Les ruelles de Montréal sont à l’honneur

Concours de nouvelles, documentaires et tourisme culturel

Paris a ses ponts, Marrakech ses souks et Montréal… ses ruelles. Le Centre de communication écrite (CCE) a choisi de faire porter tout un volet de la Semaine du français sur ces venelles qui parcourent l’arrière-ville. Concours d’écriture, conférence, projections et visite culturelle sont au programme.

On a tous nos histoires de ruelles; mes enfants et moi avions pris l’habitude de les baptiser au retour de la garderie, à vélo: la ruelle des cordes à linge, la ruelle des enfants, des moineaux, des pigeons, des jardins, des poubelles... Il nous arrivait de faire de grands détours pour avoir le plaisir de rouler dans les plus jolies.

Pour l’écrivain montréalais André Carpentier, qui a fait paraitre l’an dernier un recueil de récits sur le sujet chez Boréal, Ruelles, jours ouvrables, elles ont été le théâtre des plus beaux moments de son enfance. «Ces ruelles, ces cours, c’étaient notre terrain de jeux, notre pays magique, écrit-il (p. 22). Quand il le fallait, les clôtures ajourées y devenaient des murailles; les escaliers, des ponts-levis; les garages et les hangars, des décors d’aventure; et mon tout constituait le lieu où frôler la semblance du danger, où vivre les premiers jeux de pouvoir, les premières amours. Ces ruelles: peut-être ce que nous avions alors de plus nôtre, et le plus inconsciemment.»

Enfant, André Carpentier avait un faible pour l’architecture vernaculaire de ces lieux, préférant les guets-apens et les attaques-surprises des convois aux compétitions sportives sérieuses qui se déroulaient en plein soleil dans des parcs municipaux aux pelouses bien vertes.

Devenu adulte, il a renoué avec la joie de déambuler dans ces petites rues montréalaises qui s’étalent sur quelque 475 km. Officiellement, ce professeur de l’UQAM cherchait à se documenter pour étoffer ses personnages de roman. Dans les faits, il retrouvait avec fascination le plaisir de flâner, vaguement voyeur, dans la cour arrière de la vie urbaine.

Ruelles et surprises

«Les Montréalais ne remarquent pas toujours les ruelles, mais les hommes et les femmes qui arrivent de l’étranger pour un séjour d’études s’en montrent toujours étonnés. Comme ils s’étonnent de trouver autant d’escaliers extérieurs», commente Lorraine Camerlain, directrice du CCE et coordonnatrice de la Semaine du français.

Avec son infatigable équipe, elle a organisé des activités thématiques autour de cette particularité montréalaise. En plus du témoignage d’André Carpentier le 16 mars à 11 h 45 (interviewé par Jean-François Chassay), on présentera deux documentaires de 2004 qui portent, directement ou pas, sur les ruelles: De mémoire de chats: les ruelles, de Manon Barbeau, et Vues de l’Est, de Carole Laganière. Du premier, on dit que c’est une «fable sur la vie, tendre, drôle et grave»; le second met en scène des enfants du quartier Hochelaga-Maisonneuve transformés en reporters qui captent sur pellicule les témoignages et les scènes émouvantes de leur quartier. «Au-delà de la peur et du doute, le film se fait témoin de la lumière qui habite ces enfants.»

Une visite guidée du Montréal «à livre ouvert» est aussi au menu. Pour la somme de trois dollars, le collectif L’autre Montréal invite la communauté universitaire à une tournée de la capitale mondiale du livre: «L’histoire des librairies, maisons d’édition et bibliothèques nous montre quelle énergie a été déployée, au fil des siècles, pour que les Montréalais aient accès aux livres», dit le dossier de présentation.

Enfin, le CCE ouvre à tous les écrivains en herbe un concours d’écriture. À partir de quatre photos qu’on peut voir sur le site du Centre (www.cce.umon treal.ca), les auteurs sont invités à rédiger un court texte (de 200 à 300 mots) qu’ils signeront d’un pseudonyme et qu’ils feront parvenir au CCE avant le 27 mars à midi. Plusieurs prix de participation seront remis et les textes primés seront publiés sur le site.

Mathieu-Robert Sauvé