Michel Bergeron, Carol Couture et Pavel Hamet reçoivent des Prix du Québec
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Michel Bergeron, professeur et chercheur au Département de physiologie et fondateur de la revue
Médecine/Sciences, a reçu le prix Georges-Émile-Lapalme, Carol Couture, directeur de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, le prix Gérard-Morisset et le Dr Pavel Hamet, directeur scientifique du CHUM, le prix Wilder-Penfield au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée à l’Assemblée nationale du Québec le 20 novembre. Les Prix du Québec représentent la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine de la culture et de la science. Ces prix sont accordés chaque année, depuis 25 ans, à six personnes pour l’ensemble de leur carrière
Michel Bergeron
Le prix Georges-Émile-Lapalme souligne la lutte que mène depuis de nombreuses années le Dr Michel Bergeron pour la reconnaissance du français, et de toutes les langues maternelles, dans la communication de la science. Au moment où le combat semblait à peu près perdu au profit de la seule langue anglaise, la détermination de Michel Bergeron et de ses collègues de France et du Québec s’est concrétisée avec le lancement et le rayonnement de la prestigieuse revue scientifique
Médecine/Sciences.
Fruit de la collaboration franco-québécoise,
Médecine/Sciences est aujourd’hui la première revue multidisciplinaire biomédicale de la francophonie. À raison de 10 numéros par année,
Médecine/sciences a publié depuis sa première parution, en mars 1985, et jusqu’à la fin de l’an 2000 au-delà de 18 000 pages ainsi que des lexiques didactiques, des suppléments et des numéros spéciaux. Au Canada, le bimestriel à l’intention des omnipraticiens,
Les Sélections de Médecine/sciences, est pour eux un instrument unique et primordial pour le maintien et l’élargissement de leurs compétences.
«Un individu, une société qui refusent de s’approprier la science — le langage est la première forme d’appropriation — se condamnent à s’appauvrir», écrit Michel Bergeron. C’est pour cette raison qu’il juge impératif pour tout chercheur et toute société de ne pas céder au monopole d’une seule langue dans la communication de la science. D’autant plus que les chercheurs doivent se sentir redevables à leurs concitoyens qui financent les recherches.
Médecin spécialiste en néphrologie, Michel Bergeron connaît depuis plus de 30 ans une remarquable carrière de professeur et de chercheur au Département de physiologie. Il a fait d’importantes découvertes scientifiques et a publié quelque 80 articles dans les revues et ouvrages savants. Ses travaux lui ont valu d’être sollicité pour rédiger des chapitres de traités américains de néphrologie et de maladies génétiques. Michel Bergeron a été invité comme conférencier dans divers pays des Amériques, d’Asie, d’Afrique et d’Europe. En 1999, la Société canadienne de physiologie lui décernait le prix Michel-Sarrazin pour l’ensemble de son œuvre scientifique. La carrière de Michel Bergeron ainsi que son engagement pour le rayonnement du français dans la communication de la science prouvent que faire de la science en français n’équivaut nullement à faire de la science à rabais.
Carol Couture
Le prix Gérard-Morisset reconnaît l’apport de Carol Couture, professeur titulaire et directeur de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, dans le renouveau de la profession d’archiviste au Québec et dans la création d’une véritable discipline archivistique. Ce prix est la plus haute récompense accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine du patrimoine L’engagement et le travail inlassable de M. Couture au cours des trois dernières décennies ont favorisé l’affranchissement et la transformation de l’archivistique québécoise. Au point où, dans ce secteur comme dans d’autres, on peut dorénavant parler à juste titre d’un véritable modèle québécois.
Carol Couture a été l’un des principaux artisans du passage, chez nous, d’une archivistique de crise, de survie, à une archivistique intégrée qui fait la synthèse du
records management américain et de l’archivistique européenne axée davantage sur la gestion des archives historiques ou définitives. Dans cette perspective, l’archiviste devient un rouage essentiel de l’administration d’un établissement. Il intervient dès la création des documents, il en évalue dès lors la valeur patrimoniale et se charge de les gérer et de les protéger durant leur vie administrative.
