Volume 41 - numÉro 29 - 7 mai 2007
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Le plagiat est pris au sérieux à l’Université de MontréalLe nouveau règlement appliqué depuis deux ans est appréciéDepuis le printemps 2005, l’Université de Montréal applique un nouveau règlement disciplinaire sur le plagiat ou la fraude concernant les étudiants. «Constitue une infraction le fait pour un étudiant de commettre intentionnellement une fraude ou, par insouciance ou négligence, tout plagiat ou copiage», mentionne ce règlement. L’article 1 précise que, outre le plagiat et le copiage, les infractions incluent «toute tentative de commettre ces actes», «toute participation à ces actes», «toute incitation à commettre ces actes» et «tout complot avec d’autres personnes en vue de commettre ces actes, même s’ils ne sont pas commis ou s’ils le sont par une seule des personnes ayant participé au complot». Le plagiat n’est pas un problème nouveau, mais il a pris une ampleur considérable avec la prolifération de contenus diffusés sur Internet. Ce sont d’ailleurs les fraudes de type «copier-coller» qui sont les plus fréquentes: l’étudiant reproduit des sections de texte sans en mentionner clairement la source. «Je ne peux pas vous dire combien il y a eu de cas l’an dernier puisque nous n’en faisons pas la recension systématique, mais c’est un phénomène préoccupant», explique Hélène David, vice-rectrice adjointe aux études. Les outils de détection comme Turnitin sont surtout utilisés par les universités anglophones. L’intérêt d’employer ces instruments serait beaucoup moins grand dans les universités francophones puisque l’on comparerait des travaux rédigés en français avec des travaux majoritairement rédigés en anglais. Il n’existe pas d’outils québécois et l’outil francophone Compilatio n’est utilisé que par trois établissements français. La Faculté des études supérieures (FES) a sanctionné 47 étudiants l’an dernier. «Ces personnes ont été prises sur le fait et ont avoué avoir plagié. Les sanctions vont de l’échec pour le travail à l’exclusion immédiate à vie. L’étudiant ne pourra plus s’inscrire à aucun programme de l’Université de Montréal», précise Jean-Maurice Brisson, secrétaire de faculté. Dans un seul cas, on a adressé une simple réprimande. Pour M. Brisson, les personnes dont les dossiers se rendent jusqu’au comité facultaire chargé d’appliquer le règlement ne nient qu’exceptionnellement les faits. «Pas plus de un pour cent des étudiants démentent les allégations. Pour expliquer leur geste, ils vont plaider l’ignorance des modes de citation, un surcroit de travail, des échéances trop serrées ou des circonstances personnelles particulières...» Les cas observés proviennent très rarement de mémoires et de thèses, souligne-t-il, mais de travaux pratiques et d’écrits à l’intérieur de cours et de séminaires. Y a-t-il un profil du plagiaire? «C’est généralement un étudiant médiocre ou faible. Les très bons étudiants ne plagient pas.»
De la réprimande au retrait du diplôme Flexibilité ne signifie pas absence de sévérité. Nicole Dubreuil, vice-doyenne à la FES, relate le cas d’un diplômé reconnu coupable de plagiat longtemps après le dépôt de sa thèse. «Par l’intermédiaire du comité facultaire, l’Université de Montréal lui a officiellement retiré son grade de docteur», indique-t-elle. Les choses sont légèrement différentes à la Faculté de l’éducation permanente, où 10 cas ont été présentés au comité facultaire. Quatre de ces cas ont été rejetés; dans quatre autres, on a demandé aux étudiants de reprendre leur travail; un étudiant a reçu un F (échec) pour son travail et un autre a abandonné son cours avant de se voir infliger une sanction. «On voit autant de cas d’étudiants qui ont copié-collé des sections de texte que de tentatives de copiage ou de fraude durant les examens», fait remarquer Pierre Paquet, secrétaire de la Faculté depuis 2002. À la Faculté de droit, le porte-parole de ce dossier, Ghislain Massé, a fait savoir à Forum qu’aucun cas de plagiat n’avait été porté à son attention au cours de la dernière année. Integrite.umontreal.ca De son côté, la FAS a fait imprimer 5000 napperons sur le thème «Évitez de vous mettre les pieds dans les plats», qui mettent en garde les étudiants. Quelque 350 salles de classe possèdent des affiches reprenant ce slogan. «Nous prenons ce sujet très au sérieux», déclare la secrétaire de la Faculté, Micheline Cambron. À la FAS, 80 % des cas seraient des utilisations erronées de contenus puisés dans Internet. À la Faculté des sciences de l’éducation, c’est le doyen Michel Laurier qui a pris le dossier en main. «Nous avons incité les professeurs à reproduire dans chaque plan de cours un énoncé qui dénonce le plagiat. Je ne peux pas vous dire que tous l’ont fait systématiquement, mais il s’agit d’une politique facultaire.» Malgré ces efforts, «cinq ou six cas» par année se retrouvent sur son bureau. Ils sont examinés avec attention et les sanctions sont appliquées scrupuleusement. «Dans une faculté comme la nôtre, nous ne pouvons pas tolérer cette pratique», affirme M. Laurier. Il confirme que le «copier-coller» est le cas le plus commun, mais on en voit de toutes sortes. La veille de son entretien avec Forum, un professeur lui signalait des extraits identiques dans 15 travaux d’étudiants d’une même classe. Y a-t-il eu plagiat ou mésentente sur la nature des travaux demandés? C’est ce qu’il faudra évaluer. Quoi qu’il en soit, la nouvelle procédure ne permet plus de juger des actes de l’étudiant sans qu’il puisse se faire entendre, une situation vigoureusement dénoncée par l’ombusman dans le passé. De plus, les délais du traitement des dossiers ont été réduits le plus possible. Le Règlement disciplinaire prévoit que l’étudiant pris en faute fera l’objet d’un rapport acheminé au doyen, qui l’en avertira dans les 15 jours. L’étudiant aura alors 15 jours ouvrables pour faire valoir ses justifications. Cela dit, les sanctions pourront s’appliquer jusqu’à 10 ans après l’obtention du diplôme. Même après avoir quitté l’Université, les plagiaires ne dormiront pas tranquille. Mathieu-Robert Sauvé |
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