Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 7 - 10 octobre 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Michel Patry, nouveau directeur de HEC Montréal

«Il faut être stratégique, car on ne pourra pas être les meilleurs dans tout»

Michel Patry

L’économiste Michel Patry n’aime pas les chiffres. Du moins, pas ceux qui indiquent une décroissance des inscriptions étudiantes. Heureusement pour le nouveau directeur de HEC Montréal, l’École a présentement le vent dans les voiles.

«C’est la seule école de gestion en Amérique du Nord à détenir les trois agréments internationaux les plus prestigieux du monde de l’enseignement de la gestion», fait valoir M. Patry, qui est en fonction depuis le 1er septembre. Il souligne que son prédécesseur, Jean-Marie Toulouse, a réussi à positionner HEC Montréal sur la scène internationale. «Ce virage a accru le nombre d’étudiants étrangers et a contribué au rayonnement de l’École à l’extérieur du pays et du continent», dit-il.

HEC Montréal, qui regroupe près de 250 professeurs, compte aujourd’hui plus de 11 000 étudiants dans l’un ou l’autre de ses 33 programmes d’études en gestion, du baccalauréat au doctorat, en plus d’offrir des cours de perfectionnement à quelque 5000 cadres. Le magazine Business Week, qui a fait l’an dernier une analyse de tous les programmes de MBA dans le monde, a classé l’École au 10e rang parmi le groupe des universités non américaines. Sa contribution à l’économie du Canada et du reste du monde est donc loin d’être négligeable.

Ces bonnes nouvelles arrivent à point nommé pour HEC Montréal, qui célèbrera en 2007 son 100e anniversaire. Mais Michel Patry est tout de même conscient que ce bon vent peut tourner. «Le succès de l’École pose de grands défis, confie-t-il à Forum. On est maintenant en concurrence avec les grandes écoles d’administration partout sur la planète, qui ont, elles, des ressources qui sont parfois le double des nôtres. Sur quels créneaux doit-on miser pour maintenir notre réputation? Il faut être stratégique et arrêter des choix, car on ne pourra pas être les meilleurs dans tout.»

M. Patry, qui rappelle que le rôle de l’École est de servir la société, entend poursuivre la mission internationale de M. Toulouse, mais il signale que des modifications devront être apportées dans le fonctionnement de l’établissement. Avant de prendre des décisions majeures, le nouveau directeur, reconnu pour son approche humaine, consultera les professeurs et les administrateurs de l’École, de même que la communauté d’affaires de Montréal. «Il faut l’adhésion de tous les membres de l’équipe, sans quoi…»

Le style, c’est l’homme.

Homme d’équipe

Il y a 30 ans, jamais ce père de deux enfants ne se serait vu à la tête de l’école de gestion montréalaise, la première à avoir été fondée au Canada. C’est pourtant à l’économiste de 49 ans que plusieurs collègues ont pensé pour diriger HEC Montréal. «J’ai décidé de présenter ma candidature à la suite de leur invitation», raconte-t-il. En juin, 79% des professeurs votaient en sa faveur.

Il faut dire que le professeur Patry a une feuille de route impressionnante: après une formation en administration des affaires et une maitrise en sciences de la gestion de l’École des hautes études commerciales, il s’est spécialisé, au moment de son doctorat, en économie des organisations et en règlementation à l’Université de la Colombie-Britannique. En 1983, il a été embauché comme professeur-chercheur par l’Institut d’économie appliquée de l’École, où il a occupé différentes fonctions administratives, dont celles de directeur du programme commun de doctorat et de directeur de la recherche. Entre 2000 et 2005, il a été directeur adjoint du corps professoral et de la planification stratégique, et jusqu’à tout récemment il était également président-directeur général du

Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations. Bref, il possédait un CV en béton.

Mais ce sont ses qualités de gestionnaire qui semblent avoir joué en sa faveur. Homme d’équipe, M. Patry est d’un enthousiasme contagieux en ce qui concerne son travail. Il sait où il va et il prend les moyens pour y arriver, mais il n’est pas directif dans son approche. «Michel a un style de gestion dit collégial, expliquait récemment à La Presse Affaires le président de l’Assemblée des professeurs, Hugues Boisvert. Les professeurs ont donc davantage leur mot à dire.»

Le premier mandat de M. Patry à l’École échoit le 30 juin 2011. Espère-t-il un règne de 12 ans comme M. Toulouse? Le nouveau directeur se montre prudent. «On va procéder un mandat à la fois», répond-il avec un sourire en coin.

Dominique Nancy

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