Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 16 - 15 JANVIER 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

L’adolescent d’aujourd’hui doit affronter le piège du repli narcissique

Un psychiatre invite les adultes à favoriser la création d’un espace où l’adolescent peut rêver

Les adolescents se sentent souvent isolés. Pour sortir de ce repli, rappelle le Dr Nagy-Charles Bedwani, ils ont besoin d’un espace fait de présence et d’absence, d’un encadrement bienveillant.

L’adolescent d’aujourd’hui semble éprouver beaucoup de difficultés à s’extirper du repli narcissique propre à son âge. C’est du moins ce que constate le Dr Nagy-Charles Bedwani, professeur adjoint à l’UdeM et chef du service de pédopsychiatrie à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Le Dr Bedwani coprésidait, à Lyon, le colloque sur l’évolution des pratiques et des théories psychiatriques en France et au Québec. Il a également prononcé une conférence sur la quête identitaire.

«La quête identitaire pourrait avorter si l’adolescent ne bénéficie pas d’un espace accommodant et rassurant», a souligné le spécialiste. Cet espace, il le décrit comme une alternance de présence et d’absence, une attitude de «ni trop, ni trop peu», un encadrement bienveillant.

«Les adolescents se sentent souvent isolés et seuls. Tous ne sombrent pas, mais plusieurs s’en tirent en se forgeant des idéaux de performance qui se traduisent par un “Resplendis ou crève”. Hors de Narcisse, point de salut», a déploré le Dr Bedwani.

Ce repli narcissique est souvent un passage obligé de l’adolescence. «Il permet au jeune de se connaitre avant de reconnaitre l’autre. Mais aujourd’hui, trop souvent, il y reste. Il s’isole», dit le professeur en notant que ce comportement touche davantage les garçons que les filles. Ces dernières ne sortent pas pour autant indemnes de l’adolescence et peuvent s’abandonner à un autoérotisme primaire. «La romance a-t-elle encore un sens?» demande-t-il.

Il reste toutefois qu’au début de l’adolescence les filles ont généralement plus de facilité à entrer en relation avec leur entourage. Mais elles ne perdent rien pour attendre, car, au tournant de la vingtaine, on les retrouve très démunies.

Que faire alors? «Aider la famille, l’école, la société à jouer leur rôle. Comment? En délimitant un cadre, en encourageant des projets, en adoptant une hiérarchie des valeurs. Et en permettant cet espace “où ils peuvent rêver et devenir relationnels”.»

M. Bedwani n’était pas le seul représentant de l’Université à ce colloque sur la psychiatrie, qui a attiré plusieurs experts d’ici.

La psychiatrie à l’heure des neurosciences
Ainsi, le psychiatre Emmanuel Stipp, professeur à l’Institut de recherche Fernand-Seguin et à l’Hôpital Louis-Hippolyte Lafontaine, a entretenu son auditoire des progrès des neurosciences en démontrant notamment que l’imagerie cérébrale pouvait aider les médecins à mieux choisir les médicaments dans la mesure où elle permet de désigner clairement les zones d’anomalies cérébrales du patient. Car rien ne ressemble moins à un schizophrène qu’un autre schizophrène.

Le Dr Nagy-Charles Bedwani

Le chercheur a aussi montré l’importance de l’affect, qui laisse une trace psychique dans le réseau neuronal. Il en conclut que, neurosciences ou pas, «l’individu seul n’a pas de sens et l’on ne peut dire “C’est ton problème”». Le patient tire profit de ses échanges avec autrui et une nouvelle démonstration en est faite avec les neurosciences.

Assistaient également au colloque le psychiatre Arthur Amyot, du Service de gérontopsychiatrie de l’Hôpital du Sacré-Cœur, la psychiatre Sylvaine De Plaen, du Centre hospitalier universitaire mère-enfant, les psychiatres Pierre Verrier et Yvan Pelletier, respectivement directeur de l’enseignement au service de psychiatrie à l’Hôpital du Sacré-Cœur et directeur de ce même service. Était aussi présente, enfin, la psychiatre Andrée Daigneault, chef du service des troubles affectifs au même hôpital.

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