Volume 40 - numÉro 21 - 6 mars 2006 |
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Un troisime colloque de l'OICMIl existe au Qubec une espce de pudeur vis--vis de tout ce qui est religieux, dit Sylvain Caron
Un troisime colloque interdisciplinaire de l'Observatoire international de la cration musicale (OICM) se tiendra la Facult de musique les 9, 10 et 11 mars sur le thme Musique, arts et religion dans l'entre-deux-guerres: la construction d'une culture en pays francophones. Cette fois-ci, c'est Sylvain Caron que revient l'ide de dpart du colloque, organis par un comit o il s'associe Michel Duchesneau, professeur adjoint la Facult et fondateur de l'OICM, et Gilles Routhier, un des grands chercheurs en histoire de l'glise au 20e sicle et professeur la Facult de thologie et de sciences religieuses de l'Universit Laval. Explorant depuis longtemps dj deux axes de recherche couverts par le colloque - la musique religieuse et la musique franaise sous la Troisime Rpublique (1870-1939) -, Sylvain Caron, organiste, professeur d'criture musicale et vice-doyen de la Facult de musique, tait tout design pour proposer cette thmatique. Apparemment clate, elle est cependant vue par le musicien comme prsentant plusieurs facettes d'un mme cristal: sur le thme gnral de la construction culturelle, le colloque tudie le phnomne de la musique, des arts et de la religion comme expression d'une symbolique propre une poque et une socit, francophone et chrtienne en l'occurrence. C'est la faveur d'un voyage de deux semaines Paris et aprs avoir frquent l'Institut des arts sacrs de cette ville que les ides fortes et les thmes du colloque ont t labors par le musicien. L'intuition de dpart, c'est la mienne, mais nourrie par la rencontre avec Gilles Routhier et tout le travail de Michel Duchesneau, prcise l'organisateur. Nous voulions quelque chose qui avance, et les annes 20 et 30 constituent vritablement une plaque tournante. C'est l qu'on est pass du "no" la modernit, un moment o les gens avaient besoin de rebtir un monde diffrent, plus humain. Il fallait bien sr trouver un point commun ces diffrents lments. Au dbut, il y avait une contrainte qui est vite devenue partie intgrante de la chose, c'est que l'OICM organise un colloque pluridisciplinaire. Cela correspond un dfi, mais en mme temps l'intrt parce que, si l'on n'inclut pas diverses disciplines, on tue un peu l'ide de base, qui est celle d'une reprsentation visages multiples. En prenant l'interface du religieux, on se trouve canaliser les interventions autour d'un ple assez prcis. Le monde religieux est un monde de reprsentation symbolique auquel les artistes collaborent, devenant par l mme le reflet de ce monde, explique le musicien. Sylvain Caron reste tout de mme conscient du caractre apparemment austre du sujet. Il existe une espce de pudeur, actuellement, vis--vis de tout ce qui est religieux. Au Qubec en particulier, je crois que nous ne sommes toujours pas sortis d'une certaine rvolte contre ce qu'on a appel la "grande noirceur" et je pense que les annes 20, 30 et mme 40 et 50 sont des annes de transition qui ont engendr la Rvolution tranquille, qui n'est pas ne par gnration spontane. En fait, c'est un moment de cristallisation, o l'on avait besoin de reconstruire une culture sur de nouvelles bases. Une des figures centrales du colloque est celle de Jacques Maritain, philosophe franais chrtien (1882-1973), un des sujets d'tude de Sylvain Caron. Olivier Messiaen, compositeur franais (1908-1992) et grand croyant, y sera aussi l'honneur. Parmi les invits les plus marquants, mentionnons Scott Messing (tats-Unis), Anne-Marie Green (France), Pascal Lcroart (France), Marie-Louise Langlais (France) et Barbara Kelly (Angleterre), qui aborderont les aspects historique, sociologique, littraire et musical. Les buts viss par Sylvain Caron sont ambitieux mais lgitimes. Je souhaite que les gens dcouvrent l'intrt d'une interdisciplinarit autour d'un sujet porteur de thmes communs. Je souhaite aussi qu'on peroive la religion comme lieu de reprsentation symbolique et qu'on s'attache son origine tymologique, religare, "relier". Dominique Olivier |
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