Cette pensée novatrice, qui a été élaborée dans un ouvrage cosigné avec Jean-Yves Rousseau en 1982,
Les archives au XXe siècle: une réponse aux besoins de l’administration et de la recherche, a été sanctionnée par la loi québécoise sur les archives de 1983. La définition des archives et de l’archivistique qu’elle propose est celle de l’archivistique intégrée. Une nouvelle profession et une nouvelle discipline s’y trouvent donc reconnues. Dans la foulée, l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information met sur pied un certificat de premier cycle en archivistique et une option à la maîtrise, imitée en cela par d’autres universités. Des professeurs sont embauchés et des programmes de recherche sont conçus selon des problématiques propres à l’archivistique. C’est dans ce contexte que Jean-Yves Rousseau et Carol Couture publient, en 1994,
Les fondements de la discipline archivistique. Ils créent par la même occasion la collection Gestion de l’information aux Presses de l’Université du Québec. En 1999, Carol Couture lance
Les fonctions de l’archivistique contemporaine, qui obtient le prix Jacques-Ducharme 2001 de l’Association des archivistes du Québec.
En plus d’enseigner et de faire de la recherche, Carol Couture est appelé en consultation auprès d’organismes nationaux et internationaux comme le Comité international de la Croix-Rouge et l’UNESCO. Il sera le premier à occuper le poste de président de la Section pour l’enseignement de l’archivistique et la formation des archivistes du Conseil international des archives. Jamais il n’hésite à aller faire part à l’étranger de l’expérience archivistique québécoise.
L’année 2001 est pour Carol Couture celle d’une double reconnaissance. Il devient le deuxième archiviste en Amérique du Nord à occuper le poste de directeur d’une école de bibliothéconomie et des sciences de l’information. Et le prix Gérard- Morisset souligne à travers lui que les archives sont maintenant une composante fondamentale et reconnue du patrimoine québécois.
Pavel Hamet
Le prix Wilder-Penfield a été attribué au Dr Pavel Hamet pour sa contribution à l’avancement de la génétique et de la médecine préventive. Le Dr Hamet s’est particulièrement illustré par ses travaux de recherche sur l’hypertension.
Il a commencé ses études de médecine à l’Université Charles, à Prague. En 1967, il quitte la Tchécoslovaquie et s’installe à Montréal, où le Dr Jacques Genest lui offre une bourse à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). En 1972, il obtient son doctorat à l’Université McGill tout en terminant sa spécialité en endocrinologie à l’Université de Montréal.
Depuis, il s’intéresse à ce fléau que constitue l’hypertension. En 1975, le chercheur établit son propre laboratoire sur les mécanismes de l’hypertension à l’IRCM. Après avoir étudié les processus biologiques responsables de la maladie pendant plusieurs années, le Dr Hamet oriente ses travaux vers la thérapie génique et la médecine préventive tout en continuant à suivre ses patients. Son approche multidisciplinaire, qui fait appel autant à la biologie moléculaire qu’à l’épidémiologie ou à la génomique, et l’envergure de sa production scientifique lui valent une réputation internationale exceptionnelle.
De 1990 à 1997, Pavel Hamet assume la direction scientifique de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Puis on le nomme directeur de la recherche au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, où il parvient à réunir des chercheurs venant de trois centres autour d’une mission commune.
Grâce à la génétique, explique le Dr Hamet, on peut espérer rapidement individualiser la médecine préventive en offrant aux personnes possédant des gènes de prédisposition à certaines maladies des traitements préventifs qui correspondent exactement à leur profil. Depuis 1998, il participe activement, en tant que chercheur titulaire, aux travaux de l’Institut interuniversitaire de recherche sur les populations et du Centre de médecine génique communautaire, basé à Chicoutimi.
Pavel Hamet parle couramment quatre langues, compte plus de 350 publications et environ 550 communications scientifiques à son actif. Membre d’une trentaine de sociétés savantes canadiennes et étrangères, il siège aux conseils d’administration de plusieurs organismes, de Pharmavision Québec à l’hôpital Sainte-Justine. En outre, il participe aux conseils de rédaction d’une vingtaine de revues savantes, agit à titre de conseiller scientifique auprès de différentes compagnies de biotechnologie, est titulaire de sept brevets et est président de la Société québécoise d’hypertension artérielle.
En 1990, le Dr Hamet a reçu le prix Harry-Goldblatt de l’American Heart Association, puis en 1994 la médaille d’or de l’Académie des sciences de la République tchèque. La même année, il était nommé professeur honoraire de la Shanghai II Medical University, en Chine. Deux ans plus tard, c’est au tour de l’Académie des hommes de sciences de la Roumanie de l’honorer.
