Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 1 - Septembre 2006
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Santé publique

Attention au biberon du soir !

La mère qui donne un biberon de lait à son enfant pour l’aider à s’endormir favorise la carie de la petite enfance. « Les parents savent que les aliments sucrés provoquent des caries, mais ils sont moins conscients que le lait contient lui aussi un sucre, le lactose. S’il est donné quotidiennement au moment du coucher, le biberon de lait augmente le risque d’apparition de la carie dentaire », explique Chantal Galarneau, qui vient de déposer à l’Université de Montréal une thèse de doctorat sur les « habitudes d’apaisement cariogènes des mères ».

L’utilisation du biberon de lait au moment du coucher serait-elle une pratique répandue ? Oui, d’après l’étude que la chercheuse a réalisée en santé publique à la Faculté de médecine. Sur une population de 776 mères originaires de la Montérégie, 29 % ont recours au biberon de lait tous les jours pour aider l’enfant à s’endormir. Une habitude d’apaisement qui pourrait laisser ses traces sur les dents des bébés.

Pendant la nuit, le ralentissement de la salivation réduit l’effet nettoyant de la salive dans la bouche. Les micro-organismes ne sont pas délogés et ont donc le temps d’agir pour causer la carie dentaire. Surtout si les dents n’ont pas été brossées avant le coucher.
La carie qui touche les enfants d’âge préscolaire est connue sous le nom de carie de la petite enfance. « On considère la carie de la petite enfance comme une maladie infectieuse. La principale bactérie responsable, Streptococcus mutans, ne se trouve pas dans la bouche du bébé à la naissance. Elle lui est transmise souvent par la salive d’un adulte ou d’un autre enfant », souligne la chercheuse.

Le trio bactérie-sucre-dent est nuisible à la santé dentaire de l’enfant. Plus on retarde la transmission bactérienne en essayant de ne pas partager les aliments, les ustensiles ou les brosses à dents, meilleure sera la santé dentaire du tout-petit. « C’est sûr que la bactérie se retrouvera un jour ou l’autre dans la bouche de l’enfant, mais le plus tard sera le mieux », reconnait Chantal Galarneau. Elle ajoute que le biberon donné de façon occasionnelle comporte moins de risques que le geste quotidien.

Ce n’est pas toujours facile pour les parents de subir les pleurs d’un enfant qui ne veut pas aller au lit. Lorsque la berceuse ou l’histoire ne suffisent pas, les parents lui présentent un biberon, voire une boisson sucrée ou des friandises. Chantal Galarneau s’est demandé pourquoi les parents adoptent de telles pratiques cariogènes. Selon elle, le coucher est une période de la journée où les pères et les mères sont plus fatigués et plus enclins à appliquer des solutions de dernier recours. De plus, son étude tend à démontrer que la pauvreté influe sur les comportements cariogènes des parents. Plus de 59 % des mères de milieux défavorisés utiliseraient des moyens cariogènes pour endormir leur enfant, comparativement à 38 % en milieux plus aisés. « Si l’on veut des changements d’attitude, il ne faut pas se limiter à l’éducation et à la sensibilisation. On doit atteindre les gens de milieux pauvres et travailler sur tous les aspects de leur vie », mentionne Chantal Galarneau. En donnant des collations santé (des fruits par exemple) et en consultant régulièrement le dentiste, les parents assurent une bonne santé dentaire à leur enfant.

 

Chercheuse :

Chantal Galarneau

Courriel :

c.galarneau@rrsss16.gouv.qc.ca

Téléphone :

450 928-6777, poste 3002

Financement :

Réseau de recherche en santé buccodentaire du Québec, Direction de la santé publique de la Montérégie, Fonds de la recherche en santé du Québec



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