Volume 41 - numÉro 14 - 4 DÉCEMBRE2006
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Journée du 6 décembre : Une commémoration sobreÀ l'École Polytechnique, tous les cours sont suspendus, mais les activités d’étude et de recherche se déroulent comme à l’habitude.
Les membres de la communauté universitaire sont invités à commémorer de façon individuelle la tragédie du 6 décembre 1989, au cours de laquelle 14 jeunes femmes ont été abattues par Marc Lépine à l’École polytechnique. «Nous invitons les gens à déposer des gerbes de fleurs près de la plaque commémorative, située à l’extérieur de l’École, et au parc du 6-Décembre, à l’angle de l’avenue Decelles et du chemin Queen-Mary, et à porter le ruban blanc, symbole de la lutte contre la violence faite aux femmes», mentionne Andrée Labrie, coordonnatrice du Comité permanent sur le statut de la femme (CPSF). Selon Mme Labrie, le temps des commémorations collectives est révolu. «Même les familles ont manifesté leur opposition aux cérémonies d’envergure; elles préfèrent la sobriété», souligne-t-elle. D’ailleurs, l’an dernier, la Fondation des victimes du 6 décembre contre la violence, un organisme dont les membres étaient principalement des parents et des proches des victimes, s’est volontairement dissoute et ses fonds ont été versés à la Fondation du Grand Montréal. Celle-ci s’est engagée à remettre les sommes à des organismes de bienfaisance voués à la lutte contre la violence, en particulier celle qui s’exerce contre les femmes. Le CPSF a tout de même tenu à célébrer de façon particulière la Journée nationale d’action contre la violence faite aux femmes en remettant la deuxième bourse du 6-Décembre, d’une valeur de 1500 $. Cette bourse constituée à partir du budget du Centre aidera un étudiant ou une étudiante des cycles supérieurs dont le travail porte sur un aspect de la violence faite aux femmes. Le CPSF distribuera également quelque 2000 rubans blancs. Que signifie le port du ruban blanc le 6 décembre? «Il signifie qu’il faut se passer le flambeau, qu’il faut assumer ses responsabilités, qu’il faut mobiliser la société pour qu’elle affirme clairement et avec vigueur que la violence contre les femmes, et toutes formes de violence, n’a pas sa place et que jamais on ne la tolèrera», indique le CPSF.
Pas de cours à Poly De plus, les professeurs, chargés de cours, étudiants et employés recevront un message par courriel qui explique la position de l’École quant à cette journée de souvenir. «La douleur a fait place à la continuation de la vie... Le souvenir des quatorze jeunes femmes ayant perdu la vie le 6 décembre 1989 et de plusieurs personnes blessées dans leur chair et meurtries dans leur cœur demeure», peut-on lire. Les drapeaux de l’École, ainsi que ceux de tout bâtiment relevant du gouvernement du Québec, seront en berne. Odette Arsenault, coordonnatrice du Programme d’aide aux employés de l’Université de Montréal et de l’École polytechnique, signale que les demandes formulées par des employés de Polytechnique ont connu une légère hausse à la suite de la fusillade au collège Dawson, le 13 septembre dernier. «Il faut dire que les trois quarts des employés actuels de l’École étaient là le 6 décembre 1989. Pour eux, le drame de Dawson a fait remonter à la surface les émotions vécues 17 ans auparavant.» Elle-même psychologue spécialisée dans le traitement des chocs post-traumatiques, Mme Arsenault a été engagée comme conseillère en décembre 1989 afin de compléter l’équipe du Service d’orientation et de consultation psychologique de l’Université. Elle a donc connu de près plusieurs victimes de la tragédie. «On parle souvent des 14 jeunes femmes tuées. Il y a eu en plus de nombreuses autres victimes. Officiellement, 14 personnes ont été atteintes par des balles et quelques centaines d’autres ont été blessées psychologiquement.» Mme Arsenault dit comprendre que des gens veuillent témoigner leur solidarité aux gens touchés par les évènements du 6 décembre. Mais elle les incite à demeurer respectueux des plaies encore vives des survivants. Elle aimerait que les médias fassent preuve de sobriété, eux aussi. «Pour ceux qui ont vécu le drame, toute l’attention médiatique peut être difficilement supportable.» Mathieu-Robert Sauvé |
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