mobiliser. Le Dr Botez, qui avait déjà publié dans Brain, avait utilisé toutes sortes de subterfuges pour gagner de l’argent. Invité à des congrès, il écoulait des timbres rares qu’il cachait derrière ses textes de conférence. Puis, à l’époque où il vivait en France, il a remporté une petite fortune au casino, ce qui lui a donné les moyens d’acheter un billet d’avion pour le Canada. Arrivé à Montréal, il fait la connaissance de Thérèse Marquard, qui habite alors à New York. Au contact de cet homme plus âgé qu’elle, elle abandonne son métier de traductrice professionnelle (elle maitrise cinq langues) pour se réorienter en neuropsychologie. Elle est actuellement clinicienne et chargée de la formation clinique à la Faculté de médecine. Ils ont eu deux enfants. FrancophileFasciné par la neurologie du comportement et la neuropsychologie, dont il déplore le peu d’ouvrages spécialisés en français, Mihai Botez participe à l’essor de la recherche sur le cerveau à Montréal aux côtés de Wilder Penfield, d’Herbert Jasper et d’André Barbeau. En 1971, à la demande de ce dernier, il devient associé de recherche; de 1974 à 1986, il sera directeur du laboratoire de neuropsychologie de l’Institut de recherches cliniques de Montréal. Professeur titulaire de clinique neurologique au Département de médecine de la Faculté en 1972, il accepte les fonctions de chef du service de neurologie à l’Hôtel-Dieu de Montréal en 1979. Il deviendra ensuite associé au Centre de recherche en sciences neurologiques et au Département de psychologie de la Faculté des arts et des sciences. En 1987, ce francophile donne enfin aux étudiants québécois un manuel qui résume l’état des connaissances dans sa discipline. «C’était important pour lui de diffuser la science en français. C’est très satisfaisant de voir cette troisième édition», commente Mme Botez-Marquard, qui a été assistée dans son travail de direction par le neurologue François Boller, de l’INSERM, en France. Anecdote intéressante, un des fils du couple Botez, Stéphan A. Botez, qui travaille comme neurologue au Centre hospitalier universitaire vaudois, en Suisse, figure parmi les auteurs de cette édition. Il cosigne le chapitre sur le syndrome temporal avec son compatriote Julien Bogousslavsky. Mathieu-Robert Sauvé Thérèse Botez-Marquard et François Boller (dir.), Neuropsychologie clinique et neurologie du comportement, Montréal, PUM, 2005, 850 pages, 125$. |
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