Jacques Bouchard, titulaire de la chaire Papachristidis en études néo-helléniques
Le directeur du Programme d’études néo-helléniques et professeur au Département de littératures et de langues modernes, Jacques Bouchard, occupera la chaire Phrixos B. Papachristidis, consacrée aux études néo-helléniques à l’Université McGill. Cette nouvelle chaire, créée grâce à une fondation de la famille Papachristidis, sera gérée conjointement par l’Université McGill et l’Université de Montréal en vertu d’une entente entre l’ancienne doyenne de la Faculté des arts et des sciences, Mireille Mathieu, et le doyen de la Faculté des arts Carman Miller. La chaire, dotée d’un capital de 1, 5 M$, a reçu le soutien des gouvernements du Canada et de la Grèce. «Il s’agit d’un mariage de raison entre les deux universités montréalaises», a expliqué M. Bouchard, qui partagera son temps entre les deux établissements.
Depuis une trentaine d’années, M. Bouchard assure les cours de langue et de littérature grecques modernes à l’Université de Montréal. Auteur de nombreux articles et communications scientifiques sur l’époque des lumières en Grèce et sur la poésie grecque moderne, il a aussi fait paraître plusieurs traductions de romans et de recueils de poèmes chez Gallimard, L’Harmattan, Actes Sud, Fata Morgana et au Seuil. Il est le premier Canadien à avoir obtenu un doctorat en littérature néo-hellénique de l’Université de Thessalonique en 1970.
Quand il était étudiant, Jacques Bouchard a connu personnellement Phrixos B. Papachristidis. Le philanthrope a même financé les deux premières années de salaire de l’helléniste à l’Université de Montréal, lors de son engagement en 1973. Sa générosité ne s’est pas arrêtée là, puisqu’il a prié M. Bouchard de dresser une liste des volumes susceptibles de constituer la base d’un centre de documentation sur la Grèce moderne. Le jeune professeur a pu ainsi établir un fonds de quelques milliers de volumes. «On peut dire que M. Papachristidis est à l’origine de l’enseignement universitaire de la langue et de la culture grecques modernes à Montréal, car il a procédé de la même façon avec l’Université McGill», relate Jacques Bouchard.
Le grec moderne n’a jamais cessé d’être enseigné à l’Université de Montréal malgré les vagues de compressions qui menaçaient les programmes d’études peu fréquentés. Alors qu’il était doyen de la Faculté des arts et des sciences, le recteur actuel, Robert Lacroix, avait assuré M. Bouchard de son appui.
Jacques Bouchard est le premier directeur du Centre interuniversitaire d’études néo-helléniques de Montréal, inauguré le 15 mars 2001, qui résulte de la collaboration des universités de Montréal, Concordia et McGill. Le nouveau programme d’études néo-helléniques, en cours d’approbation par les différentes instances universitaires, sera offert en trois langues: français, anglais et grec.
M.-R.S.
Le Centre de biomédecine de Sacré-Cœur enfin inauguré
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Dans le tout nouveau Centre de biomédecine de l'Hôpital du Sacré-Coeur, le ministre Rémy Trudel (à droite) a suivi un cours accéléré de génétique des maladies rénales avec le Dr Daniel Bichet (à gauche), sous l'oeil attentif de Marielle Gascon-Barré. |
«C’est un jour important. C’est un peu pour cette occasion que je suis revenu des États-Unis», lance le Dr Jean Diodati, professeur adjoint de clinique au Département de médecine. Pendant plusieurs années, ce jeune cardiologue a travaillé dans un centre du National Institute of Health à Bethesda. Quand il a accepté un poste à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, on lui a laissé entendre que de nouveaux laboratoires de recherche seraient mis à la disposition de chercheurs comme lui. «Il a fallu un peu plus de temps que prévu, mais on l’a enfin, notre centre», dit-il avec émotion.
Le ministre d’État à la Santé et aux Services sociaux, Rémy Trudel, de même que deux députés des circonscriptions environnantes, Thomas Mulclair et Jacques Dupuis, étaient présents à la cérémonie d’inauguration le 19 novembre. Dans son allocution, le ministre Trudel a rappelé que le succès était «toujours le fruit du dernier effort; c’est pourquoi nous sommes condamnés à toujours essayer». Il a aussi énoncé une maxime pleine de vertu: «Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.»
