Volume 6 - numÉro 1 - Septembre 2006
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PérinatalitéLa musique contribue au développement du prématuréÀ l’heure actuelle, les seuls moyens utilisés pour atténuer la douleur aigüe chez les prématurés sont les sucettes, l’administration de sucrose et la méthode kangourou, qui consiste à placer le bébé sur la poitrine de la mère. Isabelle Tremblay, étudiante au doctorat au Département de psychologie de l’Université de Montréal, croit pour sa part que la musique et les berceuses pourraient réduire la douleur chez ces bébés. L’idée s’appuie sur des travaux qui ont déjà montré que la musicothérapie et les berceuses ont des répercussions bénéfiques sur le développement global du prématuré. On noterait entre autres une amélioration de la stabilité des cycles éveil-sommeil, un gain de poids et une réduction du stress et du nombre de jours d’hospitalisation. Musique et berceuses favoriseraient en outre la consommation d’oxygène et la régulation du rythme cardiaque. « Chez les adultes, il est reconnu que la musique soulage la douleur liée à des chirurgies de toutes sortes, à l’accouchement et aux cancers », fait remarquer l’étudiante. Cet effet particulier n’a toutefois jamais été évalué chez le prématuré et Isabelle Tremblay vient d’entreprendre la première étude nord-américaine sur le sujet. Selon son hypothèse, les bébés à qui l’on fait entendre une berceuse pendant une vingtaine de minutes, avant, pendant et après un prélèvement sanguin, devraient ressentir moins de douleur, présenter une meilleure stabilité physiologique et récupérer plus rapidement que ceux d'un groupe témoin. La récupération peut être mesurée par un retour plus rapide aux rythmes cardiaque et respiratoire normaux. Les interventions sont également filmées, ce qui permettra aux chercheurs d’étudier les signes faciaux exprimant la douleur. On a cru longtemps que les nouveau-nés prématurés ne ressentaient pas de douleur parce que le développement de leur système nerveux n’était pas achevé. « Au contraire, les prématurés sont très sensibles à la douleur », affirme Isabelle Tremblay. Des chercheurs américains, qui ont observé 54 bébés nés entre 23 et 42 semaines de grossesse, ont dénombré un total de 3000 actes médicaux douloureux dans la première semaine de la vie de ces nourrissons : prélèvements sanguins, introduction de cathéters intraveineux, succions endotrachéales pour ne nommer que les plus fréquents. Plus les bébés étaient prématurés, plus le nombre d’interventions douloureuses était élevé. « La douleur est un problème majeur en néonatologie », ajoute Isabelle Tremblay. « Les simples changements de couches et la stimulation lumineuse excessive peuvent devenir des facteurs de stress. L’organisme soumis à des stimulus stressants ou douloureux consomme beaucoup d’énergie qu’il consacre à la récupération ; par conséquent, le prématuré qui doit faire face à ces situations a moins d’énergie pour grandir et se développer. » La collecte de données pour la recherche de Mme Tremblay est déjà en cours, mais elle n’est pas assez avancée actuellement pour indiquer une tendance, seulement 15 nouveau-nés ayant participé au protocole alors que la chercheuse souhaite atteindre le nombre de 75 bébés. Pourquoi recourir à des berceuses plutôt qu’à de simples mélodies ? « Dans toutes les cultures, les mères chantent des berceuses à leur bébé et ces chansons ont un effet calmant, souligne l’étudiante. Les recherches ont démontré que les nourrissons préfèrent les berceuses aux chansons plus ludiques. Les berceuses facilitent l’endormissement grâce à leur tempo lent, leur structure répétitive, leur intensité descendante et leur caractère affectif. » Cette recherche est codirigée par Michael Sullivan, professeur au Département de psychologie de l’UdeM, et Celeste Johnston, de l’Université McGill.
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