L'expérience torontoise

Patrick Abtan aime les accommodements raisonnables. «Pourquoi accommoder? Parce que c’est gentil. Quelqu’un qui est content apprendra mieux», répond tout simplement celui qui a fait partie du Religious Accommodation Project Team pour le Toronto District School Board.

En 2000, le groupe a terminé la rédaction d’un ambitieux guide visant à encadrer les pratiques d’accommodements raisonnables. «Il y a 20 ans, l’Ontario vivait la même situation que le Québec aujourd’hui, raconte-t-il. Pour mieux gérer la diversité religieuse, nous avons constitué un comité où tous les acteurs de tous les domaines étaient représentés. Nous voulions élaborer une politique claire et consensuelle avec des règles qui allieraient les droits de l’individu à ceux de la collectivité. Et ça a fonctionné!»

Pendant plusieurs semaines, ils ont consulté les autorités religieuses modérées de toutes les confessions présentes sur le territoire, des bouddhistes aux témoins de Jéhovah, en passant par les adventistes du septième jour et les musulmans. «Si c’était possible, nous invitions ces groupes pour nous aider à comprendre les commandements de leur religion et leurs exigences particulières», explique M. Abtan.

Grâce au guide de 74 pages, les directions d’école savent désormais qu’elles peuvent autoriser le kirpan s’il est emmailloté et si l’élève peut produire une preuve de son baptême, conditionnel au port de la dague selon la religion sikhe. Elles sont aussi averties qu’un rastafari ne peut fumer de la marijuana, malgré les préceptes de sa religion, car cela est illégal.

«Le guide est-il parfait? s’interroge Patrick Abtan. Non. Est-il efficace et juste? D’après moi, oui. Donne-t-il des directives claires? Oui. Surtout, il envoie le signal à la communauté que nous avons des règles pour tout le monde et que ces règles peuvent être discutées. L’accommodement religieux n’est pas une atteinte à nos droits. C’est une manière facile d’aider nos voisins et de les accueillir chez nous parce que l’accommodement religieux n’est pas un moyen de ramener la ségrégation.»

M.L.-C.

• Il n’y a pas de recette pour gérer les accommodements à l’école