Volume 41 - numÉro 8 - 16 octobre 2006
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Une forêt renait grâce aux Amis de la montagneDes bénévoles plantent 500 arbres pour régénérer les boisés du campus
Rencontrée près d’une épinette blanche qu’elle vient de planter avec deux autres étudiants – Pierre-Luc Soucy (génie logiciel) et Pierre-Luc Vaudry (linguistique) – Flore Granboulou livre à Forum le sujet de son mémoire de maitrise: l’arbre dans la poésie québécoise. Ça ne s’invente pas. «Des poètes d’ici comme Paul Chamberland et Paul-Marie Lapointe ont composé de magnifiques poèmes sur l’arbre. Vous l’ignoriez?» demande l’étudiante française arrivée à Montréal il y a un mois. Euh... attendez que je me rappelle. Oui, bien sûr (merci Google): «Les sombres fruits de l’arbre aussitôt choient aux marais» (Chamberland). «J’écris arbre/arbre d’orbe en cône et de sève en lumière/racines de la pluie et du beau temps/terre animée» (Lapointe). Poésie ou pas, impossible de ne pas être ému en regardant s’affairer la centaine de bénévoles en cette magnifique journée de l’été indien consacrée à la plantation d’arbres. La forêt semblait renaitre sous nos yeux. «Nous planterons 500 arbres aujourd’hui, nous a dit Sylvie Guilbault, directrice générale des Amis de la montagne. La plantation se déroule très bien, il y a une bonne ambiance.» Depuis 1998, près de 5500 arbres et arbustes ont été plantés sur les terrains publics et privés de la montagne. Cette année, ce sont les terrains de l’Université de Montréal qui ont été consacrés «corvée d’automne», à laquelle une dizaine d’employés de la firme de comptabilité Price Waterhouse Coopers a participé, en plus des membres de la communauté universitaire: une soixantaine d’étudiants, des employés de la Direction des immeubles et... un vice-provost en cravate et en souliers vernis, Pierre Simonet. «Je crois qu’il est important de faire notre part pour la régénération de la forêt magnifique qui entoure notre campus, a-t-il mentionné. Il ne faut pas oublier que l’Université est une partie intégrante de l’arrondissement historique et naturel du mont Royal.» La dernière plantation d’importance à avoir été effectuée sur les terrains de l’UdeM remonte à 2002. Cette année-là, 200 chênes rouges et 100 érables à sucre avaient été mis en terre par une centaine de bénévoles. Chênes, érables...Tout en soulignant l’importance de cette riche forêt en milieu urbain, Mme Guilbault a rappelé que la moindre intervention, ici, est assortie de multiples étapes administratives. «On ne plante pas des arbres comme on veut. Après avoir obtenu l’autorisation du conseil d’arrondissement de Côte-des-Neiges, il a fallu obtenir celle du Conseil du patrimoine et même l’approbation de la ministre de la Culture et des Communications. Mais ces formalités sont essentielles et nous nous y conformons sans problème.» Les espaces boisés s’étendent sur 27 % du territoire du campus, soit environ 16 hectares. Les peuplements végétaux sont semblables à ceux qui recouvraient la région avant l’industrialisation: érablière à caryer cordiforme, érablière à chêne rouge et chênaie rouge. L’érable à sucre (70 arbres) et le chêne rouge (55) ont été les essences les plus représentées à la plantation 2006. Il y avait aussi du frêne d’Amérique, du tilleul, de l’amélanchier du Canada, du sureau du Canada, de l’épinette blanche, du pin blanc et du cerisier tardif. Quelques dizaines d’arbustes (viorne trilobée, cerisier de Virginie) ont aussi été plantés. Le choix des essences s’est fait en collaboration avec deux botanistes spécialistes de la flore canadienne et professeurs au Département de sciences biologiques, Jacques Brisson et André Bouchard.
En plus de sensibiliser étudiants et employés à la valeur écologique du campus qui les entoure, la plantation avait pour but de réduire l’étalement des plantes envahissantes comme le nerprun cathartique et l’érable de Norvège. Souvent considéré comme une espèce indigène, ce dernier est devenu une véritable plaie pour l’écosystème du mont Royal (voir Forum du 29 mai dernier, «Les érables de Norvège envahissent le mont Royal»). Un travail délicatOn calcule qu’environ 70% des arbres plantés cette année survivront. Les bénévoles avaient été invités à bien respecter les consignes. On avait simplifié leur travail, car la plupart des trous avaient déjà été creusés. Sur la zone de plantation, des piquets de différentes couleurs indiquaient l’essence choisie à côté de chaque trou. Il fallait déposer le plan dans le trou et planter l’arbre le plus droit possible, à la suite de quoi on pouvait remplir le trou de terre meuble. Pour éviter les rognures de rongeurs sur l’écorce, on a installé des spirales de carton à la base de l’arbre. Dans certains cas, on a ajouté un paillis de plastique pour éviter que le gel endommage le plan et conserver l’humidité autour des racines. Isabelle Tassé, chargée de projet aux Amis de la montagne, signale que son organisme procède à la plantation d’environ 1000 arbres par année en deux «corvées», au printemps et à l’automne. En regardant autour d’elle les nouveaux arbres, cette diplômée de l’Université de Montréal en anthropologie note que la forêt, ici, est en général respectée par les usagers. «À d’autres endroits dans le parc du Mont-Royal, on déplore trop souvent des actes de vandalisme. Par exemple, des gens cassent la tête des arbres récemment mis en terre.» En tout cas, la corvée de cette année avait des airs de fête. «On en a fait un happening», a déclaré Suzanne de Guise, coordonnatrice de la santé et sécurité au travail (incluant la filière «environnement») à la Direction des immeubles. La plupart de ses collègues étaient présents. Les chauffeurs de machinerie lourde, notamment, ont apporté une contribution remarquée aux bénévoles en les aidant à transporter les plants sur les hauteurs. À midi, les planteurs du sommet (l’ancienne piste de ski) ont été invités à prendre gratuitement un repas à l’École polytechnique. Des bras neufs ont pris le relai en après-midi. Objectif: la forêt bordant les Résidences. Mathieu-Robert Sauvé
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