Quelques mois avant de déployer ses troupes en
Irak, le gouvernement américain a fait appel à une
armée de traducteurs pour savoir si le rapport de
12 000 pages fourni par Saddam Hussein était conforme
aux exigences des experts en désarmement de l'ONU.
Sans l’aide des logiciels de traduction assistée,
ce travail occuperait encore plusieurs professionnels. « La
conjoncture mondiale actuelle et l’essor du Web font
en sorte qu'il y a présentement un engouement sans
précédent pour la traduction automatique » ,
explique Simona Gandrabur, chercheuse au Laboratoire de
recherche appliquée en linguistique informatique
(RALI) de l'Université de Montréal.
Les aides à la traduction dont on peut aujourd’hui
bénéficier font penser aux logiciels orthographiques
ou grammaticaux intégrés dans les ordinateurs
personnels. De la même manière qu’ils
nous indiquent par un soulignement une erreur de frappe
ou une faute d’orthographe, ou proposent une graphie
plus juste, ces aides automatisées font apparaître
en temps réel, à l'écran de l'utilisateur,
des suites de un, deux, quatre ou cinq mots susceptibles
de constituer la meilleure traduction… L'utilisateur
est libre d'accepter ces propositions telles quelles, de
les modifier ou simplement de les ignorer.
Ces suites de mots qui semblent les plus appropriées
viennent des textes que les logiciels ont en mémoire.
Toutefois, le pourcentage de bonnes suggestions obtenues
par le truchement des programmes est encore faible. Les
travaux du RA LI visent à relever la qualité de
ces suggestions. L’informaticienne, en collaboration
avec son collègue George Foster, du Laboratoire
de recherche, sont récemment parvenus à améliorer
les performances des logiciels.
Les failles de la traduction automatique sont cependant
loin d’avoir été gommées. « Nous
faisons des progrès. Mais nous sommes encore très
loin du moment où des livres entiers pourront être
traduits automatiquement en autant de langues qu'on veut
; ça, c'est presque une utopie », dit en riant
Simona Gandrabur.
Sélectionnés à la suite d'un vaste
concours international, Simona Gandrabur et George Foster
seront, du 30 juin au 22 août prochains, au Center
for Language and Speech Processing, de l'Université Johns-Hopkins, à Baltimore,
afin d'animer un groupe de travail lié aux « aides-traducteurs »,
ces logiciels interactifs conçus pour seconder les
professionnels de la traduction.
Chercheuse : Simona Gandrabur
Téléphone : (514) 343-7484
Courriel : gandrabu@iro.umontreal.ca