En octobre dernier, des mesures en vue de diminuer le nombre
d’accidents avec blessés sur les routes
du Québec sont entrées en vigueur. Les
récidivistes du volant et les jeunes conducteurs étaient
particulièrement visés par les modifications
au Code de la sécurité routière.
Pour Urs Maag, du Centre de recherche sur les transports
de l’Université de Montréal, ces
nouvelles dispositions se justifient par l’analyse
des données de la Société de l’assurance
automobile du Québec (SAAQ), ce qu’il fait
depuis plusieurs années dans les travaux qu’il
mène au Laboratoire sur la sécurité des
transports. « Nous savons depuis longtemps que
les nouveaux conducteurs sont plus souvent impliqués
dans des accidents avec dommages corporels que la population
en général, explique-t-il. Mais l’une
de nos études a montré que, parmi ce sous-groupe,
les conducteurs dont le permis a été suspendu
pour trois mois ou plus sont impliqués dans deux
fois plus d’accidents de ce type que les autres
titulaires de permis de conduire. »
C’est à la suite de l’étude des
dossiers de 3550 hommes et 1295 femmes de 16 à 25
ans, sur une période de trois ans, que M. Maag est
parvenu à ces conclusions. Le professeur du Département
de mathématiques et de statistique a aussi analysé leurs
résultats aux examens de conduite et constaté qu’on
peut prévoir dès ce moment quel conducteur
sera « à risque ». « Les nouveaux
conducteurs qui ont besoin de plus d'un essai pour réussir
les trois parties de l'examen sur les connaissances théoriques
risquent plus d'être impliqués dans un accident
que ceux qui réussissent au premier essai »,
explique-t-il. Actuellement, selon les données de
la SAAQ, le nombre de conducteurs qui écopent d'une
suspension de permis pour 3, 6 ou 12 mois est d’environ
4500 par année. La surreprésentation des
conducteurs de 16 à 24 ans dans les accidents de
la route est un phénomène social reconnu
partout sur la planète, et le Québec n’y échappe
pas. Ainsi, même si les jeunes conducteurs québécois
comptent pour seulement 11 % des titulaires de permis de
conduire et que leur kilométrage annuel moyen est
inférieur à celui des autres groupes de conducteurs,
ils représentent 23 % des conducteurs impliqués
dans des accidents avec dommages corporels.
M. Maag ne s’oppose pas au resserrement de la réglementation,
au contraire. « Il n’y a pas si longtemps,
une personne dont on suspendait le permis pouvait prendre
son auto dans le stationnement du palais de justice pour
rentrer chez elle. On ne voit plus ce genre de situation
aujourd’hui, car le véhicule est saisi sur-le-champ. » Actuellement,
M. Maag travaille à d’autres projets au Laboratoire
sur la sécurité des transports avec la collaboration
de la Dre Claire Laberge-Nadeau (directrice). Georges Dionne,
professeur à HEC Montréal, et les professionnels
Denise Desjardins et Stéphane Messier ont aussi
participé à la recherche sur les nouveaux
conducteurs.
Chercheur : Urs Maag
Téléphone : (514) 343-6240
Courriel : maag@dms.umontreal.ca
Financement : Société de l’assurance
automobile du Québec, ministère des Transports
(Québec), Fonds de l’aide aux chercheurs