Dans la salle où étaient réunies une centaine de personnes, plusieurs ont pouffé de rire. En effet, il a en fallu de la patience pour ne pas se décourager entre l’annonce de la construction d’un pavillon entièrement dévolu à la recherche, en 1988, et son inauguration 13 ans plus tard. «C’est la ministre Thérèse Lavoie-Roux qui, la première, a affirmé que le gouvernement du Québec participerait au financement de notre centre, a rappelé sœur Claire Houde, présidente du conseil d’administration de l’Hôpital du Sacré-Cœur. Malheureusement, les compressions budgétaires dans le domaine de la santé et la poursuite du déficit zéro ont retardé cette participation.»
Cette période d’incertitude a toutefois permis aux défenseurs du projet de le bonifier. Ainsi a été ajouté un quatrième étage aux plans initiaux. Cet espace supplémentaire sera éventuellement consacré à la recherche en traumatologie.
4,8 M$ de la fondation
C’est à la fondation de l’Hôpital qu’une quarantaine de chercheurs relogés doivent la construction de ce centre de biomédecine, dans l’aile K de l’établissement qui célèbre cette année son 75e anniversaire. Cette fondation, sous la présidence de Pierre Sabourin, a amassé 4,8 M$ qu’elle a affectés à ce projet. Le gouvernement du Québec a versé 1,2 M$.
La campagne de financement a nécessité beaucoup d’énergie, a affirmé M. Sabourin, qui a témoigné sa reconnaissance tant aux donateurs qu’aux personnes qui ont participé à la campagne.
Présente à la cérémonie, la vice-rectrice adjointe à la recherche, Marielle Gascon-Barré, a souligné les points forts du centre de recherche, connu pour ses travaux sur les maladies cardiovasculaires, les maladies génétiques rénales, les maladies respiratoires, les maladies du sommeil et la neurobiologie psychiatrique. «L’Université de Montréal est très fière de ce centre de recherche», a-t-elle dit.
En plus des chercheurs qui y sont directement associés, le Centre participe à la formation d’une soixantaine d’étudiants à la maîtrise ou au doctorat et de stagiaires postdoctoraux. Chaque année, il accueille des chercheurs invités d’ailleurs au Canada, des États-Unis, d’Amérique latine, d’Europe, d’Asie et d’Australie.
Fortement multidisciplinaires, les travaux du centre de recherche s’effectuent en collaboration avec la Faculté de médecine (départements de biochimie, chirurgie, médecine, pharmacologie, physiologie, psychiatrie et Institut de génie biomédical), la Faculté de pharmacie, l’École Polytechnique et le Département de kinésiologie. Il travaille étroitement avec le Groupe de recherche sur le système nerveux autonome et le Centre de modélisation biomédicale.
Le directeur par intérim de la recherche à l’Hôpital du Sacré-Cœur, René Cardinal, a affirmé que les chercheurs ont comme partenaires des centres au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. «Un adage dit que la meilleure recherche produit la meilleure médecine. Je crois que c’est vrai», a-t-il affirmé.
M.-R.S.
Nouveau financement de la FCI: 1,7 M$ pour l’UdeM
La Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) a annoncé, le 15 novembre, un nouvel investissement de 17,6 M$ afin de procurer des installations de recherche d’envergure internationale à 92 professeurs-chercheurs de 33 universités canadiennes.
L’Université de Montréal reçoit 10 % de ce montant, c’est-à-dire 1,7 M$ pour sept projets de recherche. Elle est en outre l’établissement dont le plus grand nombre de demandes ont été acceptées.
L’investissement de 17,6 M$ provient de deux fonds. Du Fonds de relève, le conseil d’administration de la FCI a approuvé le prélèvement de 13,8 M$ pour financer 80 projets d’infrastructure dans 33 universités. Ce fonds a pour objectif de lancer la carrière de nouveaux et talentueux professeurs-chercheurs et d’aider les établissements à retenir les chercheurs en poste et à en attirer de nouveaux qui soient de haut niveau.
À partir du Fonds d’exploitation des infrastructures, la FCI a accordé 3,8 M$ aux universités qui ont obtenu du financement d’infrastructure du Fonds de relève. Ce nouveau fonds aidera les universités à assumer les frais d’exploitation et d’entretien des nouveaux projets d’infrastructure financés par la FCI.
La FCI est une société à but non lucratif établie en 1997 par le gouvernement du Canada pour répondre au besoin urgent de nouvelles infrastructures de recherche de pointe. Elle a été dotée d’un budget de 3,15 milliards de dollars qu’elle investit en partenariat avec des organismes de tous les paliers de gouvernement et des secteurs privé et bénévole.