Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 5 - numéro 1 - octobre 2005
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Génétique

Guy Rouleau cherche les gènes de l’autisme et de la schizophrénie

Sur les 25 000 gènes qui composent le génome humain, lesquels sont impliqués dans l’autisme et la schizophrénie ? C’est ce que cherchent à savoir Guy Rouleau et son équipe, qui viennent de recevoir 17,8 M$ pour ce projet majeur qui occupera, pendant quatre ans, une vingtaine de chercheurs en plus du personnel de leur laboratoire de l’Université de Montréal. À terme, de 5 à 10 gènes devraient être découverts pour chaque maladie.

Pour ce généticien de premier plan à qui l'on doit plusieurs découvertes majeures depuis 15 ans (gène de la neurofibromatose de type 2 ; premier et second gènes de la sclérose latérale amyotrophique ; une dizaine de gènes responsables de maladies héréditaires, dont plusieurs importantes au Québec), il ne s’agit pas d’un projet ordinaire. Oui, l’idée de partir à la recherche de prédispositions génétiques dans le cas de maladies du cerveau est audacieuse et la démarche jonchée d’obstacles. Mais c’est surtout dans la méthode de travail que son approche est inhabituelle. « Nous allons étudier tous les gènes liés au développement des synapses afin de mettre au jour ceux qui jouent un rôle dans ces maladies. C’est le contraire de la méthode courante, qui consiste à cibler un petit nombre de gènes potentiellement actifs », indique le chercheur avec enthousiasme.

Certaines conditions ont été réunies pour permettre d’envisager cette avenue. D’abord, le chercheur possède, grâce aux recherches du Britannique Seth Grant, la liste des 1024 gènes du génome humain liés au développement et au fonctionnement des synapses, ces connexions entre deux neurones qui permettent la transmission d’un signal nerveux. « Notre recherche va s’y concentrer parce que je suis convaincu que ces maladies passent par les défaillances des synapses », fait-il remarquer.

Le séquençage des gènes isolés chez les 288 sujets de recherche provenant de quatre continents (144 atteints d’autisme grave et autant de schizophrénie) permettra d’identifier les précieux gènes. Chaque gène pouvant contenir de 4000 à 10 000 paires de bases, ce sont plus de trois milliards de paires d’adénine, de cytosine, de guanine et de thymine qui défileront dans les ordinateurs du CHUM. Moins d’une centaine de gènes devraient franchir cette étape, à partir de laquelle on tentera des expériences sur des modèles animaux. Si tout va bien, Guy Rouleau mettra le doigt sur plusieurs mutations génétiques responsables de ces maladies, ce qui sera une première mondiale.

L’autisme et la schizophrénie ne sont pas des maladies génétiques au sens classique du terme, expliquele chercheur dans son bureau de l’hôpital Notre-Dame. On sait que l’environnement immédiat (famille, milieu physique et social, éducation) joue un rôle dans le développement de ces affections, mais on ne conteste plus, aujourd’hui, le rôle de l’hérédité. « La part génétique chez certains malades gravement atteints est indiscutable, mentionne le généticien. Mais il est certain que plusieurs gènes sont concernés. Quand on les aura découverts, les applications sociétales et commerciales pourraient être très intéressantes. »

Pour mettre au point une médication plus adaptée au profil de chaque patient, l’industrie pharmaceutique pourrait bénéficier des connaissances scientifiques acquises grâce aux recherches du Dr Rouleau. Mais c’est au chapitre de la recherche fondamentale que l’apport pourrait être le plus significatif. « Actuellement, les équipes ciblent un nombre limité de gènes avant de les tester. Nous voulons au contraire séquencer le plus grand nombre possible de gènes. Cette méthode d’investigation est très couteuse, c’est pourquoi elle est inhabituelle. Mais dans 10 ou 20 ans, vous verrez, elle sera largement utilisée », prédit-il.

 

 

Chercheur :

Guy Rouleau

Courriel :

guy.rouleau@umontreal.ca

Téléphone :

(514) 890-8000, poste 24699

Financement :

Génome Canada, Génome Québec



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