Les accords métalliques qui s’échappent
du jeu vidéo où vos enfants sont rivés
vous stressent ? Pas étonnant ! Odrée Dionne-Fournelle,
qui termine son baccalauréat en orthophonie à l’Université de
Montréal, vient de démontrer que la musique
des jeux vidéo entraîne une réaction
physiologique mesurable sur l’organisme : l’augmentation
du taux de cortisol, une hormone liée au stress.
Cet effet pourrait nuire à la santé : les
personnes qui ont un taux de cortisol naturellement élevé présentent
en effet des risques de maladies cardiovasculaires, d’hypertension,
de diabète ou de stress chronique.
Une étude américaine avait déjà suggéré que
les effets des jeux vidéo sur l’organisme étaient
semblables à ceux observés en situation de
stress, soit une augmentation de la pression artérielle
et des rythmes cardiaque et respiratoire. Mais c’est
la première fois qu’on décortique le
jeu pour trouver la source particulière du problème. « Un
jour, une de mes professeures m’a fait remarquer
qu’elle se sentait stressée quand son fils
jouait à l’ordinateur. C’est de là que
m’est venue l’idée de m’intéresser à l’aspect
sonore du jeu », explique Odrée Dionne-Fournelle.
Cinquante-deux hommes, âgés de 19 à 30
ans, se sont prêtés au jeu de l’expérimentation.
Pour les besoins de la cause, ils se sont livrés à une
séance intensive de QUAKE III, un jeu de poursuite
bien connu des amateurs qui consiste, en gros, à tuer
des robots. Un groupe a joué avec musique, l’autre
sans. Les mesures de cortisol salivaire ont confirmé l’hypothèse
de Mme Dionne-Fournelle : une quinzaine de minutes après
la fin du test, le groupe de joueurs « silencieux » sécrétaient
moins de cortisol que les autres. « Le groupe sans
musique a obtenu des performances équivalentes à celles
de l’autre groupe, mais plusieurs joueurs nous ont
confié avoir trouvé bizarre le fait de jouer
en silence. Même si le stress procuré par
la musique est associé à une excitation positive
recherchée par le joueur, le corps, lui, ne fait
aucune différence avec un bruit néfaste qui
engendre un stress négatif », note la chercheuse.
Des résultats convaincants, mais encore insuffisants
pour clouer une fois pour toutes au pilori Super Mario
et ses compères. « Afin de ne pas introduire
de biais dans l’étude, nous n’avons
testé que des personnes qui jouaient pour la première
fois : on ignore donc comment réagissent les joueurs
coutumiers. De deux choses l’une : ou ils ne répondent
plus au stress causé par la musique en raison d’un
effet d’habituation, ou leur niveau de cortisol est
constamment plus élevé. »
Chercheuse : Odrée Dionne-Fournelle
Direction : Sylvie Hébert, sylvie.hebert@umontreal.ca
Téléphone : (514) 340-3540
Courriel : odree.dionne-fournelle@umontreal.ca