Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 14 - 4 DÉCEMBRE 2006
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 Archives de Forum

Formation à distance : L’UdeM en Afrique

La Faculté des sciences de l’éducation offre le seul doctorat à distance dans toute la Francophonie

Thierry Karsenti

L’internationalisation de l’enseignement universitaire va de pair avec la formation à distance. C’est ce qu’a compris et mis en pratique Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication.

Professeur au Département de psychopédagogie et d’andragogie, M. Karsenti a mis sur pied le tout premier doctorat offert à distance dans toute la Francophonie. Soutenu financièrement par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), ce doctorat de recherche en technologies de l’information appliquées à l’éducation – qui constitue aussi le premier doctorat à distance de l’Université de Montréal –, est offert dans sept pays de l’Afrique francophone: Niger, Burkina Faso, Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, Cameroun et Mali.

«L’objectif est d’aider à la formation de professionnels africains qui pourront travailler dans leur propre milieu, précise Thierry Karsenti. Lorsque des étudiants étrangers obtiennent une bourse pour venir étudier ici, bien peu d’entre eux retournent dans leur pays. Avec la formation à distance, ils peuvent étudier dans leur pays, obtenir un diplôme de l’UdeM et devenir des ressources locales pour former sur place d’autres professionnels.»

Éviter l’exode des cerveaux
Selon les chiffres du professeur, 88 % des boursiers étrangers demeurent dans le pays de leur formation universitaire au terme de leurs études. La formation à distance évite donc l’exode des cerveaux dans les pays en voie de développement tout en offrant un apprentissage à une fraction du cout d’un boursier.

L’AUF a accordé une subvention de 250 000 € à ce projet, ce qui représente la somme la plus élevée versée par cet organisme qui appuie financièrement 46 programmes de formation à distance. Mais ce montant constitue «une aubaine» puisqu’il permet de former 22 doctorants au cout de deux ou trois boursiers qui seraient formés à Montréal.

«L’Université de Montréal en tire également un avantage, car cette façon de faire contribue à son rayonnement international, ajoute le professeur. L’UdeM fait parler d’elle à l’étranger et les candidats qui n’ont pu être admis représentent une clientèle potentielle pour l’établissement.»

Thierry Karsenti partait gagnant pour ce concours lancé par l’AUF en raison de sa riche expérience dans le domaine. Une série de microprogrammes de troisième cycle offerts à distance affiche un taux de réussite de 95 %.

Les 22 étudiants admis cet automne ont été sélectionnés parmi 167 candidats! Le succès de l’appel a été tel que le nombre de places, originellement fixé à 15, a dû être revu à la hausse. La sélection s’est faite sur la base de l’excellence du dossier scolaire.

Les étudiants viennent de tous les horizons: médecine, sciences de l’éducation, littérature, nutrition, mathématiques, biologie, développement communautaire, linguistique et autres. Quatre femmes sont du nombre. «Les deux candidats en tête de liste étaient des femmes», souligne le professeur.

Domaine de pointe
«Le secteur des technologies de l’information a été retenu parce qu’il s’agit d’un domaine de pointe même pour l’Afrique, signale-t-il. Là-bas comme ici, on a besoin de spécialistes dans cette branche. Il arrive par exemple que des professeurs veuillent sensibiliser leurs étudiants à des phénomènes comme le réchauffement climatique, mais sans posséder les documents nécessaires pour le faire alors qu’il suffit d’aller sur Internet. S’ils ne savent pas comment utiliser cet outil, ils resteront démunis.»

Dans chacun des pays participants, la formation se fait dans les campus numériques ouverts par l’AUF. Une rencontre d’une durée de une semaine se tient en début d’année entre le professeur Karsenti et le groupe d’étudiants. La première rencontre s’est déroulée à Bamako, au Mali, et l’endroit changera l’année prochaine.

Une telle rencontre, expérimentée avec succès pour les microprogrammes, a été jugée nécessaire pour fournir les éléments de base qui ne peuvent que difficilement être communiqués à distance, comme certaines données sur les méthodes quantitatives en éducation ou relatives à l’établissement du projet de recherche.

Au terme de la formation à distance, qui comprend 79 travaux à réaliser dont la thèse, les étudiants doivent effectuer un stage de deux mois à l’Université de Montréal. Ce stage se compose entre autres d’une participation à des conférences scientifiques, d’analyses de données et d’activités de formation complémentaires.

Outre Thierry Karsenti, deux autres professeurs de la Faculté des sciences de l’éducation encadrent cette formation, soit Collette Gervais et Michel Lepage.

Daniel Baril

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