Volume 41 - numÉro 16 - 15 JANVIER 2007
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Pas besoin d’être croyant pour lire la BibleLa diversité est un rempart contre les tentations de l’intégrisme
Présents pour la première fois aux Entretiens Jacques-Cartier, les exégètes n’allaient pas rater cette occasion de tendre la main aux autres disciplines, question de bien faire comprendre que les sciences religieuses ne veulent plus être une chapelle fermée. «Il y a un intérêt renouvelé pour les questions religieuses dans la société contemporaine», note Jean Duhaime, doyen de la Faculté de théologie et de sciences des religions, qui a participé au colloque «Aujourd’hui, lire la Bible? Exégèses contemporaines et recherche universitaire». Ce thème se prêtait particulièrement bien à la politique de la main tendue. Ainsi, un philosophe est venu exposer sa compréhension de la Bible et l’on a pu entendre parler des caractéristiques littéraires de la Bible. «Le récit biblique ne fournit jamais un discours théologique complet. Le travail de synthèse revient au lecteur», a résumé M. Duhaime à l’issue du colloque de trois jours. Chargé de tirer les conclusions de la rencontre, il a ajouté que l’interprétation de la Bible ne peut être laissée aux seuls exégètes et aux croyants. À la lecture de la Bible, les organisateurs du colloque avaient juxtaposé le thème de la Loi et invité des personnalités de différentes confessions mais également de différents horizons professionnels à s’exprimer sur celle-ci: la loi donnée par Dieu et qu’on évite de transgresser par respect ou par crainte, ou encore la Loi comme pivot de la foi; ou enfin la Loi qui devient une prison dès lors qu’elle régit le rapport avec Dieu et menace sa bienveillance. Pour Philippe Bordeyne, professeur de théologie morale à l’Institut catholique de Paris, il ne fait pas de doute que la «juridisation» est symptomatique de la disparition d’une communauté fraternelle fondée sur une appartenance religieuse commune. Il souhaite un retour à une forme de «sagesse pratique». Alain Gignac, vice-doyen de la Faculté de théologie et de sciences des religions, qui a aussi pris part au colloque de Lyon, est du même avis. La sagesse pratique, croit M. Gignac, suppose une identité commune, des récits où l’on peut puiser un sens. Malheureusement, il estime que ce n’est pas le cas au Québec. «Le défi de la culture séculière est peut-être de s’approprier le meilleur des sagesses religieuses, ce qui implique au Québec de réapprivoiser le fonds judéo-chrétien biblique, tout au moins comme classique de la culture», a-t-il précisé pour Forum récemment. «Le colloque a permis de constater à quel point la diversité est omniprésente dans les débats actuels», juge M. Duhaime. La diversité est vue comme un rempart contre les tentations de l’intégrisme. Et en clôturant la rencontre, le professeur s’est demandé s’il était sage de se priver des traditions religieuses dans l’élaboration d’une éthique pour la société laïque. Il pense pour sa part que les exégètes catholiques sont davantage liés par des familles d’esprit traversant plusieurs appartenances religieuses. |
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